La Gazette de Passadoc – N° 108

L'hebdo 108

Le béret

Certains affirmeront qu’il est basque ; d’autres certifieront qu’il est béarnais. Pour la paix des régions, disons qu’il est basco-béarnais… (même si – il faut bien le dire tout bas, tout bas… juste le susurrer – on le trouve d’abord dans le Béarn !).

Cependant, des récits le font apparaître sur l’arche de Noé !  Le patriarche aurait remarqué l’étanchéité des flocons de laine piétinée dans la bergerie ; il aurait découpé un disque et se serait ainsi protégé la tête de la pluie. Des chercheurs trouvent sa trace au Danemark dans des tombes de l’âge du bronze (3200 avant J.-C.) ; tout au moins, ils mettent à jour  des “chapeaux” de forme similaire.

On le dit dû aux Romains qui se couvraient la tête et les épaules avec une sorte de pèlerine. Quand ils cessent l’occupation de la vallée d’Aspe, les habitants – les bergers surtout – se tricotent un couvre-chef, bien loin de ressembler au béret d’aujourd’hui… Cela dit, on peut penser que les Béarnais n’avaient pas attendu la venue des Romains pour se protéger des intempéries !

Continuons l’histoire : il devient “béret basque” après le passage de Napoléon III qui, séjournant à Biarritz, voit maintes têtes ainsi coiffées.

Point  de béret sans la petite  “queue”  [cabilhòt ou cabilhou → petite cheville, coudète ou coudic → petite queue] située au centre : elle était constituée par les fils de laine quand le béret était tricoté. Aujourd’hui, elle est ajoutée : son absence serait inacceptable ! On lit que couper le cabilhou du béret était faire grave insulte à celui qui le portait.

Si sa forme n’évolue guère, ce n’est pas le cas de ses dimensions : un bon béret doit être suffisamment large pour protéger les pieds de la pluie… affirment certains écrits !

Au fil du temps, il ne reste pas le couvre-chef des ouvriers et des paysans : les artistes, les rapins, les révolutionnaires s’en emparent, les militaires aussi ; il est porté dans les armées du monde entier et prend des couleurs différentes selon les corps : béret amarante des parachutistes, béret vert des commandos de marine, etc.

En 1930, il fait son entrée chez Chanel. Régulièrement, on le retrouve dans les défilés de mode des grands couturiers.  Il coiffe les jolies têtes des stars de cinéma : Michèle Morgan [Quai des Brumes], Audrey Hepburn, Brigitte Bardot [Bonny and Clyde]… Et le Che serait-il aussi beau s’il n’était pas coiffé de son célèbre béret noir ?

– Et notre béret à nous dans tout cela ?…

Patience… il arrive* !

*Recherches dans divers articles : Jeanne Monin

L’ hiver… c’est le temps de ressortir son béret basque… ou d’en acheter un.

Le béret basque n’est pas basque. Son origine se trouve dans un pays voisin le Béarn. Le nom vient du Gascon (dialecte occitan du Béarn) berret, bonnet en français.
Un vrai béret ne peut être qu’en laine et sans rebord. C’est le couvre-chef idéal pour se protéger du froid. Pour qu’il soit efficace contre la pluie et la neige, on a parfois augmenté son diamètre. Le champion toutes catégories est le béret des chasseurs alpins de l’armée française.

Le béret est teint en noir mais les jours de fête on en trouve des rouges dans les 7 provinces du pays basque. En Espagne, les carlistes avaient adopté ce béret rouge. C’est d’ailleurs en Espagne que se trouve le plus grand nombre de porteurs du béret basque ; il a traversé l’Atlantique pour être également très porté en Argentine.

Ce béret a fini par couvrir des têtes en Europe de l’Est, en Chine, au Japon, pays où il est fabriqué.
Je possède plusieurs bérets, l’un deux vient de Yougoslavie. Le pays n’existe plus mais le béret me sert toujours, c’est celui que je préfère.

Quel avenir pour le béret basque ? Si les agriculteurs et les éleveurs le portent de moins en moins, préférant souvent la casquette, des jeunes citadins, hommes et femmes, s’y intéressent. Il est aussi le couvre-chef de beaucoup d’ intellectuels et d’artistes, ce qui nous donne l’occasion de parler de Luis Mariano.

Il est inhumé au cimetière d’Arcangues, dans son Pays Basque natal.

Porté par le Che, il est même devenu inséparable de l’image iconique des révolutionnaires du monde entier.

 

Texte et photo André Abbe.

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Le cade

Photo A. Abbe
André Abbe
J’ai appris à la fête de la transhumance de Bargème que le bois de cade avait des vertus anti-mites. Joie ! je vais pouvoir sauver mes lainages !
 
Le cade (nom provençal) appartient à la famille des genévriers, des petits arbres qui peuvent devenir gros au bout de quelques siècles.
Il fournit une huile jadis utilisée par les bergers pour ses propriétés répulsive, antiseptique et au besoin cicatrisante. Tous en possédaient un flacon dans le carnier.
J’ignore s’il existe encore des utilisateurs.
 
On trouve encore des vestiges de fours où l’on pratiquait la combustion incomplète du cade. La chaleur faisant exsuder le bois dont on récupérait l’huile.
 
Un pin fa pas un cade“, on dit ça quand le fils ressemble beaucoup à son père. Il n’y a pas de version féminine à ce dicton ; une injustice de plus.
 


Eric Dehorte
Il reste un seul four à cade en activité commerciale à Claret dans l’Hérault, c’est celui de la distillerie des Cévennes. Il Il est produit de l’huile de cade vraie (on parlait autrefois de goudron de cade) par opposition à l’huile essentielle de cade.
Les activités de la distillerie se sont beaucoup diversifiées ces dernières années. Il est possible désormais d’acheter sur internet à la fois des produits à usage vétérinaire et dermatologique.
J’étais allé les voir pour faire une émission et malheureusement le jour du tournage il a plu et le four n’a pas pu fonctionner, nous n’avons rien pu tourner.

Mais pour avoir perdu pas mal de pulls et chaussettes, ces dernières années à cause d’invasions de mites alors que j’avais mis du bois de cade dans mes placards, j’avoue qu’il m’a fallu plus que le cade pour un venir à bout. Sur les conseils du collectif Ardelaine, j’ai utilisé de l’huile de neem ou margousier de la coopérative nature neem et ça été enfin efficace !
 
Sophie Puech
– Comment utilisez-vous l’huile de neem pour les mites s’il vous plaît ? Merci d’avance.
Il suffit de prendre l’huile biocare, une formule hydrolysable à pulvériser après dilution dans l’eau notamment pour détruire les parasites des animaux… À pulvériser directement sur la laine et dans les placards,
conseille Eric Dehorte.
 
Sylvie Leleu
– L’huile de cade est toujours vendue comme répulsif contre les sangliers notamment.
 
Solène Thomas
L’huile de cade est encore utilisée en traitement contre la gale des pattes, pour les poules.
 
Soise Mame
– Je fais brûler de la poudre de cade en été dehors dans un diffuseur pour éloigner les moustiques et pour l’odeur…
 
 
Claude Boyer
Chez mes parents, quand j’étais gamin, c’était un cade qui faisait office de sapin de Noël. Nous allions le chercher dans la forêt avec la 403 camionnette du grand père.
Comment !… En voiture ? dans la forêt ? Pour couper un arbre ?…
Voilà une pratique qui va sûrement choquer les sensibilités actuelles… mais c’était il y a plus d’un demi-siècle !
 
Gisele Reynier-Roux se souvient :
L’oncle de mon mari allait couper un cade dans la colline de Rians.
 
 

 

Voilà…

C’est ainsi que s’écoule
le temps sur Passadoc…
On raconte…
On se souvient…

Et ce qu’on n’a pas lu aujourd’hui,
on le lira demain !

Autre moment de bonne humeur,
de sourire, de soleil :
les petites vidéos
que propose Yves Pujol.

Claude Boyer l’a rencontré.

La chape de saint Louis

La photo : c’est la chape de saint Louis d’Anjou, exposée à la basilique Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var).

Louis d’Anjou, connu sous le nom de saint Louis d’Anjou ou saint Louis de Toulouse, est né à Brignoles le 9 février 1274 et décédé dans cette même ville le 19 août 1297. Il est évêque de Toulouse, de 1296 à sa mort.

Il est le fils de Charles II, roi de Naples, et de Marie de Hongrie ainsi que le petit-neveu de Louis IX, roi de France. Sa fête est célébrée le 19 août.

François Abbe

Une chape…  Saisir un mot… vagabonder… et par exemple, toquer à la porte de Monsieur Littré…
 
– S’il vous plaît, que signifie “chape” ?
 
Asseyons-nous près de lui car on sait bien que Monsieur Littré est intarissable !
 
Il parle du manteau bien sûr – ou plutôt de la cape ecclésiastique – il donne des exemples, cite Molière, La Fontaine et puis Voltaire…
 
Mais “chape” n’est pas que tissu ! Venez ! je vous emmène ailleurs… en musique, en maroquinerie, en imprimerie, en maçonnerie aussi… partout on trouve des chapes !
Faisons un petit tour en bateau, je vous montrerai une chape au fond de la boîte d’une boussole.
 
Savez-vous la chape que je préfère ? C’est celle de l’oiseau, la partie du plumage qui recouvre son dos et qui est d’une couleur différente du reste. Chateaubriand en parle : “Les œufs du bouvreuil sont ardoisés comme la chape de son dos”.
 
Connaissez-vous l’expression “chape-chute” ?
 – Non…
 – Eh bien sachez qu’elle existe ! Si vous la rencontrez sur Passadoc, revenez me voir !
 
Jeanne Monin
 
 

Comment participer à Passadoc

  • Rédaction – Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Boyer
    Eric Dehorte
    Sylvie Leleu
    Soise Mame
    Jeanne Monin
    Sophie Puech
    Gisele Reynier-Roux
    Solène Thomas


  • Mise en page
    Jeanne Monin

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