La Gazette de Passadoc – N° 189

L'hebdo 189

Chapeau ! 

Élégance d’hier*…

Il fut une époque – pas si lointaine… – où il n’était pas de bon ton pour une femme de sortir “en cheveux”, c’est-à-dire, sans chapeau, sans coiffe, sans bonnet, sans le moindre fichu, même si c’était admis pour les ouvrières.

Louis Lumière : 27 décembre 1895.

Dans les temps très, très anciens** (15 000 ans !), le couvre-chef est un moyen de se protéger des chutes de pierres par exemple.

On retrouve des têtes coiffées représentées sur des vases égyptiens, grecs. Dans la Rome antique, le “pileus” est placé sur la tête des esclaves affranchis ; il serait à  l’origine du bonnet phrygien.

Au fil du temps, le chapeau va définir la classe sociale : pour la paysannerie, feutre grossier ou chapeau de paille à larges bords pour se protéger de la pluie ou des ardeurs du soleil ; pour les riches et les nobles, des formes raffinées, des matériaux fins, comme le velours. Les femmes portent des chapeaux ornés de fleurs, de rubans, de plumes… Sous Louis XV, sous le Directoire, ils seront parfois de dimensions extravagantes !

Chaque province, chaque région à sa coiffe : la haute coiffe de la bretonne bigoudène, le large ruban noir de l’alsacienne, celui plus sobre de l’arlésienne dont la pose est plus complexe qu’il n’y paraît, et bien sûr le chapeau niçois !

La Bravade - Photo André Abbe

À chaque forme de chapeau est lié un personnage : le melon de Charlot, le béret de Bonnie Parker,  le feutre de Jean Moulin… ou celui d’Indiana Jones, la casquette à deux visières de Sherlok Holmes, le panama de César (Marcel Pagnol), le chapeau de gardian de Frédéric Mistral.

*   Le Muy – Marché aux fromages – Photo André Abbe.
** Recherches sur différents sites –Jeanne Monin

  • Les échos de la semaine
    Le vent et les olives
    Les hauteurs de la ville
    Les foulques !
    L’auberge rouge
    Entre Saint-Aygulf et Sainte-Maxime

  • Passadoc

Le vent et les olives

André Abbe
Le vent peut être la pire et la meilleure des choses… Une mini-tornade peut causer des dégâts considérables dans les jardins.
 
En 1971, mon père profitait d’une légère brise, pour séparer les olives qui allaient rejoindre le tas des feuilles et des “brondas” (brindilles) qui tombaient en chemin.
 
Je suppose qu’aujourd’hui, plus aucun oléiculteur n’utilise sa pelle pour faire ce travail.
 
[Photo A. Abbe]

Les hauteurs de la ville

André Abbe
En 1974, j’étais allé marcher au-dessus de la ville de Draguignan. J’avais pris cette photo de terrasses abandonnées en me demandant ce que pouvaient cultiver les paysans 50 ans plus tôt, sur ces pentes peu propices à l’agriculture.
Je ne suis plus jamais retourné à cet endroit. Je me demande ce qu’il est devenu, 50 ans plus tard…

Marie-Hélène Joubert
En Provence, on parle de terrasse, de restanques ; en Ardèche, on dit des faÿsses.

Marie-Dominique Germain
À Seillans, on dit des berges.

Véronique Pepin
On plantait aussi des légumes secs, pois chiches, lentilles…
Et à présent, des maisons sont plantées partout !

Christian Bellone
Beaucoup de céréales ! Faut pas oublier qu’avant – environ 1900 – peu de moyens de locomotion il fallait tout produire sur place ! La nourriture d’abord… puis vint la guerre de 1914, et tous les bras manquèrent et les restanques à l’abandon souvent se garnirent de pins, arbousiers, la végétation occupant l’espace.

Patricia Jouve
On y trouve d
es oliviers !

Photo André Abbe
Giselle Penat-Laborde
Si c’est – mais j’ai du mal à m’orienter – la colline du Malmont, tout est construit ou presque… même chose du côté du Col de l’Ange, il y a des anciennes restanques, plantées autrefois d’oliviers et de vignes à certains endroits, avec des lotissements…
Table d’orientation au Malmont, avec un chemin de randonnée, parcours d’ailleurs assez sportif et difficile.
 
Depuis que je suis sur Draguignan, je recherche en vain les endroits où nous allions en promenade le jeudi, ce dans les années 60, quand j’étais interne de 1962 à 1969, au lycée Jean Moulin, d’abord lycée de jeunes filles de Draguignan.
Je me promets toujours de faire un saut aux Archives Départementales pour y effectuer quelques recherches …
Alors que j’y passe tous les jours devant, habitant à 5 minutes de la Médiathèque-Bibliothèque, Archives départementales/Pôle culturel de Chabran, et que j’y vais souvent également, cela reste du “j’y pense et puis j’oublie”… une honte…

Les foulques !

Voici des foulques macroules, bien reconnaissables à leur bec blanc.

En provençal, on les appelle macruso (macrusas), francisées elles deviennent macreuses.
Ce n’est pas un gibier mais pendant les restrictions certains les mangeaient.
Il fallait d’abord les “espeiller”, retirer la peau, pas question de les plumer.

En français, la macreuse est un autre oiseau, rien à voir avec la foulque.
Si un ami vous invite en vous disant “on mangera de la macreuse”, demandez lui de préciser !

[Texte et photo André Abbe].

Jean-Paul Tinois
Si je ne m’abuse, la macreuse est aussi une pièce de bœuf…

Claude Boyer
La macruso passe encore ; nous, à Puget,  on mangeait les lamberts…

Bien que “mange-lambert” du côté maternel, j’avoue ne jamais y avoir goûté. Ceci dit, pourquoi pas ? Quand je disais que je n’aimais pas quelque chose, ma mémé répliquait :
Quand on a faim tout est bon ! Et elle avait raison… Faire le difficile est un sport de riche au ventre bien plein…
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“Traditions et patrimoine” (site pugétois) : Ces lézards verts sont devenus le symbole pugétois alors que leurs voisins roquebrunois étaient appelés les “Sautes-Messugues”. Des anciens disent que, par temps de disette, les villageois en auraient consommé ; d’autres expliquent que cela fait surtout référence à l’art de vivre local : prendre son temps et lézarder au soleil, comme le ferait ce petit animal. 

L'auberge rouge

André Abbe
Entre Aubenas et Langogne, en haute Ardèche, j’ai visité l’auberge de Peyrebelle, restée célèbre : au XIXe siècle, le couple d’hôteliers aidé de son domestique y assassinaient leurs clients, pas tous heureusement !

J’ai eu la chance de faire la visite de l’auberge tout seul, bénéficiant d’une mise en scène intelligente, son et éclairage. J’ai presque eu la trouille !

Les trois assassins avaient été démasqués et exécutés sur place. Un menhir se trouve sur l’emplacement de la guillotine.

Claude Autant Lara a réalisé en 1951 un chef-d’œuvre d’humour noir “L’Auberge rouge”.
Fernandel y joue le moine, Françoise Rosay et Julien Carette, les hôteliers.
Les dialogues de Aurenche et Bost sont savoureux :
C’était un artiste, il ne pèse pas bien lourd !

Claude Boyer
En vérité il n’y eût qu’une victime, un certain Enjolras qu’on retrouva mort au bord du chemin. Le seul fait qui le reliait à l’auberge, c’est qu’il y avait passé la nuit précédente. 

Les époux Martin ont en fait été victimes d’une cabale orchestrée par leurs accusateurs à cause de leur activisme politique et la jalousie que leur réussite avait suscité. Jusqu’à leur valet qui leur était dévoué corps et âme, un pauvre bougre simple d’esprit, d’origine bien ardéchoise et pas du tout “d’au-delà des mers”… Tout le reste n’est qu’une légende urbaine qui a la vie dure.

Bernard Gineste
L’instruction judiciaire a rejeté tous les ragots et accusations diverses qui auraient été commises par les consorts Martin dans cette auberge. Ils ont été condamnés, ainsi que leur valet, pour le meurtre présumé d’Enjolras. 

Cette condamnation repose sur le dernier témoignage au procès d’un vagabond qui affirme avoir passé clandestinement la nuit dans le grenier de l’auberge et avoir vu, de nuit, à travers les fentes de planches, les Martin “occirent” Enjolras ; alors que les dits Martin n’étaient plus aubergistes à ce moment-là ; le tribunal ne s’est pas déplacé pour vérifier les dires du vagabond ; et les propriétaires de l’auberge n’ont pas été convoqués devant le tribunal non plus !

En outre, le neveu des Martin, inculpé lui aussi a été acquitté. Les juges s’étaient tellement acharné à trouver une quelconque responsabilité dans le meurtre d’Enjolras chez les Martin, qu’ils en ont oublié de charger le neveu !

Quant au film d’Autant Lara, il relève plus du navet que du chef-d’œuvre.

Jeanne Monin
Chef-d’œuvre, non… mais navet est excessif ! Je me souviens de quelques dialogues savoureux comme ceux de la confession de l’aubergiste (Françoise Rosay) au moine (Fernandel).

Entre Saint-Aygulf et Sainte-Maxime

Entre Saint-Aygulf et Sainte-Maxime (Var), ne manquez pas la visite du pesquier (vivier), site romain exceptionnel.
Les romains y conservaient les poissons qu’ils avaient capturés. On aperçoit les murs de la prison mais ils sont aujourd’hui totalement sous les eaux.
Depuis les Romains, la mer est montée d’au moins 30 centimètres.

Le site se trouve à une centaine de mètres de la route, le paysage y est magnifique.
Dépêchez-vous d’y aller, le niveau de la mer continue de monter…

[Texte et photo André Abbe]

Encore quelques photos de la soirée “Passadoc – Provence intime” du 23 août

André remercie le public alors qu'il vient de découvrir le spectacle Provence intime pour la première fois - photo Julian Shelton pour Abbe Photo
L'équipe de la soirée Provence intime. La grande salle d'entrée de l'espace Robert Manuel a été transformé en salle d'exposition photo pour l'occasion. Une expo éphémère d'une soixantaine de photos d'André Abbe.
L'espace Robert Manuel de Roquebrune sur Argens était mis en scène. Ici l'installation de l'ancien matériel photo d'André. Photo Julian Shelton pour Abbe Photo
Des visiteurs ont assisté au spectacle, venus du monde entier. François à côté d'une spectatrice arrivée du continent américain. Photo Julian Shelton pour Abbe Photo
Plus de deux cents spectateurs réunis aux deux représentations du spectacle Provence intime. Photo Julian Shelton pour Abbe Photo
Les artistes du spectacle Provence intime. A l'arrière plan, des centaines photos d'André ont été projetées, dont certaines jamais présentées auparavant. Photo Julian Shelton pour Abbe Photo

Sont cités dans La Gazette : André Abbe – François Abbe – Christian Bellone – Claude Boyer – Barnard Gineste – Marie-Hélène Joubert – Patricia Jouve – Jeanne Monin – Giselle Penat-Laborde – Véronique Pepin – Jean-Paul Tinois.
Rédactrice en chef : Jeanne Monin