JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2022
Femmes de Provence : les coups de coeur de l'expo photo
Six guides ont fait visiter l’exposition « Femmes de Provence » pendant les journées du patrimoine en septembre 2022. Nos six bénévoles ont choisi parmi les 63 photos exposées d’André Abbe. Ils racontent leurs photos préférées et les anecdotes qu’elles évoquent.
Récits de Christèle Henriot, Nadia Nanot, Nadine Bérenguier, Jean-Pierre Serra, André Abbe et François Abbe.
6 GUIDES, 6 PHOTOS COUP DE COEUR
Une femme apporte des fleurs à la Bonne Mère dans la Vallée du Cians – Septembre 1995 – Photo André Abbe
Ce que j’aime dans cette photo, c’est le mélange des mondes et des modes. Elle montre d’un côté une dame âgée en train d’honorer la Vierge Marie en déposant des fleurs au pied d’un oratoire, pratique qui dénote son appartenance à un monde catholique et traditionnel. D’un autre côté s’immiscent dans ce monde des objets d’un autre âge, un sac de supermarché en plastic, et des baskets de marque Converse, symboles de modernité qui contrastent avec les valeurs que représente cette dame. Cette juxtaposition quelque peu insolite m’a interpelée.
Nadine Bérenguier
Le cadrage, la couleur (qui ressort tellement mieux sur papier), l’action. Tout me plaît dans cette photo.
C’est la femme de pêcheur qui assiste son mari. On est dans les années 80. Beaucoup de femmes avaient leur propre métier. Mais là on est dans l’accompagnement du métier du mari. Et cette femme y met tout son cœur. Cela donne une dimension collégiale à cette histoire…
Christèle Henriot
Remaillage des filets à Villefranche sur Mer (Alpes Maritimes) par Mme Roux, épouse de pêcheur, sur le quai du port – 1995 – Photo André Abbe
Une source dévale de la roche brune. Les femmes de Roquebrune viennent avec leurs grands cabas. Le doux bruit de l’eau les accueille, et laisse place peu à peu aux coups vifs des battoirs où se mêle le chant que fait le ruisseau si tôt. C’est une forte harmonie qui les unie. Sur la rive bénie, à genoux sur le roc, les pieds nus et nu-bras, les femmes au teint buriné, le visage las éclairci par le soleil naissant du printemps.
Le temps suspendu, une lessive dans la large bassine de fer déposée dans l’herbe fraîche. Bientôt bleuie par cette source encore froide, ce matin clair, la Maurette tend ses bras, les accueille faisant teinter les longs filets d’eau dans cet espace transparent. Il offre la promesse d’un temps de palabre.
À l’ombre des grands arbres, elles y passeront la matinée et repartiront s’occuper de la marmite. Le repas est prêt… Certaines se chargent du linge pour d’autres, tandis que la source fait un doux bruit de clochettes tremblantes que les rires et parfois les dires de misère viennent s’étaler comme pour exorciser les journées écoulées.
Bientôt la source viendra apaiser les maux de ces mères, de ces femmes qui se retrouvent à la Maurette… Le ruisseau reprend son cours avec des promesses de s’en raconter d’autres très bientôt. Le cœur apaisé et le linge à sécher, ces femmes avec la grâce d’un tableau de mai reprennent leur fardeau, laissant filer le matin qui s’étire, laissant l’écho des battoirs.
Le cœur plus léger, leurs beaux bras encore ruisselants de gouttelettes d’eau, sous le soleil de midi.
Nadia Nanot
Toujours émouvant pour moi de retrouver cette Maison Familiale datant du 16e siècle, après avoir au préalable rappelé le passé millénaire de notre Village par une déambulation dans son Cœur Historique, et de pouvoir commenter les plus de soixante photos accrochées à ces murs chargés d’histoire … D’autant que cette année encore, bon nombre d’entre elles m’ont ramené vers des périodes de ma vie, chargées de magnifiques souvenirs, puisque les années 70 ont été « celles de mes 20 ans », les années 80 « celles de mes enfants » et les années 90 « celles de Premier Magistrat » de cette Commune où je suis « né », où j’ai grandi et où je vis depuis toujours…
Toujours aussi passionnant pour moi que livrer quelques anecdotes sur ces scènes de la vie quotidienne des Femmes de Provence, mais aussi sur certains de ces temps forts de la vie des villages de notre Commune, de notre Département voire de notre Région, comme d’ailleurs sur les activités ancestrales et/ou les traditions qui nous sont chères… D’autant que le groupe que j’ai guidé cette année, comprenait des femmes qui avaient partagé certaines de ces tranches de vie, mais aussi l’un de mes amis « troupelen », « felibre » et toujours acteur des traditions tropéziennes bien plus compétent que moi pour commenter les scènes de bravades et/ou de fêtes provençales…
Pas évident donc d’isoler, certaines des photos ou certaines des scènes de la vie quotidienne et de répondre aux exigences de cet exercice de restitution… Aussi, je retiendrai d’abord quelques-uns des temps forts que j’ai commentés avec des anecdotes plus personnelles…
Le premier est bien sûr le temps des vendanges, tant il a rythmé la majeure partie de ma jeunesse, pour l’avoir partagé avec des équipes diverses dans la plaine de l’Argens ou sur les coteaux roquebrunois, sécateur à la main ou « canestéou » sur l’épaule, voire même au volant d’un tracteur, ou encore dans l’entrepôt familial en chargeant et déchargeant les caisses pour les saisons des « raisins de cuve »…
Jean-Pierre Serra
Reconstitution de la Libération au Muy (Var) – Photo André Abbe
Cette photo d’André Abbe est intemporelle. Elle fait partie des rares photos numériques de l’expo « Femme de Provence ». La reconstitution de la Libération au village du Muy (Var) inspire. Elle inspire tellement qu’un nombre incroyable de visiteurs ont cru reconnaître un parent, voire un ancêtre.
L’anecdote la plus drôle : les couleurs font penser à une photo ancienne bien que la photo date des années 2000. Cependant, quelqu’un a reconnu un lointain parent. La personne pensait que la photo datait du 15 août 1944. Or le photographe est né le 17 août… 1944 (jour de la Libération de Roquebrune sur Argens !). Le mythe court toujours !
François Abbe
C’est une photo prise vers la fin d’un après-midi d’hiver, dans la garrigue d’Uzès. Elle a un aspect pictural, une lumière rasante qui joue dans les feuillages ; la bergère, élégante dans sa cape, et ses chèvres semblent prendre la pause. Et pourtant, comme d’habitude, je n’avais rien organisé, rien mis en scène (en supposant qu’on puisse faire poser des chèvres). Cette dame produisait des pélardons délicieux.
C’est aussi un souvenir de mes jeunes années, vers 1980, et de mes reportages dans les campagnes pour la presse agricole avec ma 4L fourgonnette.
Vous me direz que le pays d’Uzès n’est pas dans la Provence administrative. Mais on y parle le même provençal qu’en Arles et à Saint Rémy. Nous sommes dans le Gard provençal. C’est pour cela que je me suis permis de l’annexer.
André Abbe
Chevrière dans la garrigue à Bourdiguet (Gard) dans les années 80 – Photo André Abbe
Vos avis sur l'exposition "Femmes de Provence"
Très belle exposition ! Dommage que l'on n'est pas pu rencontrer André... Donc "à l'an que ven" en prouvencau ..... Merci encore pour ce bon moment de partage
Élise S.
Merci beaucoup ! Quelle belle exposition ! Ce qui est remarquable dans les photos d’André, c’est qu’il nous montre la Provence telle qu’en elle même, loin des clichés pour touristes et du bling bling. Des personnes que nous avons connues…. Et quelle émotion de retrouver ce beau village !
Philippe P.
Gramaci André !! Belle exposition !!!
Aline N.
QUELQUES PHOTOS DES JOURNÉES DU PATRIMOINE 2022
LE THÈME DE L'EXPO PHOTO 2023 BIENTÔT ANNONCÉ
Roquebrune en images, Femmes de Provence et après ?
Nous réfléchissons au thème, aux photographes à impliquer et également au financement de l’exposition.
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