Les Vêpres Marseillaises

Ce nom fait référence aux "Vêpres Siciliennes” quand en 1282, les Français installés en Sicile sont massacrés et chassés de l’île.

Sur le port de Marseille - Photo André Abbe

En 1860, l’Italie est un royaume naissant manquant de cohésion. Son unité prend forme sous l’impulsion de Victor Emmanuel II alors à la tête du Royaume Piémont-Sardaigne et de Giuseppe Garibaldi, l’homme politique et patriote italien né à Nice en 1807.
En 1866, la situation économique de la péninsule est compliquée. Les crises financières se succèdent, les Italiens émigrent alors vers cette France dont la puissance et le dynamisme incarne pour eux l’espoir d’une vie meilleure

C’est ainsi qu’en 1881 Marseille compte plus de 60 000 travailleurs italiens pour une population de 400 000 habitants ; malheureusement comme c’est souvent le cas face à l’immigration, les Italiens ont la réputation d’accepter sans rechigner les travaux les plus durs en faisant baisser les salaires ; de plus l’instabilité du pays en devenir connaît une forte mouvance anarchiste et on craint qu’ils ne se réfugient en France.

Le déclenchement

On est alors en pleine conquête des pays du Maghreb depuis que la France a colonisé l’Algérie en 1830 et la concurrence coloniale fait rage entre les puissances européennes, l’Italie désirant y participer. La Tunisie fait l’objet d’une concurrence entre l’impérialisme italien et français.

Le traité du Bardo du 12 mai 1881 fait passer la Tunisie sous la tutelle de la France alors que l’Italie a des vues sur ce pays et que le Bey de Tunis refuse l’autorisation à Garibaldi de débarquer sur le sol tunisien. Le 17 juin 1881, les troupes françaises, de retour d’Afrique, sont acclamées par les Marseillais, des coups de sifflet que la foule attribue aux Italiens se font entendre. Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres dans un climat d’exacerbation nationaliste, durant trois jours une véritable « chasse aux Italiens » est organisée et se traduit par trois morts et vingt-et-un blessés.

Certains commentateurs politiques, dont le plus représentatif est l’économiste libéral Paul Leroy-Beaulieu encouragent ouvertement la xénophobie envers les Italiens.
Cependant, les relations entre les communautés de travailleurs étaient bonnes dans l’ensemble, les syndicats ouvriers appellent à la solidarité entre travailleurs français et italiens et la raison finit par l’emporter.

Claude Boyer

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