La Gazette de Passadoc – N° 121

L'hebdo 121

La bouillabaisse…

La Gazette de la semaine dernière (n° 120) évoquait les grimoires et les sortilèges d’antan… Et aujourd’hui, que lit-on quand on cherche l’origine de la bouillabaisse ? Qu’elle viendrait de la Grèce antique et qu’elle aurait eu des vertus… magiques !

On se gardera bien de donner ici une recette de bouillabaisse : bien qu’on aime recevoir des messages (romenzo2010@gmail.com), on croulerait sans doute sous une montagne de courrier car chaque famille, chaque cuisinier, chaque chef de restaurant, d’auberge ou de gargote, détient la liste des ingrédients jugés absolument indispensables… ou carrément superflus !

– Des crustacés dans la bouillabaisse ? Avez-vous perdu la raison ?

– Du vin blanc ? Purgez-vous vite avec quatre grains d’ellébore ! Et pourquoi pas des petits croûtons aillés tant que vous y êtes !

On en a trouvé !

Disons qu’à la base, il s’agit d’une soupe – on lit aussi ragoût – constituée de poissons peu “nobles” ou abîmés dans les filets, ou d’invendus sur le quai ; les pêcheurs les faisaient cuire tous ensemble dans un grand pot ; elle était consommée sur le bateau ou en famille. En fait, c’était le repas des pauvres gens.

Quelles que soient les côtes longées – péruviennes, canadiennes, irlandaises, etc. – on trouve partout des recettes de soupe de poissons.

  • En Grèce, elle est appelée kakavia (kakavi → pot en laiton tripode).
  • Sur nos côtes ouest,  les pêcheurs luziens mangent le ttoro (prononcé tioto → concert de casseroles).
  • Plus haut, les Bretons la nomment cotriade (du breton kaoteriad → contenu d’une marmite).

Mais il n’y a qu’à Marseille qu’existe la célébrissime bouillabaisse de renommée internationale ! (du provençal bouiabaisso → bouillir et abaisser) !

♫♫♪♪♪♫♪

Pour faire une bonne bouillabaisse
Il faut se lever de bon matin
Préparer le pastis et sans cesse
Raconter des blagues avec les mains

Les courageux prennent leur canne
Et vont eux-mêmes la pêcher
Mais le poisson passe et ricane
Y a plus qu’à l’acheter au marché

Ah ! que c’est bon la bouillabaisse
Ah ! mon Dieu que c’est bon !

♪♫♪♪♫♪

La Bouillabaisse – Fernandel
Compositeur : Hubert Giraud, né à Marseille (1920) – Paroliers : Roger Lucchesi et Jean Sablon.

– Et notre assiette à nous, elle est où ? 

Patience ! … La voici !

Jeanne Monin
Recherches sur divers sites.

Photo A. Abbe
Si vous n’avez pas vu le documentaire  Cuisine provençale, des plats de fadas [diffusé le mardi 9 mai sur la 5], allez le chercher sur “replay” (c’est du néo français !)
 
Soupe au pistou à Miramas, bouillabaisse à Marseille et à Sanary (Var), pan bagnat à Nice, huile d’olive à Nyons, pois chiche à Rougiers (Var)… la balade gastronomique apprend à ceux qui ne le savent pas encore qu’il y a à prendre et à laisser.
Certains fadas se croyaient dans un film de Pagnol et en rajoutaient pour faire encore plus provençal !
 
L’huile d’olive provençale est fort rare ; il arrive que des huiles espagnoles ou autres soient baptisées “provençales” sur l’étiquette de jolies bouteilles. Je signale au passage qu’on trouve d’excellentes huiles espagnoles qui affichent leur origine.
 
Il existe la vraie bouillabaisse préparée avec des poissons frais de Méditerranée et les autres faisant appel aux poissons congelés venus de l’Atlantique nord ou du Pacifique sud. La queue de lotte peut venir de Chine.
 
Je n’ai plus mangé de bouillabaisse depuis 25 ans environ, de peur d’être déçu. Dans un domaine viticole varois, elle était exceptionnelle. J’avais assisté à sa préparation et participé à sa dégustation. Seule fausse note ce jour-là, il y avait la table des personnalités et celle des invités mineurs et des petites mains.
 
La bouillabaisse ce n’est pas ça : on la déguste tous ensemble, tous égaux.
 
André Abbe
  • Les échos de la semaine

    Transhumance
    Le temps passe…
    Malaise à Cannes
    L’herbe pour les lapins

  • Expositions et conférences

  • La bibliothèque de Passadoc

  • Participez à “La Gazette” !

Transhumance

Photo A. Abbe
Voici revenu le temps de la transhumance des troupeaux de moutons.
 
Chaque année, Passadoc publie des photos des bêtes de Julien Raynaud et de la famille Bellini.
Je rappelle au passage que les “moutons” en question sont pour la plupart des brebis.
 
Priorité cette année à la transhumance des bovins qui sont pour la plupart des vaches.
Les plus fidèles d’entre vous reconnaîtront l’endroit où mon regretté ami Jean Marie Michel gardait pendant l’été le troupeau cantonal.
 
Cette montagne porte un nom inhabituel. Vous en souvenez-vous ? C’est “la montagne des Têtes”.
Je reviendrai plus tard à nos moutons, c’est promis.
 
André Abbe

Le temps passe...

Photo A. Abbe

J’ai la mémoire qui flanche…

Je ne sais plus si j’ai pris cette photo de mon village de Roquebrune dans les années 70, 80 ou 90. En tout cas, l’endroit avait peu changé depuis les années 50 de mon enfance.

À la place de la verdure du premier plan, il y a aujourd’hui un vaste parking, complet la plupart du temps.
La partie semble perdue.

On augmente chaque année le nombre de places de stationnement autour du village mais il est toujours aussi difficile d’en trouver une, l’été en particulier.

André Abbe

Jean-Philippe Tinois
Je n’avais jamais vu cet endroit que comme un parking . Sans doute créé pour un besoin , l’église avait été créée pour répondre à un besoin de l’époque aussi ….

Marie-Odile Beraud
À Puget, on construit à tout va ; par contre très peu de parking… ce qui entraîne d’autres problèmes.

Claude Boyer
Pierre Dac disait “L’avenir n’est que du passé en préparation“… Que diront nos petits-enfants dans 50 ans en voyant notre présent qui pour eux sera du passé ?…
 

Jeanne Monin
On a tous une petite nostalgie quand on regarde le passé… raison d’être de Passadoc !

Ah… les belles images des bugadières sur le bord de la rivière… celles des bœufs tirant la charrue des labours d’automne guidée par un paysan, casquette vissée sur la tête et mains noueuses…
Petite émotion…

Et on ferme son ordinateur… Vite les clés de la voiture parce qu’on a des courses à faire au supermarché ! Ou qu’il faille courir vers la gare et monter dans le TGV qui met la capitale à moins de 4 heures …
Ainsi va le temps…
 
  • 1900 : on était 40 millions de Français… un parc automobile de 1 600 véhicules !
  • 1950 : 42 millions d’âmes … et 2 millions d’automobiles.
  • 2022 : 66 millions (d’après l’Insee) et plus de 45 millions de voitures…

Malaise à Cannes

Où a été prise cette photo ?  Sur la côte Ouest des États-Unis ?
Non… dans la très anglophone ville de Cannes pendant les Festivals du Film.

Il aura lieu cette année du 16 au 27 mai. Il sera question de Jeanne du Barry dans le film américain qui aura l’honneur, hors compétition, d’ouvrir le festival.

Pauvre Madame du Barry qui avait été guillotinée, il y a tout juste 230 ans.

Elle parlera anglais dans le film… ça ne surprendra personne à Cannes.
See you later.

André Abbe

Photo A. Abbe

Cette “invasion” de l’anglais suscite maints commentaires sur Passadoc.fr ! En voici quelques-uns :

Claude Boyer
Pourquoi cette affiche en anglais ?… Je ne peux m’empêcher de voir rouge devant la vampirisation de notre langue par l’anglais. Je n’ai rien contre la langue de Shakespeare ni contre ceux qui la parlent mais nous sommes au pays de Molière, Voltaire et Hugo, alors parlons leur langue...

Philippe Ferréol Rebuffel
Comme un peu partout dans le monde, lors des festivals où des grands salons, le public est cosmopolite. Il faut bien un moyen de communiquer. Souvent, l’anglais s’impose, par sa souplesse.

François Abbe
À mon avis, on est à un tournant. La traduction automatique temps réel est une réalité. Deepl est un outil dingue pour les traductions. Bientôt le multilingue devrait être partout…
 
– Oui le monde change. Il bascule même rapidement, avec l’arrivée de l’AI et de tous ses possibles. La communication va être grandement modifiée et j’espère, facilitée. On se débrouille déjà pas mal avec Google Translate en Turquie. Peu de personnes parlent anglais mais presque tout le monde (même des anciens dans les campagnes) se sert de son smartphone pour discuter. L’essentiel est de bien se comprendre.
 
… commente Philippe Ferréol Rebuffel… tandis que Claude Boyer réplique :
 
Je le déplore, une langue qui disparaît c’est une culture qui meurt. Le latin, le grec ancien – pour ne citer qu’elles – sont devenues des langues mortes ; or, que reste-t-il aujourd’hui de ces cultures ? Des ruines devant lesquelles nous nous extasions. Frédéric Mistral a dit : “Quau ten la lengo ten la clau” (Qui tient la langue tient la clé).
 

Jeanne Monin
Et pendant ce temps-là – partout sur les terres françaises ! – des acharné(e)s s’épuisent pour que soient conserver les langues régionales, les musiques et les traditions.

Peut-être ceux qui regardaient “Apostrophes” – émission dédiée à la lecture, animée par Bernard Pivot – se souviennent-ils d’une sainte colère d’Antonine Maillet : elle nous reprochait de nous laisser envahir par l’anglais alors que là-bas, au Canada, elle se battait avec d’autres pour conserver la langue de Molière ! Un comble !
Notre langue française, forte de sa diversité et de sa promesse de vivre-ensemble, fait notre distinction et notre richesse. Voilà l’accent de Montréal“.

Rappelons-nous : quand sont apparus les walkman, les Québécois ont trouvé “baladeur” ; aujourd’hui, ils utilisent “courriel” plutôt que “email”.
Il n’est pas question de tout rejeter : les langues évoluent en picorant dans les pays voisins… mais de là à tout accepter…
 

L'herbe pour les lapins

Photo A. Abbe
Dans mon enfance, je voyais chaque soir rentrer chez eux des agriculteurs chargés d’un sac d’herbes destiné aux lapins. “Faire d’erba” un petit boulot supplémentaire après la journée de travail.
 
La dernière fois que j’ai vu un homme muni de son sarcloir remplir un sac d’herbages… c’était à Rigaud (Alpes Maritimes) il y a une trentaine d’années (photo).
À croire que les ruraux n’élèvent plus beaucoup de lapins ou qu’ils leur donnent des aliments venus d’ailleurs.
 
Gloire au lapin ! C’est son année en Chine mais pas au Vietnam.
 
André Abbe
 
 
Maryse Laugier
L’été, de bonne heure le matin, j’allais aussi avec ma grand-mère ramasser de l’herbe pour les lapins !
 
Claude Boyer
J’accompagnais souvent ma mémé “faire de l’herbe” pour les lapins. Elle en profitait pour ramasser la salade sauvage, cousteline, rampouchou pour accompagner les “tourdre” (grives) que pépé avait tuées “à l’agachon”.
[agachon → poste de chasse à l’affût]
 

Volpine Volpe
Mon grand père cultivait un carré de luzerne pour ses lapins. Je n’avais pas le droit d’utiliser la faux ou la faucille pour la ramasser quand je voulais aider, alors j’y allais plus tôt que lui car j’adorais ces outils.
(Oui je me suis fait surprendre et engueulée proprement !)
À la fin, il a renoncé à en élever…

Je m’étais prise d’amour pour un jeune lapin un peu faible et à l’écart que j’allais caresser tous les jours.
 
Un dimanche, le lapin était cuisiné et, au moment de manger, j’ai été prise d’un doute :
Pépé, c’était lequel ?
Oh tu sais : le jeune là, un peu faible !
J’ai tellement pleuré que personne n’a mangé le plat.
Et ce fut la fin des lapins !
 
Ensuite on a gardé le carré de luzerne pour les poules et les petits lapins nains que j’ai reçus en compensation du trauma en civet.
 
Un autre souvenir de petits jobs en sus, c’est le ramassage de seaux entiers d’escargots blancs grimpeurs de grillage pour les canards… Je voyais d’autres personnes le faire dans la campagne… j’aimais bien ça aussi…
 
Cyril R. Vergnaud
J’ai aussi des souvenirs de la luzerne pour les lapins (et autres animaux) et des orties pour le cochon.
Les hommes utilisaient une faux “ ‘na daïo“(la dalha) ; les femmes et les enfants une faucille ” ‘na faousse” (una fauç).
 
 
Reportage-Photos : Claude Boyer
Samedi 14 mai
Roquebrune-sur-Argens
 
En présence de son petit-fils Nicolas, a eu lieu
l’inauguration de la commémoration
Marcel Pagnol
 
Un voyage des collines du Garlaban au Rocher de Roquebrune.

 

Toutes les informations
sur cette page.

 

 

16 mai : Le festival de Cannes ouvre ses portes.

Voilà l’occasion pour les cinéphiles de parfaire leur savoir cinématographique en se rendant à Draguignan pour faire connaissance avec Alice Guy.
  • daction Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    François Abbe
    Marie-Odile Beraud
    Claude Boyer
    Philippe Ferréol Rebuffel
    Maryse Laugier
    Jeanne Monin
    Jean-Philippe Tinois
    Cyril R. Vergnaud
    Volpine Volpe

  • Mise en page
    Jeanne Monin

Passadoc