La Gazette de Passadoc – N° 118

L'hebdo 118

Le long des routes…

[J’en]… connais tous les chemins, ceux qui montent parmi les chênes pour rejoindre, au sommet, la route qui épouse le tracé d’une voie romaine, et ceux qui s’égarent sous les noisetiers*…

Les chemins ont commencé d’exister quand l’homme s’est sédentarisé. Sans remonter à l’âge des cavernes, parcourons quelques voies romaines dont on connaît des vestiges dans quasi toutes les régions de France.

Sur les quelque 100 000 km construits, ne retenons que la plus ancienne : la via Domitia qui relie les Alpes aux Pyrénées, inaugurée – lit-on – en 118 avant J.-C. par Domitius, consul à Narbonne.

Sautons les siècles pour rencontrer Trudaine qui développe le réseau des voies royales, les pourvoit de poteaux indicateurs et de bornes kilométriques ; à celles-là, vont succéder les voies impériales, Napoléon I et Napoléon III obligent ! Les routes vont être classées départementales, puis nationales qui toutes auraient – dit-on ! –  leur point zéro sur le parvis de Notre-Dame (Paris).

          ♫♫♪♪♫
          De toutes les routes de France d’Europe          Celle que j’préfère est celle qui conduit          En auto ou en auto-stop          Vers les rivages du Midi…
          Nationale 7**
          ♪♪♫♪♫

C’est André Michelin qui sème les bornes le long de nos routes ; elles sont chapeautées de jaune pour les départementales et de rouge pour les nationales ; toutes ont un numéro, des noms de localités ; ce qui rend bien service aux voyageurs et met fin – ou presque ! – à ce genre de dialogues :

– Dites-moi… d’ici, comment gagne-t-on Roquebrune ?
– À la sortie du village, suivez le chemin de pierres ; au grand chêne, prenez à droite. De loin, vous apercevrez une bastide blanche … vous êtes presque arrivé…

– Et notre route à nous, elle est où ?

Patience ! Elle est là, tout près, au milieu de Bormes-les-Mimosas !

* Jeanne Cressanges – femme de lettres, scénariste-dialoguiste, essayiste et romancière.
** Chanson de Charles Trenet.

Jeanne Monin

Photo A. Abbe
Pour visiter les beaux villages de la côte varoise, choisissez l’hiver.
 
J’étais le seul visiteur de Bormes (les Mimosas sont un ajout récent) en ce matin de décembre et j’y ai pris un grand plaisir…
 
Ma dernière visite remontait aux années 90, à l’occasion d’un tournage pour France 3. Le vieux village et l’église ont été restaurés avec goût mais l’ensemble m’a fait penser à un décor de théâtre.
 
J’ai revu la rue “Rompi cuou” et apprécié la présence de la pancarte en provençal. Moins la langue est présente dans les maisons, plus on la trouve sur les murs de nos rues, preuve que les gens du pays sont sensibles à cette perte.
Les noms en provençal en gardent le souvenir.
 
De nombreux villages ont une rue “rompi cuou” (casse cul), ce sont des rues très pentues où on a vite fait de se retrouver le cul par terre…
 
André Abbe
 
 
Jean-Jacques Murat

E perqué pas “carriera rompE cuou” que, se siam nosautre que cabussam, es ben ela que nos lo fai rompre lo cuou…
(Et pourquoi pas “rue casse (rompE à la 3e personne du singulier) cul” car si c’est nous qui tombons, c’est elle (la rue en pente) qui nous le fait casser …
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La plus illustre des Toulonnaises !

À la plus illustre des Toulonnaises !
 
Par le plus grand des hasards, j’ai appris qu’au début de sa carrière, Mireille Darc avait joué “Mirèio” de Frédéric Mistral, en provençal bien sûr, à Saint-Rémy, sous la direction de Jean Deschamps.
 
Dans les années 70, elle est devenue la star des grandes comédies du cinéma français. Je ne manque pas une occasion de la revoir dans “Les Barbouzes“.
 
Elle est née à Toulon le 15 mai 1938, il y a tout juste 85 ans, et a passé son enfance dans le quartier de Valbourdin.
 
Le Toulon de sa jeunesse n’existe plus. La vieille ville a été rénovée et les matafs en virée portant uniforme et pompon rouge ont disparu.
 
André Abbe
 
Photo A. Abbe
Document : Cyril R. Vergnaud

Claude Boyer

Quand quelqu’un bâcle son travail on dit : “A fa coumo lei fille de Touloun, a fa la mita a oublida lei cantoun” (Il a fait comme les filles de Toulon, il a fait la moitié et il a oublié les contours).

Pourquoi les filles de “Touloun ?”, ce n’est pas parce qu’elles sont plus déméritantes que d’autres mais tout simplement parce que ça rime avec “cantoun“.

Mireille Darc, née Aigroz, a fait le conservatoire de Toulon en même temps qu’un autre – presque – Toulonnais, Henri Tisot, né à la Seyne-sur-Mer,  l’inénarrable imitateur de “Mongénéral”…

Maryse Laugier

Ma mère disait : Elle fait comme les filles de Toulon ! Elle balaye le milieu et pas les coins !

Cyril R. Vergnaud

La liste des récitants : on lit le nom de Mireille Darc. (Ci-contre).

Connu... et inconnu

Photo A. Abbe

En triant des papiers, j’ai retrouvé une enveloppe (et son contenu) postée rue La Boétie dans un beau quartier de Paris, en mars 1969 par une amie.

“André Abbe – 83 Roquebrune sur Argens” et la lettre m’est parvenue !

Aujourd’hui, une petite moitié des lettres qui me sont envoyées se perdent car j’habite une maison isolée et les facteurs ne prennent pas la peine de chercher ma boîte. Pourtant, j’ai pris la précaution de demander aux gens d’écrire l’adresse complète.

En 1969, presque tout le monde me connaissait à Roquebrune. Aujourd’hui, sur les 14 000 Roquebrunois, moins de 300 doivent me connaître, parmi les vieilles familles en cours de disparition et parmi les amateurs de provençal. Deux douzaines de “vieux” Roquebrunois se souviennent de m’avoir vu à la télévision.

Tomber dans l’anonymat n’est pas douloureux.
André Abbe

                                        Cette enveloppe a provoqué de nombreux échanges !

Claude Boyer
C’est ça quand on est célèbre !
Je suis sûr que si ton amie n’avait mis que ta photo la lettre te serait parvenue aussi.

Je me souviens, à l’époque où Jacques Martin illuminait nos dimanches après-midis, il avait reçu un courrier avec sa photo sur l’enveloppe et seulement inscrit “Paris”.

Maryse Laugier
Je connaissais ton nom… j’ignorais que je te verrais un jour en vrai !

Gisèle Peinat-Labord
Je dois faire partie de ces 300 derniers “mohicans roquebrunois”, même si je n’habite plus Roquebrune, qui se souviennent et qui connaissent encore André ABBE !

Nous ne rations jamais les émissions TV ni les conférences…
 
Bientôt les facteurs, dès lors des illustres inconnus dans le paysage, bien loin des figures d’antan familières, risquent de ne plus passer qu’une ou 2 fois par semaine, compte tenu de la baisse massive des volumes de courrier – les tournées quotidiennes de distribution du courrier seraient en mode “révision” dans les hautes sphères de la Poste, après la suppression du timbre rouge et la mise en place d’une version dématérialisée de la lettre dite urgente…
Plus personne n’écrit ou plus grand monde .. et nous nous “dématérialisons” lentement mais sûrement…
 
Passadoc
Le SMS, Messenger, le courriel, etc. C’est tellement pratique et instantané même quand on est à l’autre bout du monde.
 

Gisèle Peinat-Laborde
Je ne conteste pas le côté pratique ni toutes les avancées du monde virtuel et je ne prétends pas non plus que “tout était mieux avant”, seulement différent. Et j’apprécie que quelques vieux amis – étrangers pour la plupart – dans ma tranche d’âge (70/80) écrivent – tout comme moi d’ailleurs – encore de vrais romans, de belles lettres sur du beau papier, au moins 2 fois dans l’année (voeux nouvel an et anniversaire) comme dans notre jeunesse et n’aient pas succombé totalement aux sirènes SMS, courriel, Whatsapp etc. Les derniers mohicans de l’écriture à faire travailler la poste !! et parfois même avec des adresses complètes et bien libellées, le courrier semble prendre le chemin des écoliers et vagabonde de-ci de-là, cahin-caha !!

Jeanne Monin
J’avoue que j’utilise beaucoup les courriels… on peut écrire – et lire ! – tard le soir, au milieu de la nuit ou dès potron-minet…
Même chose avec une lettre ! me direz-vous !
Mais l’un et l’autre sont parfois simultanés… À peine les mots viennent-ils d’être écrits qu’ils peuvent déjà être lus… des mots qu’on a choisis tout simplement parce ce qu’ils sont beaux, élégants… ou rigolos !
Tous comme ceux d’une lettre !
Certes… mais on peut modifier sans raturer, sans faire de gros pâtés ! … Et rien n’empêche d’écrire à l’encre violette comme celle des écoliers d’antan… ou bleue, la couleur d’encre préférée de Colette.

Jean-Philippe Tinois
Gisèle a raison : la dématérialisation c’est notre disparition physique et nos rapports humains dissouts.

Gisèle Peinat-Laborde
Je constate de plus en plus que nous (quand je dis nous, encore n’en suis-je franchement pas addict, loin s’en faut, et Claude encore moins, qui refuse toujours un portable pour ne pas être emm*** et qui ignore l’ordinateur, il en reste au boulier et aux signaux de fumée !!! un K à part certes ! – j’en fais pour ma part disons un usage modéré et réaliste -) sommes hyperconnectés avec tous nos engins, (pratiques oui et utiles – smartphones, tablettes, ordinateurs, réseaux sociaux divers et variés) mais de plus en plus déconnectés de l’humain, donc du coeur de toute évidence : (déconnexion totale des vrais sentiments, du respect envers les “anciens” et de la bienséance “basic”), à croire que l’ocytocine fait vraiment défaut à beaucoup ou alors elle est réservée seulement aux objets connectés !!! mais les vieux comme nous connaissent le chemin, surtout quand on est relativement isolés, seuls et sans famille, comme c’est notre cas …
Ceci certes n’engage que moi …
 
Jean-Paul Tinois
Je n’arrête pas de prêcher pour le rétablissement du contact humain et je sais bien que tu as une approche similaire, mais les dinosaures ont disparu dit la chanson, on est peut-être inadaptés en fait, heureusement plus pour trop longtemps !
 
Jeanne Monin
En lisant l’enveloppe, j’ai immédiatement, j’ai pensé au roman “Inconnu à cette adresse“… 100 pages, 120 peut-être… une histoire entre deux amis que la montée de l’hitlérisme va déchirer.
S’cusez-moi pour cet aparté !
 

Gisèle Peinat-Laborde
Un aparté fort intéressant, lié à de très beaux souvenirs de lecture …
Une nouvelle épistolaire, épurée à l’extrême, trop brève mais qui réussit le tour de force de passionner, toucher, attrister et surprendre le lecteur…
À relire… à mettre dans la PAL, à retrouver d’abord chez un bouquiniste du coin ! voire à la médiathèque car je n’ai plus l’ouvrage…

 

Rappel "Expo"

SAMEDI 6 MAI - Saint-Paul-en Forêt - 10 heures
Photo récente du lac - A. Abbe

La Gazette de Passadoc – N° 117

Jean-Pierre Murat demande :

– Serre-Ponçon ne viendrait pas de Serre e Ponchon (point, sommet) ?

Réponse d’André Abbe :

Le nom occitan de Serre Ponchaire,  Serre Ponçon en français, m’avait été donné par un oncle d’André Faure et son ami que j’avais interviewés devant le lac dans les années 90. Ces anciens avaient travaillé à la construction du barrage. Il se peut qu’il y ait eu un autre nom en usage.

  • Rédaction Passadoc – Ont participé :
    André Abbe
    Claude Boyer
    Maryse Laugier
    Jeanne Monin
    Jean-Pierre Murat
    Gisèle Peinat-Laborde
    Jean-Paul Tinois
    Cyril R. Vergnaud

  • Mise en page
    Jeanne Monin

Passadoc