Frédéric Mistral
Frédéric Mistral
Mistral... comme le nom du vent “le plus fol et le plus magistral de la bande à Éole” *… l’un des personnages les plus célèbres de toute l’Occitanie … et le poète chéri de Passadoc !
Il naît à Maillane – un petit village des Bouches-du-Rhône dont il sera conseiller municipal et qui compte aujourd’hui quelque 2 700 habitants – dans une famille de paysans qu’on dit aisés ; un village qu’il ne quittera guère… Il y vit, il y travaille, il y reçoit ses amis, il y meurt en 1814 ; il a 84 ans.
* G. Brassens
Mai éu restavo dins Maiano,
E lis ancian dóu terradou
L’an vist treva nòstis andano…
Mais lui demeurait dans Maillane,
et les anciens du terroir
l’ont vu fréquenter nos sentiers…
Moun Toumbèu – Poème de Mistral – 1907
Sa famille le voudrait avocat ; reçu bachelier, Mistral étudie à l’université d’Aix puis à celle de Marseille. En 1851, il obtient une licence en droit. Il a déjà 46 ans lorsqu’il épouse Marie Rivière, Dijonnaise âgée d’à peine 20 ans, elle restera toujours dans l’ombre de son mari. Ils n’auront pas d’enfants.
Mistral ne sera jamais avocat, il sera écrivain et chantera la Provence et plus précisément la langue d’oc.
Il est l’auteur d’une quinzaine de publications, parmi lesquelles Mireille – Mirèio – (1859), un drame : Mireille et Vincent, un pauvre vannier, s’aiment d’amour et veulent se marier ; les parents s’y opposent… Désespérée, Mireille s’en va prier aux Saintes-Maries-de-la-Mer ; hélas, le trop chaud soleil la tue : victime d’une insolation, elle meurt dans les bras de Vincent et sous les yeux de ses parents éplorés.
C’est tout de suite un grand succès, une histoire que Mistral dédie à Lamartine :
Je te consacre Mireille : c’est mon cœur et mon âme ;
C’est la fleur de mes années ;
C’est un raisin de Crau qu’avec toutes ses feuilles
T’offre un paysan.
Lamartine est conquis : Un grand poète épique est né ! le parfum de ton livre ne s’évaporera pas en mille ans !
Charles Gounod, lui aussi séduit par l’histoire et le récit de l’écrivain, compose un opéra ; l’œuvre est créée au Théâtre Lyrique à Paris, en 1864.
En 1904, le prix Nobel de littérature est décerné à Mistral pour Mirèio récompensant ainsi une œuvre en provençal, “langue minoritaire en Europe et constitue de ce fait une exception”.
Suit Calendal – Calendou (1857) que Mistral peaufinera pendant sept ans. Déception : l’œuvre n’a aucun succès… Georges Bizet s’y intéresse un temps mais renonce vite.
Aquelo nesco s’encafourno
Dins un coumbo arebro et sourno
E vent piei un moumen que la roco subran
S’enarco amount qu’es pas de dire
Vous parle dou roucas dou cire
Ni cat ni cabro ni satire
N’en responde segur jamai l’escalaran
F. Mistral
Centenari de Calendau
1866-1966
Cette Nesque s’enfonce
Dans une combe obscure
Et vient ensuite un moment où la roche subitement
S’élargit au-dessus d’une façon étonnante
Je vous parle du rocher du Cire,
Ni chat, ni chèvre, ni satire
Jamais ne l’escaladeront.
[Traduction : André Abbe]
Seul, son ami Daudet est relativement enthousiaste :
Je tenais le cahier de Calendal entre mes mains, et je le feuilletais, plein d’émotion…
[…] Tandis que Mistral me disait ses vers dans cette belle langue provençale, plus qu’aux trois quarts latine, que les reines ont parlée autrefois et que maintenant nos pâtres seuls comprennent, j’admirais cet homme au-dedans de moi, et, songeant à l’état de ruine où il a trouvé sa langue maternelle et ce qu’il en a fait *…
Ce qu’il en a fait ? Le Félibrige qu’il crée avec six amis, poètes comme lui : Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Paul Giéra, Alphonse Tavan, Jean Brunet, Anselme Mathieu.
Autre œuvre remarquable, magistrale même : Lou tresor doù Felibrige, un dictionnaire regroupant les parlers d’oc (gascon, provençal, limousin, languedocien,…. Plus de 2 000 pages d’informations (lexique, dialectes, grammaire, ethnographie).
* Le poète Mistral – Lettres de mon moulin.
Entre les deux hommes, une longue, très longue amitié qui se ternit lorsque Daudet publie Numa Roumestan, une caricature d’un homme méridional qui peine Mistral.
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