La Reine des fleurs

L’histoire des femmes, celle du parfum et celle du Haut Var sont inextricablement liées dans le roman biographique d’Alain de Savigny

La Reine des fleurs.

« La reine des fleurs » était le surnom donné à son aïeule Charlotte-Jeanne-Marie de Villers-la-Faye, Vicomtesse de Savigny
de Moncorps, Marquise de Rostaing (1848-1932).

Des femmes preparent les branches chez Europe Mimosa à Mandelieu en 1982 - Photo André Abbe
Des femmes preparent les branches chez Europe Mimosa à Mandelieu en 1982 - Photo André Abbe

Une origine bourguignonne

Elle devint veuve très jeune, et elle épousa en secondes noces le Marquis de Rostaing, propriétaire du domaine du Neïsson à Seillans, village qui était en proie à de sérieuses difficultés économiques. C’est sur ces terres, au début des années 1880, que Jeanne de Rostaing décida de redonner vie à la commune en créant une entreprise de culture de fleurs dont la production irait directement aux parfumeries grassoises. Elle ne tarda pas à l’agrandir afin de pouvoir transformer les essences en parfums (sans oublier crèmes de beauté, poudres parfumées, etc.).

Le troisième époux de Jeanne, le Vicomte de Savigny de Moncorps, contribua à l’expansion des « Parfumeries de Seillans » en mettant à leur disposition des terres qu’il avait lui-même acquises près du Neïsson. Grâce à la vision et la compétence de sa fondatrice et de ses fidèles collaborateurs, l’entreprise connut pendant des décennies un succès commercial international. Appréciés du public en France et ailleurs dans le monde, ils reçurent aussi de nombreuses médailles lors d’expositions nationales et internationales.

On ne s’étonnera pas de que la Première Guerre Mondiale ait réduit l’activité de la parfumerie (qui développa d’ailleurs quelques produits pour soulager des blessures de guerre). Un de ses bâtiments fut, au début de la guerre, transformé en hôpital de campagne aux frais de la propriétaire, qui ne reçut jamais les compensations financières initialement promises par le gouvernement français.

A l’issue du conflit, Jeanne avançait en âge et avait besoin d’argent non seulement pour vivre mais aussi pour poursuivre ses activités caritatives. Elle décida donc de vendre sa parfumerie et continua à habiter au Neïsson, qu’elle se résolut à mettre en viager. Après la mort inopinée, à la fin des années 20, de son acquéreur, l’entreprise fut reprise par la famille Chauvet (qui traitait la lavande dans le département qui s’appelait encore les Basses Alpes) en association avec une entreprise new-yorkaise, la Fritzsche Brothers Inc. Alain de Savigny conclut son livre avec le constat du déclin de l’entreprise dès les années 30, puis pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Elle reprit son activité commerciale pendant les soixante années qui suivirent ce conflit, mais sans le dynamisme de ses premières décennies, et elle finit par disparaître. Le roman évoque également le petit monde de privilégiés qui, dès les années 1860, avaient élu domicile sur la côte méditerranéenne. Ce fut le cas, par exemple, d’Alphonse Karr avec lequel
Jeanne et ses époux entretinrent longtemps des liens de voisinage et d’amitié. En effet, comme lui, elle possédait une maison à Saint-Raphaël, l’Oustalet dou Capelan, dans l’actuel quartier Santa Lucia. Le titre de gloire de l’Oustalet est que Gounod y composa, au printemps 1866, son opéra Roméo et Juliette.

Cette biographie romancée de Jeanne de Villers-la-Faye, Vicomtesse de Savigny de Moncorps, Marquise de Rostaing a des intérêts multiples mais l’accent mis sur son énergie, son ambition et son talent professionnels au cours d’une période où la fonction de chef d’entreprise était presque exclusivement dans des mains masculines mérite notre attention.

Photo : André Abbe

Quelques autres sources

Quelques autres sources sur Jeanne de Savigny et son entreprise :
Un article paru dans Var Mag’ – Le magazine du Conseil Général – N° 134 – Août 2008, pp. 6-7.

https://fr.1001mags.com/parution/-83-var-mag-/numero-134-aout-2008/page-6-7-texte-integral

Les informations sur le décès de son second mari ne correspondant pas à ce qu’Alain de Savigny
écrit dans son livre.
Un bref documentaire, avec un diaporama, réalisé par Dany et Claude Poirier sur une exposition
sur Jeanne de Savigny organisée à Seillans, intitulée « Conférence parfumerie de Seillans »

https://www.youtube.com/watch?v=Wxt24ByzjJA


Il est intéressant de noter que l’article sur Seillans dans Wikipedia a une rubrique intitulée « Personnalités liées à la commune » où ne figure pas le nom de Jeanne de Savigny. Il est possible d’apporter des modifications, mais il est préférable d’être inscrit sur Wikipedia, ce que je ne suis pas

Nadine Bérenguier, Février 2023

Related Articles

Responses