L'hebdo 112
Frédéric Mistral
Mistral… comme le nom du vent “le plus fol et le plus magistral de la bande à Éole” *… l’un des personnages les plus célèbres de toute l’Occitanie … et le poète chéri de Passadoc !
Il naît à Maillane – un petit village des Bouches-du-Rhône dont il sera conseiller municipal et qui compte aujourd’hui quelque 2 700 habitants – dans une famille de paysans qu’on dit aisés ; un village qu’il ne quittera guère… Il y vit, il y travaille, il y reçoit ses amis, il y meurt en 1814 ; il a 84 ans.
* G. Brassens.
Mai éu restavo dins Maiano,
E lis ancian dóu terradou
L’an vist treva nòstis andano…
Mais lui demeurait dans Maillane,
et les anciens du terroir
l’ont vu fréquenter nos sentiers…
Moun Toumbèu – Poème de Mistral – 1907
Sa famille le voudrait avocat ; reçu bachelier, Mistral étudie à la l’université d’Aix et en 1851, il obtient une licence en droit. Il a déjà 46 ans lorsqu’il épouse Marie Rivière, Dijonnaise d’à peine 20 ans qui restera toujours dans l’ombre de son mari. Ils n’auront pas d’enfants.
Aquelo nesco s’encafourno
Dins un coumbo arebro et sourno
E vent piei un moumen que la roco subran
S’enarco amount qu’es pas de dire
Vous parle dou roucas dou cire
Ni cat ni cabro ni satire
N’en responde segur jamai l’escalaran
Frédéric Mistral
(On trouve ces vers dans Calendal)
Cette Nesque s’enfonce
Dans une combe obscure
Et vient ensuite un moment où la roche subitement
S’élargit au-dessus d’une façon étonnante ;
Je vous parle du rocher du Cire,
Ni chat, ni chèvre, ni satire
J’en réponds à coup sûr
Ne l’escaladeront.
(texte traduit par André Abbe).
- Les échos de la semaine
Je suis d’Auriol !
Le ciel de Provence
Henri Pertus
Qui sont les passionnés de la Provence ?
La mi-carême
Je suis d'Auriol !
Si un Provençal vous dit : Ieù sieù d’Aurioù (Moi je suis d’Auriol !) en haussant les épaules, c’est qu’il se fiche complètement de la chose dont vous vous entretenez avec lui.
Mais comment et pourquoi donc Auriol, cette commune des Bouches du Rhône limitrophe du Var se trouve-t-elle impliquée dans cette expression que j’ignorais totalement ?
C’est Mestre Andrieù Abbe qui me l’a expliquée au coin du feu qui crépitait dans la cheminée de sa bastide.
Voici l’histoire que n’aurait pas désavouée Alphonse Daudet pour la confier à son curé de Cucugnan !
À quelques kilomètres au sud d’Auriol, en prenant la route d’Aubagne vous passerez par le village de Roquevaire.
Un dimanche de printemps, l’abbé de Roquevaire profitant que son église est pleine de pécheurs se lance dans un prêche dithyrambique.
Il promet aux mécréants de rôtir dans les flammes éternelles de l’Enfer s’il leur prenait l’idée saugrenue de s’éloigner de la protection du Seigneur en ne fréquentant plus assidument la Sainte Église.
Très en verve ce jour-là, le curé harangue tant et si bien ses ouailles que tous sont décomposés par la peur sauf un, au fond de l’église, un sourire béat fendant son visage d’une oreille à l’autre.
– Ieù sieù d’Aurioù !
Sous-entendu : “Je suis venu à la messe car j’étais de passage mais vu que je suis d’Auriol je ne suis pas concerné.“
Jeanne Monin
Voici l’histoire que n’aurait pas désavouée Alphonse Daudet pour la confier à son curé de Cucugnan, écrit Claude Boyer.
Auriol – Cucugnan… Récits tellement similaires qu’il ne peut s’agir que d’une seule et même histoire, ai-je pensé. Et j’ai trouvé ceci :
Daudet s’est très largement inspiré d’un texte de Roumanille (ami de Frédéric Mistral), lequel Roumanille a traduit un texte d’Auguste Blanchot de Brenas (1828-1877).
Ce dernier, jeune voyageur en 1858, entend le sermon du curé d’un petit village de Corbières… Il en fait récit dans un hebdomadaire auquel il participe “La France littéraire, artistique et scientifique” (N° 30 – juillet 1859). Sa lecture inspire Achille Mir (félibre – 1822-1901) qui en fait une version occitane.
Le ciel de Provence
Modeste hommage de Passadoc à Marcel Amont décédé le 8 mars dernier.
J’ai appris sa mort en lisant “Sur le bout des langues” publié chaque semaine par Michel Feltin-Palas dans l’hebdomadaire L’Express. Je n’avais pas eu l’info à la télé, Marcel était tombé dans l’oubli.
Fier d’être béarnais, il avait enregistré des chansons en gascon mais tous ses tubes étaient chantés en français. Star de la chanson à la fin des années cinquante et au début des années soixante, il avait conquis les radios avec “Bleu, bleu le ciel de Provence.” qui passait en boucle.
Il est rare de trouver un ciel en Provence uniformément bleu mais ça arrive… Adieu Marcel dans le bleu du ciel.
Texte André Abbe.
Henri Pertus
Trois ans plus tôt, nous l’avions rencontré dans son atelier, pour les besoins de l’émission de FR3 en provençal “Vaqui”.
Je rends un modeste hommage à ces deux hommes de talent et de cœur, en présentant cette image de la journée de tournage. Je ne retrouve plus les autres photos faites ce jour-là.
J’aimerais qu’un jour prochain ce docu-mentaire de douze minutes soit rediffusé. Il est pour l’instant sur les étagères de l’INA Marseille.
André Abbe
Henri Pertus (1908 Nîmes – 1988 Toulon)
Élève aux Beaux-Arts de Nîmes, il sera professeur à l’école des beaux-arts de Toulon.
Pour lieu de vie, il choisit la Provence : Saint-Martin-de-Castillon, Mane et bien sûr Toulon.
Qui sont les passionnés de la Provence ?
François Abbe :
Depuis 2015, l’association Passadoc publie en français et provençal.
Photo : Miquela et les Chapacans mélangent français et provençal…
Années 80, à la Sainte-Beaume (Var).
La mi-carême !
Merci à Nadine Berenguier pour ces photos prises sur le vif !
Les photos du char avec les aviateurs sont du 16 mars 1950. La photo avec les jeunes filles jazz sont du 14 mars 1948. Le char avec les skieuses date de 1947 ainsi que celui avec la Cloche de Pâques. Les photos plus anciennes ne sont pas datées, malheureusement.
Nadine Berenguier.
- Rédaction Passadoc – Ont participé :
André Abbe
François Abbe
Nadine Berenguier
Claude Boyer
Jeanne Monin - Mise en page
Jeanne Monin