La Gazette de Passadoc – N° 123

L'hebdo 123

La vipère du Mercantour…

Dangereux crotale ou inoffensif orvet*, d’une manière générale tout ce qui ressemble à un serpent n’attire pas la sympathie.

Il est pourtant vénéré chez les Mayas comme chez les Aztèques… C’est le serpent à plumes qui accomplit des miracles, qui crée la Lune et le Soleil. Dans ce pays aride qu’est parfois le Mexique, il est synonyme de fertilité.
Déifié, on construit à son image (ou presque !) une pyramide de 450 m de côté [base] et haute de 55 m, “hérissée de têtes de reptiles aux crochets acérés“.

Dans la mythologie grecque, le serpent – fils de la Terre – est doté d’un pouvoir de guérison. C’est la raison pour laquelle, enserrant une ancre, il figure sur les boutons des uniformes des officiers de Santé de la Marine (1798) et qu’il entoure les caducées (bâton de paix), emblèmes des médecins, pharmaciens, infirmiers, etc.
Le serpent est alors symbole de vie et de vigueur ; plusieurs fois par an il change de peau et semble retrouver ainsi une nouvelle jeunesse. De plus, il connaît les vertus des plantes médicinales.

En Inde et dans les régions voisines, serpent à sept voire mille têtes, il est grandement vénéré.

Dès qu’on aborde la mythologie chinoise, ça se gâte… Il est python monstrueux, dangereux, meurtrier, capable de manger des éléphants ! Idem en Égypte : la belle Cléopâtre meurt piquée au bras par une vipère-aspic lovée dans un panier de figues…

Et dans la Bible, pour avoir tenté Ève, il est à jamais maudit, condamné à ramper, à représenter le péché et le diable.

En littérature, quelques titres :

Le serpent d’étoiles… Jean Giono raconte : Une nuit d’été, sur le plateau de Malefougasse,…

Vipère au poing… Hervé Bazin. La tyrannique Mme Rezeau, surnommée Folcoche par ses enfants, inflige à ceux-là maintes punitions et humiliations.
“Folcoche ! regarde-moi donc, Folcoche, je te cause !”. Alors ton regard se lève de dessus tes nouilles à l’eau, ton regard se lève comme une vipère et se balance, indécis, cherchant l’endroit faible qui n’existe pas. Non, tu ne mordras pas, Folcoche ! Les vipères, ça me connaît.

Le Livre de la jungle… Rudyard Kipling. Dans le livre originel, le serpent Kaa est  ami de Mowgli ; avec Baloo et Bagheera, il vient en aide au petit homme. C’est Walt Dysney qui en fait un perfide !

Le Petit Prince... Antoine de Saint-Exupéry. Dans les toutes premières pages, Saint-Ex raconte qu’enfant, il dessina un serpent qui avait avalé un éléphant [tel le serpent chinois !].
J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur. Elles m’ont répondu : “Pourquoi un chapeau ferai-il peur ?”

– Et notre vipère du Mercantour à nous, elle est où ?

Patience ! La voici.

Jeanne Monin
Recherches sur de multiples sites.

*L’orvet, appelé “serpent de verre”, est un lézard apode.

Photo A. Abbe

En bas de cette photo prise il y a 45 ans, on aperçoit une vipère que Julien Raynaud (à gauche) vient de tuer sur les pentes du Mercantour.
Aujourd’hui, la vipère est une espèce protégée.

Pour Julien, elle était un nuisible car il lui arrivait de perdre une brebis qu’une vipère avait piquée.

En 1978, le loup n’était pas encore de retour et la vipère ne faisait guère parler d’elle. Les bergers se plaignaient des chiens errants.

Le statut de l’animal a bien changé. Il n’y a plus guère d’espèces nuisibles. Les rats qui surabondent à Paris ont pris le nom de surmulot. Ils deviennent utiles. Ils débouchent les canalisations.
Les chiens errants sont moins nombreux qu’autrefois sur nos alpages. Les maîtres sont plus conscients de la nécessité de ne pas les laisser s’échapper.

Il n’y a plus d’animaux nuisibles dans nos hautes montagnes. Pourtant certaines espèces sont menacées, chamois, bouquetins… La population de marmottes diminue. Le loup est protégé.

André Abbe

Noelie Rebuffel Huys
À Bargème, j’ai vu une fois un nœud de vipères … Peur bleue !…
Déjà 45 ans, c’est incroyable… le temps passe si vite.
 

Gisèle Laugier
En escaladant de rochers dans les gorges du Verdon, j’ai failli mettre ma main sur une vipère… La peur de ma vie !
En arrivant sur la route, des employés qui travaillaient là en avaient tué une ; elles n’étaient pas encore protégées. C’était au col d’Illoire
.

Claude Holyst
En l’occurrence, sur ce biotope, ce sont des vipères d’Orsini qui ne sont mortelles pour aucun mammifère. Elles ne chassent que des criquets… et elles sont effectivement protégées, on ne les trouve plus chez nous que dans les préalpes, du Ventoux à Grasse, en passant par Lure et le Haut Verdon.

Jeanne Monin
Couleuvre inoffensive ou vipère dangereuse ? On dit qu’entre autres différences, la vipère a la pupille fendue verticalement, alors que la couleuvre a la pupille parfaitement ronde :
Euh… tu veux bien me regarder s’ te plaît pour que je vois si je dois avoir peur de toi … ou pas ?
Sauf si on la dérange pendant sa sieste, la vipère s’enfuit ventre à terre quand elle perçoit la vibration de nos pas !

  • Les échos de la semaine
    Un quiz !
    En passant par Mantoue
    Hommage à nos éleveurs

     

  • Tous les samedis matin…

Un quiz !

QUESTION

Photo A. Abbe

Qui peut  dire où se trouve ce monument “Solelh d’Oc” que François Abbe – enfant ! –   escalade avec détermination ?

Il est je crois sur un parking d’autoroute en Languedoc. 

Pas sûr, pas sûr.

“Solelh d’Oc” est bien visible mais je n’arrive pas à lire ce qui suit.

André Abbe

RÉPONSE

Les Veilleurs Cathares

Bien visibles depuis l’autoroute A61 dans le sens Narbonne/Carcassonne, ces sculptures de Jacques Tissinier sont installées sur l’aire de Pech Loubat.

Francis Cabrel en a fait un sujet de polémique avec sa chanson “Les chevaliers cathares“.

Écoutons le troubadour…

François est arrivé tout en haut ! - Photo A. Abbe

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Les Chevaliers Cathares
Pleurent doucementAu bord de l’autoroute quand le soir descendComme une dernière insulteComme un dernier tourmentAu milieu du tumulteEn robe de ciment

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En passant par Mantoue...

En visitant Mantoue, la ville des grands luthiers du Nord de l’Italie, j’ai été heureusement surpris de constater que la Grand Place portait le nom de Sordello, un troubadour né dans cette cité.
 
Sordello – Sordel en occitan – a passé une partie de sa vie à Aups (Var) chez son protecteur le seigneur Blacas. Il était de langue italienne mais c’est bien entendu en langue d’Oc qu’il a écrit ses poèmes. Son plus connu est le planh sur la mort de Blacas.
 
Les personnages célèbres à Mantoue ne manquent pas mais c’est pourtant Sordello qui a été choisi.
 
Si on transpose cet exemple dans notre belle région Occitanie, il faudrait que la plus grande place de Toulouse porte le nom de Peire Vidal !
Je ne suis pas sûr que Peire Vidal ait une rue ou une impasse portant son nom à Toulouse. J’ai cherché sur Internet. Il existe une rue Paul Vidal, une autre Arnaud Vidal, mais Peire Vidal que nenni.
 
De part et d’autre des Alpes, la culture d’Oc n’a pas le même prestige. Dommage.
 
Vous trouvez peut-être que j’en fais un peu trop sur l’occitan, les troubadours ! Mais j’essaie d’attirer la “clientèle” qui s’intéresse au sujet. Tant pis si ça marche moins bien chez notre public habituel
 
André Abbe
Photo A. Abbe

Hommage à nos éleveurs.

Photo A. Abbe

La Cour des Comptes demande aux éleveurs de se débarrasser de leurs vaches.


J’ai été consterné par l’ignorance de cette très parisienne cour.
Obliger les éleveurs à diminuer ou supprimer leur cheptel, c’est les mettre au chômage. Une reconversion est tout à fait impossible. 

Chacun d’entre eux a investi des centaines de milliers d’euros de matériel qui deviendra inutile du jour au lendemain. Par ailleurs, il n’est pas question de faire pousser du blé sur des pâturages.

La Cour des Comptes n’a pas encore décidé de régler leur compte aux éleveurs de moutons et de cochons mais ça devrait arriver.

En hommage à tous nos éleveurs, voici une photo récemment numérisée par les soins de François Abbe.
C’était sur une foire aux jeunes porcs à engraisser dans le Limousin, il y a près de 50 ans.

André Abbe

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  • Rédaction Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Holyst
    Maryse Laugier
    Jeanne Monin
    Noelie Rebuffel Huys

  • Mise en page
    Jeanne Monin

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