La Gazette de Passadoc – N° 119

L'hebdo 119

Loup … qui es-tu ?

 

Le loup… Les plus anciennes traces de son existence sont relevées sur le continent américain et sont datées d’il y a quelque 2 millions d’années.

Le temps passant, on le retrouve un peu partout en Eurasie ; il fait partie de l’histoire des hommes qui l’apprivoisent capturant de jeunes louveteaux, et préparent ainsi les races de chiens actuelles.

Il connaît des fortunes diverses :
– Déifié en Égypte : Anubis, le “chacal blanc” qui connaît tout des techniques de l’embaumement.
– Louve nourricière à Rome : Luperca allaite Romus et Romulus.
– Louve nourricière également chez Rudyard Kipling : Raksha recueille Mowgli (Le Livre de la jungle).
– Il est Croc Blanc chez Jack London et fils d’une mère mi-chienne mi-louve et d’un père loup ; il hait les hommes jusqu’à ce que…

Dans la Grèce antique, ceux qui abattent certains loups (les dangereux évidemment !) reçoivent des primes ; ainsi commence le folklore de la bête féroce.

En Europe, au Moyen Âge, le loup n’est pas considéré comme un animal cruel et sanguinaire. Mais à cause de famines répétées, les greniers sont vides et le gibier se raréfie dans les forêts ; les loups viennent trouver nourriture dans les villages et deviennent voleurs de poules, croqueurs d’animaux domestiques affaiblis, etc.

Il apparaît réellement antipathique à partir de la Renaissance : il est alors l’image du mal et son cas ne va pas s’arranger avec :
– Charles Perrault et Le Petit Chaperon Rouge,
– Jean de La Fontaine et Le loup et l’agneau,
-… et l’ignoble bête du Gévaudan.

Il devient alors le grand méchant loup dont certains parents menacent les enfants : Si tu n’es pas sage (variante Si tu ne finis pas ta soupe), le loup va venir et te manger ! … Éducatif et rassurant, n’est-il pas !

L’inexorable chasse est commencée… À celle-là s’ajoutent la déforestation et l’urbanisation : on lit qu’en 1937, le loup est totalement éradiqué en France… pour revenir en 1992 ! Il arrive d’Italie et s’installe dans le Mercatour ! Au XXIe siècle, il ne resterait que 300 000 individus dans le monde, principalement dans les grands espaces sauvages, les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Un programme de sauvegarde les a réintégrés en Amérique du Nord. 

Des individus ont été recensés en Occitanie ; les meutes étendent leurs territoires sur la région, comme le signalent des éleveurs touchés par les prédateurs. Et naissent les polémiques :

Le loup est un chasseur qui ne tue que pour se nourrir ! affirment avec une certaine raison les défenseurs des loups.

Certes… mais alors pourquoi ces brebis “seulement” égorgées retrouvées près d’une seule carcasse dévorée ? Les scientifiques l’appellent “l’abattage en surplus” et l’expliquent ainsi :  les moutons domestiqués ont perdu le réflexe de la fuite et pris de panique, s’agitent en tout sens.
S’il chasse le chevreuil en forêt, le loup n’attaquera qu’un seul individu… parce que les autres détalent aussi vite qu’ils le peuvent !

Du loup, viennent bien des expressions, telles :
Un froid de loup,
– Hurler avec les loups,
– Connu comme le loup blanc,
– À la queue leu leu
–  ……

Quelques comptines : “Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas“… et quelques chansons (A. Vidalie – L. Bessières) : 

                    ♪♪♪♫♫♪
                    Les loups, ouh-ouh, ouh-ouh,
                    Les loups étaient loin de Paris,
                    En Croatie, en Germanie,
                    Les loups étaient loin de Paris
                   J’aimais ton rire, charmante Elvire
                    Les loups étaient loin de Paris
                    ♫♫♪♪♫♫♪

– Et notre loup à nous, il est où ?

Patience ! Il est là, tout près de Roquebrune !

Jeanne Monin
Recherches sur une dizaine de  sites divers.

Photo A. Abbe
À deux pas de ma ferme, un loup vient de manger une chèvre.
 
Depuis plusieurs mois, nous savons que les loups sont arrivés jusqu’à la mer sur la côte des Maures (Var).
 
À plusieurs occasions, des loups ont été filmés par des caméras à infrarouge qui se déclenchent la nuit quand un animal passe dans leur champ de prise de vue.
 
Les loups s’attaquent aux moutons, aux chèvres mais aussi aux sangliers. Ils ont une méthode bien à eux pour déchiqueter les carcasses qui est leur signature. Ils s’attaquent aux marcassins et aux jeunes car ils n’auraient pas le dessus contre des sangliers adultes. Il se trouve que, trop nombreux, les sangliers font beaucoup de dégâts dans les cultures. De là à penser que les loups peuvent être utiles, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas.
 
Les loups peuvent à l’occasion s’attaquer aux humains mais le sujet est tabou…
 
André Abbe
 

Marie-Odile Beraud
Par expérience, des chiens s’attaquent aussi aux troupeaux. Des brebis et agneaux ont eu ce triste sort dans le quartier où tu habites André ; c’était des labradors que leurs propriétaires ont vu revenir avec du sang sur eux, et ont prévenu les flics…

Le troupeau était à mon frère donc je sais de quoi je parle. Je ne suis pas pro loup, peut-être je fais partie “des connards qui devraient finir bouffés par des loups” car je pense qu’il y a de la place pour eux aussi, comme pour les ours dans les Pyrénées ….

 

Maryse Laugier
Je ne rentrerai pas dans le débat “loups – sangliers”… mais la statue est belle !

Alain Cathala
En Isère les loups approchent les habitations et n’hésitent pas à s’attaquer aux humains…

 

Patrice Gulder
La prolifération des sangliers, voire des cochongliers, est aussi le fruit hasardeux des manipulations des chasseurs qui ont croisé des cochons et des sangliers pour un meilleur taux de reproduction...

 

Marguerite Ughetto
Dans la Drôme,  agriculteurs et forestiers en rêvaient, les loups l’ont fait !
Lire l’article

  • Les échos de la semaine
    Le patecq
    Les débats interdits
    Le Premier Mai !
    1900 : cap sur la Chine

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Le patecq

Les passionnés des traditions provençales et plus particulièrement varoises doivent connaître ce droit de copropriété qui permet à un certain nombre de familles de faire usage d’un espace rural…

Il s’agit du patecq qui permettait à ses bénéficiaires de fouler le blé ou les pois chiches sur une aire de battage. Ce droit n’est pas reconnu par des nouveaux propriétaires soucieux de ne rien devoir à personne chez eux. Il y a eu des procès qu’ils ont en général perdu. Le droit de copropriété demeure, semble-t-il.

Au Rayol (Var), il en existe un vaste espace circulaire, avec une vue magnifique sur la mer, appelé Patek. Le “k” à la place de “cq” a été choisi – je suppose – pour donner plus de prestige à l’endroit.

Ne manquez pas de vous y rendre.

André Abbe
Photo A. Abbe

Jean-Jacques Murat
Estrani que lo TDF (1869-1886), a son entrada “pategue, patec, pateigoul”, oblida de mencionar aquesta nocion de drech d’usença provençau…

Gisèle Penat-Laborde
Me rappelant avoir lu certainement à la bibliothèque de la fac de droit de Draguignan, ou ailleurs, alors que j’étais confrontée à l’usurpation de divers droits de passage (anciennes drailles – une autre spécificité du droit coutumier de Provence, la draille de transhumance, ou chemin de carraire, est une voie grevée d’une servitude de passage au profit des propriétaires et conducteurs de troupeaux transhumants – quasi même problématique qu’avec un patecq et source de gros problèmes juridiques) et autres pataquès du genre, il y a bien une vingtaine d’années déjà, un article traitant des patecqs, dans lequel il était fait référence à un ouvrage « les patecqs en Provence » écrit par Monsieur Doublat, notaire et berger, professeur agrégé de droit à la fac d’Aix-en-Provence, j’ai refait quelques recherches.

J’ai retrouvé l’existence de cette publication Les patecqs en Provence, mais publiée par Me Corinne Doublat, notaire à Lorgues. Mémoire rédigé lors de ses études de droit/notariat. Information.
 
Je pense qu’il y avait peut-être quelques confusions et erreurs sur cet ouvrage mentionné dans cet article déjà ancien, avec cependant un lien de parenté incontestable de l’auteur présumé, avec Me Corinne Doublat. Il est possible qu’on puisse donc encore se procurer ce petit ouvrage, fort utile.
 
Paru également dans le Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du département du Var/1999-2000, tome XL, p. 123-135.
 

Pour exemple :
– Il y aurait quelque 21 patecqs sur les communes de la Garde-Freinet et le Plan de la Tour,
– 5 patecqs sur la commune des Mayons, rien que sur deux petites communes varoises 26 patecqs,
– On peut facilement imaginer le nombre de patecqs non reconnus non seulement dans le Var mais dans toute la Provence ; peut-être aussi ailleurs sur tout le territoire national.

Lorsqu’on connaît la valeur foncière de nos jours, il est donc important de s’intéresser de près à ce sujet, afin de connaître ses droits et obligations et éviter des contentieux inutiles et coûteux, même si c’est une survivance désuète d’un usage rural et agricole ancestral.
 
François Nardou
En Pays d’Oc aquitains, garonnais, on dit “Lo Sol” (Lou soul) pour désigner l’aire de battage.
Et il arrive que l’on trouve des lieux dits “Pàtus del Sol” (Pâtuss del Sol) ce qui revient à dire “Place”, ou “Aire” de l’aire de battage” (répétition due à ce que “Pàtus” désigne toute placette…).
Un Pàtus peut être commun aux riverains lorsque ceux-ci forment un “Vezinal”(communauté de vezins/voisins)(Vezins se prononce “béziss” avec le “Z/J” à la portugaise particulier à l’occitan du Bassin Aquitain).
 

Les débats interdits

Cinq maires des Pyrénées Orientales se sont retrouvés devant le Tribunal administratif pour avoir osé permettre que des débats aient lieu en catalan au cours du Conseil municipal. La traduction en français était assurée mais cela n’a pas suffi.
 
S’exprimer dans la langue du pays pour évoquer les problèmes du pays n’est pas permis. Incompréhensible !
 
Laura Bauràs, présidente du parlement de la Généralité de Catalogne est venue apporter son soutien aux maires devant le tribunal.
 
Dans les provinces de Lleida et Girona voisines, le catalan est langue officielle… Un peu d’harmonie linguistique entre les deux côtés de la frontière d’états serait bienvenue. La France et l’Espagne sont toutes deux membres de l’Union Européenne.
 

André Abbe

Annie Bonnafoux
Art. 2 de la Constitution : la langue de la République est le français.
La commune est la plus petite division de la République. Donc on utilise obligatoirement le français aux seins des institutions de la République.

Le parallèle n’a pas lieu d’être avec l’Espagne. On peut défendre une identité régionale, mais elle ne saurait se substituer aux règles qui régissent un pays et qui s’imposent à tous les citoyens.

Le Premier Mai !

Le bonheur du Premier Mai c’est un peu comme les vœux de bonne année du Premier Janvier : on n’est pas certain que ça marchera, mais ça ne peut pas nuire !
 
Glané çà et là :
Originaire du Japon, le muguet arrive en France au Moyen Âge. Ce “lys des vallées” a la réputation de porter bonheur : plus il y a de clochettes sur le brin de muguet, plus la chance sourit à son bénéficiaire. Les plus superstitieux diront même que seuls les brins de muguet qui possèdent treize fleurs portent véritablement bonheur !
 
Dans la Drôme, du côté de Saint-Paul-Trois-Châteaux, on raconte que “Catherine de Médicis serait venue en 1560 avec son fils Charles IX” alors âgé de dix ans. Une visite contrainte car “la reine-mère et son fils devaient se rendre à Avignon mais on leur a refusé l’accès à la ville”, sur un fond de tensions entre les catholiques et les protestants.
Le propriétaire de l’établissement à l’époque [l’hôtel particulier l’Esplan], le chevalier Louis de Girard de Maison Forte, honoré d’accueillir un personnage royal “offre un brin de muguet à Catherine de Médicis. Elle le ramène à la cour et Charles IX décide d’instaurer cette tradition, d’offrir aux dames un brin de muguet le premier mai“.
 
Histoire similaire :
Selon la tradition, offrir du muguet le 1er mai remonterait au XVIe siècle.
À la Renaissance, Charles IX aurait lancé cette mode après avoir reçu de la part du chevalier Louis de Girard, un brin lors d’un premier mai.
 
Il faut attendre 1941 pour que le Premier Mai soit férié*. Philippe Pétain déclare ce jour Fête du travail et jour de la concorde sociale avec l’espoir de rallier les ouvriers au gouvernement de Vichy. Pas gagné !
 
Cela dit, il ne faut pas oublier que “en 1886, plus précisément dans l’état de New-York, chaque 1er mai avait lieu un bouleversement général de la classe ouvrière du fait du renouvellement des contrats de travail pour une durée d’un an“.
Et le 1er mai 1886, des milliers d’ouvriers défilent dans tout le pays pour cette seule revendication. À Chicago, quelque quarante mille ouvriers sont en grève.
Le 3 mai, un affrontement entre briseurs de grève et grévistes fait malheureusement 4 morts. Un meeting est organisé le lendemain. À la fin de la manifestation, une bombe éclate. Trois ans plus tard, il “est déclaré qu’il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes, le jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail.
 
* Le jour devint férié, chômé et payé en 1947.
 
Texte : Jeanne Monin – Photos : Collection personnelle de Marie-Odile Beraud

1900 : Cap sur la Chine

Lointain souvenir d’un éphémère territoire français dont la capitale était Fort Bayard (ne pas confondre avec l’île Fort Boyard !)
 
Qui est donc ce beau soldat de la “Colo” (armée coloniale), aujourd’hui appelée “troupes de marine” ?
Vers 1900, ce jeune homme originaire du Var est parti faire son service militaire en Chine. Cette photo est remarquablement conservée 120 ans après.
Chapeau au photographe A. Nang !
 
Le territoire de Kouang-Tchéou-Wan (1 300 km2) a été prêté à la France en 1898. Rattaché administrativement à l’Indochine, il se trouvait sur la péninsule Leizhou (Chine du Sud). Il a été restitué à la Chine en 1945. La France voulait concurrencer la Grande Bretagne qui possédait Hong Kong et le Portugal avec Macao, mais le manque d’argent a fait capoter le projet.
 
Aujourd’hui Fort Bayard s’appelle Zanjiang, un des plus grands ports de guerre chinois.

 

Ce soldat devait être un parent proche. En effet, la famille nous avait fait cadeau de la photo qui devait coûter très cher à l’époque.
Mon père François Abbe (né en 1906) m’avait dit qu’il s’agissait de Louis Brinès, né au Puget-sur-Argens, cousin germain de sa mère Marie Gautier. Mais le petit-fils de Louis, Jean-Marie, à qui j’avais montré la photo ne l’a pas reconnu.
 
André Abbe
  • Rédaction Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    Marie-Odile Beraud
    Annie Bonnafoux
    Alain Cathala
    Patrice Gulder
    Maryse Laugier
    Jeanne Monin
    Jean-Jacques Murat
    François Nardou
    Gisèle Peinat-Laborde
    Marguerie Ughetto

  • Mise en page
    Jeanne Monin

Passadoc