L'hebdo 107
L’olivier et les olives
C’est un arbre millénaire, quasi mythique.
Les fouilles archéologiques trouvent sa trace 8 000 ans avant J.-C. [certains disent 14 000 !]. En zones méditerranéennes il est partout ; il fut cultivé dans toute l’Asie mineure.
Il est présent dans les trois grandes religions monothéistes : la Torah, la Bible, le Coran. Dans l’un des livres, il est dit que “l’olivier est le premier des arbres” ; on le retrouve dans le jardin d’Éden, près du pommier “interdit”.
C’est un rameau d’olivier que la colombe (la paix) apporte à Noé, lui signifiant ainsi que la terre est proche et que le déluge est terminé.
Autres symboliques :
– la force : l’écorce est rude, épaisse.
– la victoire : aux jeux d’Athènes, on déposait une couronne de feuilles d’olivier sur la tête des vainqueurs.
– la longévité, l’espérance : l’arbre qui existe depuis si longtemps est dit “éternel”.
Quand les grands navigateurs espagnols et portugais partent à la découverte du nouveau monde, ils l’emportent dans leurs bagages ; il s’épanouit aujourd’hui en Argentine, au Pérou, au Chili, au Mexique et en Californie ; il pousse également en Australie et au Japon.
Il semble que le plus vieil olivier au monde se trouve à Vouves, en Crête : il aurait 3 000 ans [certains disent 4 000 !]. Haut de 7 mètres, un tronc près de 15 mètres de circonférence, il produit encore près de 300 kg d’olives tous les deux ans. Selon les scientifiques, son fructification remarquable est due aux conditions du sol et au soleil crétois. Est-il besoin de préciser que l’huile extraite de ses fruits a des qualités exceptionnelles ?
Ah ! l’huile d’olive… Dans la Grèce antique, elle soigne les courbatures, les ulcères, le choléra… Aujourd’hui, elle réduit les risque de maladies cardio-vasculaires, elle prévient toujours les ulcères, favorise la croissance, recule le moment d’une éventuelle sénilité… et elle fait merveille sur la peau ! Bref, hors l’huile d’olive, point de salut !
– Et notre huile à nous dans tout cela ?
Patience… elle arrive* !
* Recherches dans divers articles : Jeanne Monin
Mal conseillé par l’expert oléicole de l’après 1956, mon père avait planté une variété d’olives de table, la Sigoise, venue d’Afrique du Nord, mal adaptée à notre sol et à notre climat. Fatale erreur. Une année sur deux, nous achetons notre huile d’olive chez les marchands.
Veirem l’an que vèn… Autrement dit : ” On verra l’an prochain” !
Claude Boyer : Voilà qui me rappelle un séjour en Afrique, au Mali plus précisément.
Nous faisions construire divers bâtiments à Katibougou, au sud de Bamako sur la route de Guinée. Ce village est à environ deux kilomètres du Niger ce qui nous facilitait la tâche pour nous procurer l’eau nécessaire au ciment sans pomper dans les puits vitaux pour la vie du village.
Cette aventure n’est pas très passadocienne, mais c’est celle d’un Provençal au Mali qui s’est posé les mêmes questions qu’André.
Jacqueline Marvier se souvient :
– Quand ma mère faisait des ménages, une heure de travail lui permettait d’acheter un litre d’huile.
À propos d’huile d’olive… Trouvé chez Abbe.Photo :
– Qui prépare ses olives “maison” ? Quelques mois plus tard, voilà le résultat ! Un délice.
Patricia Jouve :
– Moi ! Rinçage, égouttage, séchage, assaisonnement ail thym et huile d’olives de Nyons.
Marie-Dominique Germain :
– Oui, toutes les années ! Je les mets dans le gros sel…
Jean-Pierre Violino :
– Moi aussi ! Chaque année je fais mes propres olives au sel !
Lune vieille… lune jeune…
Les grands-mères
Le Pont de la Mariée
Les “masco” de l’ancienne Provence
Lune vieille... lune jeune...
En gros, on plante dans le sol de lune montante, on taille au-dessus du sol de lune descendante… et on “va au coiffeur” (on coupe les cheveux) à la lune vieille : ils pousseront moins vite. Il n’est pas question de la pleine lune, c’est avant et après qui compte.
Les grands-mères
Trois portraits de femmes de Provence.
“Elles ne sont que deux sur cette photo du journal Le Méridional d’octobre 1960 mais je vais vous parler de trois dames de Provence du temps jadis. Elles n’ont brillé dans aucun domaine sinon dans mes yeux d’enfant, du moins pour deux d’entre elles car il y en a une que je n’ai pas connue, ma grand-mère paternelle, la pauvre est morte bien jeune en 1934 ; hélas je n’ai aucune photo d’elle.”
Le Pont de la Mariée
En général les noms de lieux proviennent d’événements fort anciens mais là ce n’est pas le cas.
– Une jeune mariée est tombée du pont le soir de ses noces ; aucun rapport avec notre histoire territoriale !
C’est la “petite” histoire locale, proche de la légende… “On raconte que…”
Les "masco" de l'ancienne Provence
Une croyance ancestrale
Aujourd’hui plus personne n’y croit, enfin… je pense. On n’utilise plus cette expression que pour désigner quelqu’un qui “fait la brègue” (la moue), c’est-à-dire qui vous regarde avec de petits yeux méchants.
Pourtant nos anciens y croyaient dur comme fer et leur seule évocation suffisait à inquiéter les plus téméraires. La croyance en leur existence était tenace, même jusqu’au XXe siècle.
Belle histoire !
Pour un peu, on frissonnerait comme quand – enfants – on lisait des contes emplis de fées maléfiques, d’enchanteurs cruels et de gnomes grimaçants.
“La croyance en leur existence était tenace, même jusqu’au XXe siècle”. Alors on est sauvés puisqu’on est au XXIe ! Loin de nous les sortilèges, les envoûtements !
Les “masco”… peut-on les appeler “jeteurs de sort” ?
Comme ceux de Dumas [Le Capitaine Aréna]
– Sorcière ? reprit-il : docteur, en êtes-vous bien sûr ?
– Sûr comme de mon existence ; c’est une fille sans père ni mère d’abord. Puis, voyez-vous, elle a été élevée par un vieux berger, un jeteur de sorts, un empoisonneur enfin.
ou de George Sand [Daniella] :
– Un autre berger, son voisin de paillis, est gettatore, jeteur de sorts, et lui fait mourir ses moutons.
Les bergers de Provence – ceux qui contemplent les étoiles avec Daudet – seraient-ils plus « masco » que les autres ?
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Jeanne Monin