La Gazette de Passadoc – N° 110

L'hebdo 110

Le carnaval…

LE CARNAVAL

Moment de liesse… on danse dans les rues, on chante, on se travestit et cela depuis fort longtemps puisqu’on retrouve les prémices de cette fête dans la Rome antique. À Venise, un document datant de 1094 mentionne “carnaval”.

Le bon peuple s’amuse, fête la fin de l’hiver, se réjouit du prochain printemps, se déguise en fou, en roi, se moque des puissants… Pendant quelques heures, sous le masque, les esclaves deviennent les maîtres !

On trouve des carnavals sur tous les continents même si les relier avec les traditions africaines, asiatiques ou amérindiennes soit assez complexe. Aujourd’hui, certains sont mondialement connus, tels ceux de Venise, de Rio… et de Nice bien sûr !

S’il ne fait pas de doute que “carnaval” est synonyme de réjouissances et de mascarades, l’origine du mot est plus nuancée. Pour résumer, disons que les étymologistes y voient carn-avale : lever la viande et donc manger avant les privations du carême.

Fouillons chez les écrivains :

– Elle est encore une fois fichue comme l’as de pique ! Non, quelle dégaine ! un vrai carnaval !
(Van der Meersch, Invasion.)
– 
Il y a un peu de carnaval jusque dans son sérieux. (Sainte-Beuve, Causeries du lundi).

Au cinéma, Baptiste –  noyé sous les confettis du carnaval – est happé par la foule dansante, bruyante pendant que Garance s’éloigne… Les Enfants du Paradis

Et chez les musiciens, voici Saint-Saëns et son célèbre Carnaval des animaux !

Et notre carnaval à nous dans tout ça ?

Patience… il arrive… Le voici en IMAGES !

Texte Jeanne Monin

Photos – Collection personnelle Guy Bouyer

Le carnaval : origine

Le point de départ de traditions, qui souvent résultent de la transformation de rituels antérieurs, est difficile à déterminer précisément.
 
Il y avait par exemple :
 
• Les “Sacées” dans l’ancienne Babylone (à partir du IIe s. av J.-C.), qui étaient des fêtes données en l’honneur de la déesse Anaïtis, avec inversion des rôles entre les esclaves et leurs maîtres.
 
• Les “Dyonisies” dans la Grèce antique, qui célébraient le dieu Dionysos (dieu de la vigne, du vin… et de ses excès) avec des processions très animées, des chanteurs et des danseurs (mais aussi du théâtre et des joutes oratoires).
 
• Les “Lupercale”, fêtes de purification de la Rome antique, célébrées du 13 au 15 février, en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.
 
• Les “Saturnales”, toujours dans la Rome antique, semaine de festivités très populaires en l’honneur du dieu Saturne pendant lesquelles les barrières sociales disparaissaient ; des repas étaient organisés, des cadeaux étaient échangés et les maisons décorées.
 
Christianisme et Carnaval
 
Dans sa volonté de s’imposer comme seule religion, l’Église a dans un premier temps lutté contre ces pratiques qu’elle considérait comme idolâtres. Puis elle les a progressivement récupérées et intégrées aux pratiques et croyances chrétiennes.
 
Ainsi, les traditions héritées des Romains ont donné la fête des fous, l’enfant-évêque et enfin le Carnaval. La fête des fous, qui est l’élection d’un roi de pacotille, marque l’inversion des rôles et le renversement des pouvoirs. Cette fête perdure aujourd’hui dans l’Épiphanie.
 
Autour de l’an mille, une temporalité chrétienne a commencé à s’imposer, départageant de façon stricte une période grasse et des jours maigres. Le moment du carnaval fluctue donc, car il s’aligne sur la fête de Pâques et le Carême, fixé à quarante jours dès le VIIIe siècle.
 
Les moments de libération par rapport aux contraintes sociales ou religieuses étaient considérés comme indispensables par les autorités, soucieuses de lâcher un peu de lest en certaines occasions pour éviter les risques de révolte. C’est ainsi qu’entre le XIe et le XIIIe siècle, on vit fleurir, pendant l’hiver, dans les campagnes et les villes, une gamme variée de pratiques carnavalesques.
Le Carnaval Provençal

Cet année, répondant à l’appel du groupe folklorique Tropézien « Lou Rampèu » qui signifie “rappel”, arlequins, pêcheurs ou matelots, venus de trois groupes folkloriques du Golfe, se sont retrouvés à Saint-Tropez le samedi 4 février dernier pour fêter le Carnaval Provençal, au son et rythme des groupes musicaux.

La Troupelenco, les Fifres et tambours (Saint-Tropez), Lei Magnòti (Sainte-Maxime) et L’Escandihado (Cogolin), et Lou Rampèu (Saint-Tropez) ont défilé à travers la ville pour terminer par le procès et l’exécution de Caramantran. Ce carnaval se déroule chaque année dans l’une des trois villes qui hébergent les groupes.

Qui est Caramantran ?

Caramantran est le personnage emblématique du Carnaval Provençal. Le terme provençal est la contraction de carême-entrant et correspond dans la tradition catholique au dernier jour avant les Cendres qui entame les 40 jours de maigre.

Caramantran est aussi le nom du mannequin qui, précédé par le cortège de ceux qui seront les juges et les avocats en robes noires et suivie par une foule bariolée, vêtue d’estrasses et gesticulante, va être porté sur un brancard et promené à travers rues avant d’être brûlé sur la Place Publique.
Ce bouc émissaire pouvait aussi prendre la forme d’une vieille femme, la chaude-vieille, dans la région de Saint-Rémy de Provence ; un chat à Gap ; une sorcière à Orcières ; le pailhassou à Nice.
 
Mais avant le châtiment il aura droit à un procès en bonne et due forme car il est accusé de tous les maux qui ont pu survenir pendant l’année dans la commune et alentours (épidémies, gel, sécheresse, mauvaises récoltes, inondations, impôts trop lourds, etc. ; il est tenu pour responsable de tout.
 
Puis le tribunal s’installe, le Président lit l’acte d’accusation, les habitants viennent témoigner contre lui, exprimer leurs doléances, les avocats de la défense prennent la parole “ce n’est pas la faute de Caramentran si …”. Mais il est forcément coupable et la sentence tombe. Il est condamné à être brûlé, parfois pendu puis brûlé.
La mise au bûcher est accompagnée d’un chant rituel.
 
Texte et photos de Patricia M. Renoux.
  • Les échos de la semaine

    Les citrons de Menton
    L’occitan et le catalan
    Auch.. on parle aussi le catalan
    Mais d’où vient le nom de Passadoc ?
    Daudet
  • La bibliothèque de Passadoc

Les citrons de Menton

En 1895, des hôteliers ont l’idée d’animer la ville en hiver. Le projet est retenu et dès 1896, le spectacle est dans la rue.

C’est d’abord un divertissement traditionnel : Moucouleti  ou Moccoletti, petites bougies que chacun tient dans la main ; un jeu consiste à souffler la flamme de la bougie du voisin en prenant bien garde de conserver sa propre bougie allumée !

Bien des années plus tard, un Mentonnais – encore un hôtelier – agrémente ses jardins d’une profusion de fleurs et d’agrumes… et l’idée descend dans la rue ! On décore des chariots d’arbustes (orangers et citronniers) et on défile dans les grandes artères.

1929 : Menton est reconnue comme “premier producteur de citrons du continent”. Cinq ans plus tard naît La Fête du Citron. C’est aujourd’hui un événement qui attire des milliers de touristes, Français et étrangers, ébahis devant l’originalité et les dimensions des sujets présentés.

Texte et photos Marie-Odile Beraud

L'occitan et le catalan

Notre hymne provençal, la Coup Santo débute ainsi :
 
Provençau veici la coupo
Que nous vèn di Catalan
 
Mais les choses ne sont pas aussi simples chez nos amis que leurs compatriotes espagnols désignent comme “catalan de buró” …que l’on peut traduire par “catalans têtes de mules”. En catalá si us plau ! (En catalan s’il vous plaît !).
 
Au Moyen Âge, l’occitan et le catalan étaient une seule langue. Peu à peu, les deux langues ont pris leurs distances. Les Catalans ont abandonné le “Oc” pour adopter le “Si” castillan.
 
Pour aborder le sujet de la langue catalane, il convient de faire mèfi car tous les gens qui parlent une forme de catalan ne sont pas catalans. Aucun souci avec les Catalans du Principat, capitale Barcelona.
 
Si vous dites aux insulaires des îles Baléares qu’ils sont Catalans étant donné qu’ils parlent catalan, vous serez mal reçus ! Vous serez encore plus mal reçus si vous dites aux habitants du païs valencian qu’ils sont Catalans.
 
Les plus hostiles aux Catalans vous diront que leur langue n’est pas du catalan mais de “l’occitan du Sud”. On parle aussi catalan en Sardaigne dans la ville d’Alghero (Alguer) et il est langue officielle de la principauté d’Andorre.
Est-il utile de rappeler que le catalan est parlé dans le Roussillon, capitale Perpignan ? Le traité des Pyrénées a séparé les Catalans du Nord et du Sud.
 
Décidément rien n’est simple quand il est question de catalan et des Catalans !
André Abbe
Photo A. Abbe - "Rue de la charité" - Majorque aux Baléares.

Auch... on parle aussi la langue d'oc

Auch… le pays de D’Artagnan… C’est la Gascogne et on y parle la langue d’Oc !
Texte et photos Claude Boyer

Mais au fait, d’où vient le nom Passadoc ?

21 h 40. Mais qui appelle ? C’est Christophe Malherbe. François Abbe raconte :
 
C’est avec lui que nous avons inventé le nom Passadoc. C’était en 2014.
 
Ce soir-là Christophe est loin, quelque part au milieu du désert (il voyage énormément). Internet passe très mal. Mais la communication est assez bonne pour réfléchir ensemble aux noms.
 
André nous avait soufflé des verbes provençaux : c’est Passado qui sort, on ajoute “oc” comme l’occitanie (la région où se parle l’occitan, soit à peu près toute la moitié sud de la France). Et le tour est joué ! Merci Christophe, fidèle de Passadoc et de ses racines provençales depuis le début du début !
 
François et Christophe

Daudet...

Peu à peu, il devient célèbre tant par ses frasques et ses amitiés que par ses œuvres littéraires.

Bien avant cela, il rencontre Julia… Alphonse est amoureux et Julia est loin d’être insensible au charme de ce garçon “à la chevelure insensée, au regard inoubliable, au front de poète” !

Jeanne Monin

Photo Claude Boyer
  • Rédaction – Passadoc. Ont participé :
    André Abbe
    François Abbe
    Marie-Odile Beraud
    Claude Boyer
    Guy Bouyer
    Jeanne Monin
    Patricia M. Renoux

  • Mise en page
    Jeanne Monin

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