La Gazette de Passadoc – N° 117

L'hebdo 117

La fête au village !

Ah ! Que la vie est quotidienne* !”

Aussi, pour chasser la morosité des jours des villes et des villages, de temps en temps on fait la fête !

Et tous les prétextes sont bons : parce que c’est l’année nouvelle, parce que le printemps arrive, parce que les foins sont coupés, parce que les vendanges sont terminées, parce que voici le temps de Noël… et quand on est au bout de l’an, on recommence !

Dans les villages, c’est toujours un événement que l’on prépare soigneusement.

On s’assure que le vieux Pascal prêtera encore son champ où s’aligneront les longues tablées pour un repas pris en commun ; au menu, ce sera pot-au-feu  et les marmites glouglouteront  tout l’après-midi…
Il faut organiser le bal, la buvette, dresser l’estrade des musiciens sur la grand place, accrocher les lanternes aux branches des platanes… Le soir venu, on trinque avec le maire… On en profite pour l’interroger sur le projet vieux de quatre ans : “Alors, tu le construis quand ce marché couvert ?

– Image d’Épinal ! diront certains.

Que nenni ! C’est pour beaucoup d’entre nous un souvenir de l’été dernier !

Dans les villes, évidemment, tout a une autre dimension ; Fête du Citron à Menton, Carnaval de Nice, Fête de la lavande et défilé de chars –  dont on parlait ici il y a quelques numéros – attirent de nombreux touristes. C’est la cohue dans les rues et chez les commerçants de souvenirs et de produits régionaux.

Et notre fête à nous dans tout cela ?

Patience… elle arrive !

*Jules Laforgue.

Jeanne Monin – Recherches sur divers sites.

La fête à Fréjus !

Photo A. Abbe

 

Cette année, la bravade aura lieu du 28 avril au 1er mai. Moins connue, moins spectaculaire que la bravade de Saint-Tropez, elle présente l’avantage d’avoir pour cadre la cathédrale de Fréjus qui n’a pas d’équivalent à Saint-Tropez.

Les uniformes à Fréjus n’ont rien à envier à ceux des Tropéziens.

J’ai choisi cette photo ancienne des zouaves vus de dos pour mieux montrer leur culotte et leurs guêtres. Si ces zouaves sont en fait des turcos, vous serez indulgents. Ils portent des culottes identiques à la couleur près.

Saint François de Paule, venu de Calabre, avait sauvé de la peste les Fréjussiens qui chaque année manifestent leur reconnaissance.
André Abbe.

Photo : carte postale, collection personnelle - Marie-Odile Beraud

La bravade de Fréjus, début 1900.

Marie-Odile Beraud

 

Pendant plusieurs jours, défilés, danses, processions et messes rassemblent toutes les générations.

  • Les échos de la semaine
    Les dames du temps jadis
    Les lacs de Provence
    La cueillette des champignons

  • Expositions et conférences

  • Le courrier des lecteurs

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Les dames du temps jadis

Château de Turenne - Photo André Abbe
Marie, Tibours, Béatrice et Hildegarde…
 
Le féminisme d’aujourd’hui veut laisser croire aux personnes mal informées que les femmes ont toujours été soumises aux hommes.
 
Dès le XIIe siècle, des femmes ont su faire preuve d’indépendance, d’initiative et de talent.
 
Quand je vais en auto vers le Nord ou l’Ouest, je fais parfois une halte au château de Turenne (Corrèze) où est née Marie (Maria) de Turenne devenue par son mariage Maria de Ventadorn, dont la beauté avait fait tourner beaucoup de têtes. Elle était trobairitz, femme troubadour, dont le talent était reconnu.
 
Hélas, nous n’avons conservé d’elle que le tenson (poème dialogué) avec Gui d’Ussel. Des poétesses Clara d’Anduze (Gard) et Tibours de Séranon (Alpes Maritimes) nous n’avons conservé que quelques vers. Fort heureusement, de Beatriz de Die et Azalais de Porcairagues nous disposons de plusieurs canços (poèmes).
 
En dépit de l’admiration que je porte aux poétesses occitanes, je dois reconnaître que la grande figure du XIIe siècle européen est Hildegarde von Bingen (Allemagne). Mystique bénédictine, devenue sainte, elle a écrit des textes religieux de haute valeur littéraire qui ont fait l’objet d’enregistrements récents.
 
Courez chez le disquaire acheter des disques de la Comtesse (Beatriz) de Die et d’Hildegarde von Bingen.
 
André Abbe
 
 
 

Jeanne Monin

Le féminisme d’aujourd’hui veut laisser croire aux personnes mal informées que les femmes ont toujours été soumises aux hommes“, écrit André Abbe.
 
Toujours non… mais souvent oui ! et depuis longtemps !
 
Si au Moyen Âge [en gros, de 500 à 1500] quelques belles dames [le plus souvent elles appartiennent à la noblesse, telle Clara d’Anduze (1200)] se font entendre, les interdits sont nombreux pour toutes les autres.
 
Pour résumer : elles doivent obéissance au père et au mari… Napoléon et son code n’ont pas arrangé les choses, au contraire !
 
Quelques acquis… quelques dates plus près de nous :
 
1907 : Les femmes mariées disposent de leur salaire. Avant, tout revient à son mari.
1924 : Les femmes sont autorisées à passer le baccalauréat et en 1938, à étudier à l’université.
 
Avançons :
 
1944 : Droit de vote.
1965 : Autorisation d’ouvrir un compte bancaire et de travailler sans le consentement du mari.
1970 : La mention “chef de famille” est supprimée et remplacée par “autorisation parentale”
1972 : L’École Polytechnique ouvrent ses portes aux filles ; huit y entrent et l’une sera major de promotion : Anne Chopinet.
 
Allez ! une petite dernière !
 
Depuis 2013 – et 2013 seulement ! – les femmes ne sont plus hors la loi si elles portent un pantalon ; un interdit qui date d’une ordonnance du 16 Brumaire an IX.
Pristi ! Voilà seulement dix ans que je ne risque plus la contravention.
 
Que vienne enfin le jour où “féminisme” sera un mot abandonné dans les dictionnaires et non accompagné de revendications, voire de défilés excessifs (comme lorsque en 1968, les filles manifestaient avec leurs soutiens gorges au bout d’une pique !).
 
Seulement avant d’en arriver là, les Margot* blanches cailles, les Fanchon* cousettes, les nymphes de ruisseau*, les Vénus de barrière*, ont encore bien des égalités à demander.
 
[Un petit emprunt à G. Brassens  – Les Amours d’antan].
 

Les lacs de Provence...

Lac Sainte-Croix - Photo A Abbe

Les lacs artificiels de Provence sont au plus bas, il en est question tous les jours à la télévision.

On n’avait jamais vu ça sur les bords des lacs de Sainte-Croix et de Serre-Ponçon, la plus grande réserve d’eau douce d’Europe.

Mon souci de précision m’oblige à signaler que seule la rive sud du barrage est provençale. La rive nord est déjà dauphinoise, je dis ça pour les gens de la région de Gap qui refusent d’être provençaux. Le nom de Serre-Ponçon vient de l’occitan “serre ponchaire”, la montagne en forme de pointe.
Je m’éloigne du sujet !

Il y a tout juste 30 ans, nous avions organisé une semaine d’émissions de France 3 autour du lac de Sainte-Croix (Var et Alpes-de-Haute-Provence) et le niveau de l’eau était particulièrement bas. Il est par la suite remonté bien haut.

Jusqu’où le niveau de l’eau remontera-t-il ? Et s’il ne remontait pas ?

André Abbe

Lac Saint-Cassien - Photo Maryse Laugier
La Siagne alimentée par le Biançon - Maryse Laugier
La Siagne - 15 avril 2023 - Photo Maryse Laugier

Il faut être optimiste, il remontera !

Le lac de Saint-Cassien monte… et puis redescend un peu.
Il ne faut pas oublier que ce sont des lacs hydroélectriques et que par moment il y a des lâchers d’eau  ; à d’autres, ils ont besoin de plus d’eau.

J’ai toujours vu ce qui paraît paradoxal : Saint-Cassien très bas en février quand il fait très froid.

Maryse Laugier

Jean-Jacques Murat

– Dau meme qu’encò de La Sanha de Mar se troba un canton que li diem “canto cigalo” qu’a ren de veire amb l’insècte, mai ven puslèu de l’acumulacion de dos oronimes d’autor KaN-T (per canto) e SiG (per cigalo), aqueu Serre-Ponçon vendriá pas de Serre e Ponchon (pointe, sommet) ?

– Même si à La Sanha de Mar il y a un canton qu’on appelle “chant cigalo” qui a à voir avec l’insecte, ils ne voient jamais l’accumulation de deux noms d’auteur KaN-T (pour canto) et SiG (pour cicalo), que Serre-Ponçon ne viendrait pas de Serre e Ponchon (point, sommet) ?

La cueillette des champignons

Le père de Marcel Pagnol était fier de montrer ses deux bartavelles aux villageois et heureux d’être photographié par le curé.
 
Plus modestement, je vous montre le plus grand lactaire délicieux ou “sanguin” (en provençal, le pinenc) qu’il m’ait été donné de trouver au cours de ma longue carrière de chercheur de champignons !

Pour donner une échelle, j’ai placé à côté une feuille de chêne et mon couteau de Nontron.
Photo A. Abbe

Il existe de très nombreux lactaires et la plupart ne sont pas délicieux du tout.

Il existe deux variantes du délicieux. Celle de la photo d’une belle couleur orangée et une autre, plus rare, de couleur lie de vin. À Roquebrune, c’est le “vinachou”, j’ignore s’il existe un nom français.

Adolescent, j’allais aux champignons à vélo le jeudi, et  le soir, je  les apportais – pour me faire quatre sous – à un courtier qui les vendait sur le marché de Nice. Les dames qui faisaient le tri séparaient les sanguins des vinachous, à chacun sa cagette.

Le Nontron est moins connu que l’Opinel et le Laguiole. C’est le plus ancien couteau fermant de France, virole en laiton et manche en buis pyrogravé. Il est produit par trois couteliers dans la petite ville de Nontron au cœur du Périgord vert, au Nord du département de Dordogne.

Le mien est un Chaperon, le nom est sur la lame, que j’avais acheté sur place conduit par une amie professeure d’occitan (j’emploie le néo français).
Dans l’atelier du coutelier, on parlait encore le dialecte limousin, nord occitan, il y a 35 ans. Je n’y suis pas retourné et j’ignore si la pratique de la langue s’est maintenue à un bon niveau à Nontron.

La cueillette des champignons doit se faire à l’aide d’un couteau, il faut penser aux récoltes prochaines et laisser le mycélium dans le sol, l’arrachage est un saccage.

André Abbe.

 

Magali Bizot

Dans mon coin bas-alpin, on ne connaissait comme pinhencs que les sanguins et surtout les safranets. Je n’ai jamais entendu parler des vinachons… Si quelqu’un a un visuel, je serai ravie!

 

Marie Martin
 
Perso, je retournerai samedi et/ou dimanche aux morilles : cette saison n’est pas mauvaise.
Sinon, je mangerais bien une bartavelle, mais je ne m’en rappelle pas le goût, d’ailleurs je n’en vois plus depuis longtemps !

Mathieu Baiget

Sauf erreur, le lactaire couleur “lie de vin” n’est pas un lactaire délicieux mais un lactaire sanguin.

Selon mon livre de mycologie (et sur Wikipedia !), il est réputé meilleur comestible que le délicieux, qui est déjà très bon.

 
 

Maryse Laugier

Quel plaisir d’aller chercher des champignons bien cachés sous les feuilles ou les garnes de pins – les aiguilles de pins… comme on ne dit peut-être pas à Roquebrune ! 

Je les mets dans un joli panier et surtout pas dans du plastique.

À l’automne, j’ai trouvé des rosés des prés.

Photo - Maryse Laugier
Photo Régine Soyris

Régine Soyris

Quel beau spectacle pour les yeux quand on trouve un “rodou”…

Et quel plaisir de les déguster ensuite !

À vos agendas !

Rendez-vous le 6 mai
à Saint-Paul-en-Forêt

L’histoire du Moyen Âge
Un désir d’émancipation de 1500 à 1823
Les langues régionales
et Projection commentée

Tout savoir sur les actions passées
des Saintpaulois.

 
 

Un lecteur interroge :

Dans le numéro 116 de “La Gazette” – sous-titre “Escapade” – j’ai noté une apparente contradiction entre deux participants  :

– Calèche, dit André Abbe
– Coupé, rectifie Michel Teychenné.

Lequel a raison ?

Recherches Passadoc  (divers sites) :

Calèche : véhicule hippomobile d’un type très précis : capote repliable, à quatre roues, et à quatre places en vis-à-vis.
Donc Michel aurait raison.

Mais on lit aussi : au début du XXIe siècle, “calèche” désigne  “toute voiture tirée par un ou plusieurs chevaux”. Donc André n’aurait pas tort !

Voilà qui évite une bien improbable zizanie entre Michel et André !

Pour écrire à Passadoc : romenzo2010@gmail.com

  • Rédaction Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    Mathieu Baiget
    Marie-Odile Beraud
    Magalie Bizot
    Maryse Laugier
    Marie Martin
    Jean-Jacques Murat
    Jeanne Monin
    Régine Soyris

  • Mise en page
    Jeanne Monin

Passadoc