L'hebdo 141
À votre santé !
Vendémiaire1… le mois des vendanges…
L’histoire de la vigne et du vin remonte à plus de 60 000 ans ; les archéologues attestent que l’homme chasseur-cueilleur se nourrissait de raisins. Au quaternaire, la vigne sauvage est présente en Europe et en Asie. Une histoire de glaciation va la faire gagner une grande partie de l’Europe où elle sera domestiquée !
Au fil du temps, le beau mais difficile métier de vigneron apparaît. Le vin n’a pas été inventé ; il était là où était le raisin2 ; c’est le travail de l’homme qui de siècle en siècle a fait naître tous les cépages dont les noms font rêver qu’ils viennent d’Alsace, de Champagne, de Bourgogne… ou de Provence !
Dans l’histoire du monde, le vin est partout présent… Dans les religions, dans les arts : sculpture, peinture, littérature… les tapisseries du Moyen Âge, les bas-reliefs byzantins, les tableaux de Renoir, de Toulouse-Lautrec, de Manet, de Monet ; chez les auteurs qui glorifient le vin, tel Balzac dans L’Illustre Gaudissart (1833) :
– […] ce que vous buvez en ce moment, mon cher et très aimable Monsieur, est un vin de roi,
Ou en dénoncent les ravages, tel Zola dans Gervaise (1877) :
– […] Ah ! Dieu de Dieu ! Les jésuites avaient beau dire, le jus de la treille était tout de même une fameuse invention ! […] Mais, brusquement, Gervaise se souvint des six bouteilles de vin cacheté ; elle avait oublié de les servir avec l’oie ; elle les apporta, on remplit les verres. Alors Poisson se leva et dit, son verre à la main :
– Je bois à la santé de la patronne.
Toute la société, avec un fracas de chaises remuées, se mit debout ; les bras se tendirent, les verres se choquèrent, au milieu d’une clameur.
Il faudrait des pages et des pages – et de nombreuses gazettes ! – pour raconter le vin… pour citer Mistral :
– Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons rubis irisés de topaze. Mais c’est pour mieux se lever dans les cœurs.
ou Colette :
– Si j’avais un fils à marier, je lui dirais : “Méfie-toi de la jeune fille qui n’aime ni le vin, ni la truffe, ni le fromage, ni la musique”.
ou Baudelaire :
– Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
– Et notre vigne à nous, elle est où ?
Patience… la voici… sous forme de quiz proposé par André et François Abbe ; la voici dans le récit de Claude Boyer, dans celui de Giselle Penat-Laborde… et dans quelques souvenirs.
Jeanne Monin
1. Premier mois du calendrier républicain → 23 septembre au 21 octobre du calendrier grégorien.
2. Laurent Bouby – Chercheur ISEM.
Un quiz !
À propos de vendanges, Claude Boyer se souvient...
Ensuite venait le temps du pompage. On vidait la cuve du foulage et le jus de raisin obtenu au pressoir avec une grosse pompe à bras qui le transférait dans des futs afin que se fasse la vinification.
Jean Ferrat chantait dans sa superbe chanson La Montagne
– Papa ! il fait 18° !
J’entends encore l’éclat de rire de l’assistance qui avait bien sûr compris le degré réel de notre récolte.
Ma grand-mère et ma mère s’arrêtaient de cueillir vers onze heures pour aller préparer le traditionnel aïoli que nous dégustions sous le mûrier.
Les vendanges d'antan - Giselle Penat-Laborde
André Abbe
Il y a 40 ans, les premiers essais de machine à vendanger avaient attiré la plupart des viticulteurs de Roquebrune (Var). Beaucoup étaient restés sceptiques, d’autres étaient enthousiastes.
Aujourd’hui, l’emploi de la machine à vendanger est généralisé. Seuls les domaines capables de vendre leur vin à un prix élevé continuent de pratiquer la vendange à la main, plus coûteuse.
Le spectacle de la machine à vendanger au travail n’a rien de romantique.
Certaines récoltent le raisin la nuit afin qu’il soit rendu à la cave à la température la plus basse possible. Cela permet d’obtenir des vins rosés de couleur pâle, pour suivre la mode. Il n’y a plus grand chose à voir dans nos vignobles à la fin de l’été ou aux premiers jours de l’automne.
François Abbe
Claude Boyer
Quand j’étais gamin, les vendanges c’était un évènement !
Les tracteurs tirant des remorques chargées de raisin traversaient le village, on jouait à leur courir après pour chaparder une grappe ou deux, le jus du raisin coulait sur la route et embaumait l’atmosphère, autour de la coopé c’était l’effervescence et maintenant on ne se rend même plus compte que les vendanges ont lieu.
Je me suis fait la réflexion ce mois ci en rentrant de la Bouverie en passant par Marchandises : j’ai remarqué dans les vignes des vendangeurs, un tracteur et sa remorque, spectacle devenu rare… Le charme est rompu…
Me voici vers 1965 sur le tracteur Massey Harris Pony de mon pépé.
Bernard Isarn
C’est une campagne d’avant, un bonheur d’antan qui paraît désormais obsolète car peu nombreux sont ceux qui l’osent…
Marie Martin se souvient de ses jeux d’enfant :
Enfant, on sautait dans la “fenadou” pour passer de la grange à l’étable, on se battait tout nus (parce que ça grattait) dans le tas de blé pendant les repas de famille (bonjour la tête des parents après !), on accrochait une branche crochue à la patte du coq s’il était méchant comme ça il se pendait facilement et ne nous embêtait plus de la journée, on faisait une cabane en bottes de foin avant de les ramasser et les mettre sur la remorque, etc !
Rendez-vous avec France 3 !
– Nous sommes toujours à Roquebrune et cette fois-ci, nous sommes dans la maison Abbe. André, c’est vraiment ta maison ?
– J’y suis né, j’y ai vécu !
[…]
– Cette maison a aussi une autre histoire…
– Oui… c’était le Cercle de l’Union des Travailleurs !
À bicyclette...
C'est la saison des grenades !
Souvenirs...
Claude Boyer
Il y a bien longtemps – je devais avoir tout au plus une dizaine d’années – le plaisir dominical de mon pépé était de m’emmener au Grand Café de la Place.
D’abord il faisait son tiercé ; il n’était pas de ces turfistes qui élaborent des martingales ou des stratégies en s’inspirant des conseils prodigués par Léon Zitrone sur Paris-Turf ; lui, il jouait invariablement sa date de naissance: le 2.9.5 (2 septembre 1905).
Je revois encore ces tickets roses où on cochait les cases des numéros de la fortune et la petite pince qui servait à faire une encoche sur la tranche et qui laissait en fin de matinée une myriade de confetti sur le sol. J’ignore si cette date lui a permis de prendre un jour quelque tiercé dans l’ordre ou le désordre, ce dont je suis sûr c’est que, comme beaucoup de “millionnaires du dimanche”, il n’est pas devenu riche grâce à ça mais la semaine de travail avait été dure et c’était là son seul loisir.
Ensuite, nous allions au comptoir et tandis qu’il me juchait sur un tabouret, Jean-Pierre, le patron du café, lui servait son Ricard-tomate (et surtout pas un autre pastis, c’eut été une hérésie !) et ma grenadine que j’appelais “le sirop rouge” (et surtout pas un autre sirop car je voulais faire “comme pépé”).
C’était l’époque où on trouvait dans les bars des œufs durs que nous mangions à même le zinc après les avoir écalés, chose impensable aujourd’hui où au nom de je ne sais trop quel “principe de précaution”, on aseptise jusqu’au cul des poules pour nous préserver de microbes ou autres bactéries inventées par quelque pantaiaire Eurocrate ou “écolo”.
Pour paraphraser la déclaration récente d’un chanteur célèbre dans ces années-là : “Je hais ce siècle.”
Recherches sur des dictionnaires en ligne – Littré, Larousse, Robert,… – et seul Wiktionnaire répond : de l’occitan pantalhar (« rêver »), délirer fantasmer… et ajoute cette citation :
Je suis du Sud !
André Abbe
J’ai lu sur notre Gazette qu’il était question de l’usage des noms “Midi”, “Sud”, “Occitanie”.
Voici mon opinion sur le sujet :
La pire dénomination est “Sud”. Sud de quoi, je vous demande ! La Corse appartenant à la France métropolitaine, contrairement aux DOM- TOM, c’est elle qui pourrait revendiquer le nom “Sud”.
Le nom de “Midi” a quelque chose d’un peu péjoratif. Nous sommes le Midi de “la vraie France, la France du Nord” comme le disait Michelet (je crois que c’est lui, à vérifier). J’évite d’ écrire “Midi” sauf par ironie, pétanque, pastis, cigale..
Le mot “Occitanie” existe depuis le Moyen Âge. Il désigne les pays où est parlée la langue d’Oc.
– Impeccable ! me direz-vous. Hélas, le mot a été accaparé par une Région Administrative, laissant de côté le Roussillon au passage.
La Provence n’est plus en Occitanie...
J’essaie de m’en tirer en donnant aux pays le nom de leur province. Les moutons du Larzac (photo) pâturent en Languedoc. Pas sûr, pas sûr. Il peut y avoir des gens qui le situent en Rouergue.
Jusqu’où va la Guyenne vers le Massif Central ? Jusqu’au Rouergue ? Je n’ai jamais réussi à le savoir. J’ai consulté des cartes qui divergent.
Courage les amis ! la perfection n’existe pas en ce domaine. Continuez à employer “Sud” ou “Midi” si ça vous dit. Personne ne pourra vous le reprocher.
Claude Boyer
Voilà un débat digne de “pain au chocolat ou chocolatine” !
Il y a très longtemps, c’est-à-dire dans ma jeunesse, je fréquentais assidument le département du Nord (59), le pays des Cht’is. (je précise qu’il s’agit du département puisque le Morbihan, l’Alsace et l’île de France sont dans le nord pour nous qui sommes du sud).
J’y ai rencontré des personnes qui n’avaient jamais vu de “Marseillais” ni entendu le fameux « “accent”. Il est bien connu que tout ce qui vient du sud ne peut être Basque ou Gascon mais obligatoirement originaire de la cité Phocéenne et tout accent qui ne bouffe pas la moitié des mots ne peut être que celui de la Canebière… enfin, je vous parle de la Canebière de Pagnol, pas de l’actuelle.
C’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Jeanne Monin
Tout cela est juste et vrai… Parler du sud, sans aucune autre précision peut agacer.
Cependant si à la question :
– Où êtes-vous partie en vacances ?
la Nordiste que je suis, répond :
– Je suis descendue dans le sud.
Patricia Jouve
La Provence est toujours dans la grande Occitanie ; il faut juste préciser que la région administrative récemment créée en porte le nom.
La récolte des amandes...
La récolte des amandes de nos trois amandiers a été vite faite. Une famille d’écureuils s’est servie avant nous.
Je n’ai pas trouvé la solution à notre problème. Comment récolter nos amandes sans avoir à nous débarrasser des jolis écureuils que j’observe de mon fauteuil ?
Mèfi ! je vous parle des écureuils roux. Il parait que les écureuils gris sont en train de prendre leur place dans de nombreux endroits d’Europe.
Effectivement, chez moi, je trouvais les écureuils pas trop marron…
Noelie Rebuffel Huys
Et moi – quand j’en vois – je les trouve plus noir que gris !
L’écureuil et l’amandier…
L’histoire d’un conte… ou celle d’une fable…
Brassens en fit une chanson !
Une occasion de le retrouver entouré de Pierre Nicolas (contrebassiste),
de Joël Favreau (guitariste) et du tout jeune et chevelu Yves Duteil !
On l’écoute !
Participez
à La Gazette !
Partagez vos souvenirs d’enfance, racontez la vie de votre village au temps de vos grands-parents… racontez un voyage, un paysage…
Romenzo2010@gmail.com
Et qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui, joignez vos photos.
- Rédaction Passadoc – Ont participé :
André Abbe
François Abbe
Claude Boyer
Gérôme Chavanas
Bernard Isarn
Patricia Jouve
Marie Martin
Jeanne Monin
Giselle Penat-Laborde
Noelie Rebuffel Huys - Mise en Page
Jeanne Monin