L’hebdo 179
Les grandes buées…
… autrement dit : les grandes lessives*.
Dans les campagnes, elles ont lieu deux fois par an, au printemps et à l’automne. En fonction des pièces de linge à laver, elles peuvent durer trois jours : le purgatoire, l’enfer et enfin le paradis.
Le purgatoire : dans de grands cuveaux de bois, les pièces de linge sont placées en couches et couvertes d’eau froide ; elles trempent toute la nuit “pour éliminer un maximum de crasse” et de transpiration.
L’enfer : on vide l’eau de trempage et on verse sur le linge de l’eau de plus en plus chaude ; les vapeurs d’eau créent une sorte de brouillard qui évoque – dit-on – l’enfer.
Enfin venait le troisième jour : sorties du cuveau, les pièces de linge s’égouttent sur des tréteaux puis portées au lavoir ou à la rivière où elles sont foulées à bras, battues pour extraire l’eau de l’enfer, puis rincées, essorées. Peu à peu, le linge retrouve la blancheur et une sorte de pureté, d’où le nom de “paradis” !
De retour à la chaumière, les petites pièces sont mises à sécher sur un fil à linge ; les draps sont étendus sur l’herbe, mis à curer.**
Là-bas dans le pré plein de marguerites […]
Tendue sur le fil, la lessive blanche
Les mouchoirs s’agitent et les pantalons
S’en vont frôler les jupons…
Sur le fil, il y a des chemises
Sur le fil, gonflées par la brise
Sur le fil, les caleçons, les chaussettes, les chaussons
Sur le fil, dansent, dansent, dansent
Sur le fil, dansent, se balancent
– Où donc est l’eau du linge blanc ?
– Le soleil est venu la boire !
Extrait d’une poésie pour les tout-petits – Pierre Gamarra
Est-il besoin de préciser que ce travail, réservé aux femmes, est harassant ? Le seul moment de plaisir sont les retrouvailles au lavoir ! Alors commencent les bavardages, les commérages… on échange les nouvelles, on médit un peu aussi ! Parfois, une chanson reprise en chœur chasse un instant la fatigue…
Peu après 1918, apparaît la lessiveuse à champignon, dans les familles aisées des villes puis dans les campagnes. Adieu les grandes buées ! la lessive devient hebdomadaire. Au fil du progrès, vont apparaître les lave-linges, mécaniques d’abord, puis électriques… et maintenant séchants.
Peut-être qu’un jour plus ou moins lointain, il suffira de jeter le linge dans la machine… et tout sera lavé, repassé, plié et rangé dans l’armoire !
Jeanne Monin
Recherches sur plusieurs sites.
*La plus ancienne description de lavage est faite par Homère (Odyssée) : Nausicaa et ses compagnes apportent le linge au bord du fleuve.
**Principe : c’est l’oxygène, extrait de l’eau par les rayons ultra violets, réverbérés, qui blanchit le tissu en s’élevant. On disait aussi “verger le linge”.
*** On lit : bugado → origine celte… On lit aussi : bugado → dialecte languedocien.
Madame Augusta Escoffier… sans doute la dernière bugadière*** de Roquebrune ! Jusqu’en 2000, elle alla laver à la Maurette.
André Abbe
“Elle m’avait expliqué que le linge lavé à la rivière est bien plus propre et sain que celui qui sort de la machine”.
Roquebrune en images – 2021 – Page 11.
- Les échos de la semaine
Le temps passe…
La sardanne
Le grenadier du jardin - Passadoc
La bibliothèque de Passadoc
Le temps passe...
Le temps passe… et le matériel en est témoin : pas un seul écran d’ordinateur sur la table ! Inimaginable aujourd’hui.
Claude Boyer
… pastiche une annonce du temps où la télévision n’avait que trois chaînes.
– De nos envoyés spéciaux en direct devant le rocher de Roquebrune… À vous Cognacq-Jay !
Jean-Philippe Tinois
La technique était plus mécanique et compréhensible, palpable au sens primaire, les ondes hertziennes étaient bien sur une entité virtuelle mais, à part s’en servir pour dire des choses vraies ou fausses, la matière de ce qui partait dans les airs n’était de toute façon que la diffusion du dialogue d’origine.
Maintenant il y a une nette augmentation de ce monde virtuel et impalpable et une possibilité de le modifier avec de plus un accès à la diffusion libre d’accès dans les deux sens : possibilité de diffuser possibilité d’écouter ; retracer l’origine d’une information devient un parcours du combattant.
Hier j’ai vu une image montrant des avions qui seraient à l’origine du sable jaune tombé ces jours-ci et renforçant les idées des chemstrails, c’est délirant…
À l’époque où on parlait dans un micro, si le gars avait dit une “connerie,on lui demandait ses sources on pouvait faire un débat, on avait un fil conducteur qui retrouvait l’auteur des déclarations ; maintenant il y a une profusion d’informations et des liens pour retrouver l’origine extrêmement tenus , impalpables, on a à peine le temps d’analyser un sujet qu’il en débarque un ! Bref – comme dirait Pépin ! – pour citer Voltaire (je crois) : Il vaut mieux cultiver son jardin… mais au sens “planter des patates” !…
Claude Boyer
Farpaitement !.. On n’a jamais marché sur la Lune, tout ça n’est qu’un montage filmé en studio par Stanley Kubrik… la Terre est plate et l’Antarctique est un glacier qui en fait le tour et qui retient l’eau des océans pour ne pas qu’elle tombe dans le vide spatial (j’ai vu une vidéo à ce sujet pas plus tard qu’hier)… nous ne sommes pas seuls sur Terre : une civilisation d’extra-terrestres vit cachée dans une autre dimension que la nôtre et tire les ficelles des marionnettes que nous sommes…
“Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue”, aurait dit Albert Einstein. (j’emploie le conditionnel car les citations apocryphes qui circulent sont légion) … Pôvres de nous…
La sardanne
Qu’elle est jolie la sardane
Que l’on danse main dans la main
Au pays des verts platanes
Jeunes filles jeunes gens l’aiment bien
Et même les vieux de leur canne
La martèlent sur les pierres du chemin
Ils la connaissent la sardane
Ils l’ont dansée quand ils étaient gamins”
Le grenadier du jardin
Il ne s’agit pas d’un soldat mais de l’arbuste fruitier à feuilles caduques !
Il prend de superbes couleurs dorées à orangées en automne et ces fruits donnent un jus très rafraîchissant, peu calorique, riche de vitamines, minéraux et antioxydants.
Claude Boyer
Quand j’étais petit, mon pépé allait faire son tiercé dominical au Grand Café de la Place, chez Pasquier, à Puget.
Il buvait son pastis et moi j’avais droit à mon “sirop rouge” et mon œuf dur car à l’époque, il y en avait sur des présentoirs à disposition du client.
Juché sur le haut tabouret devant le comptoir, j‘étais fier comme Artaban ! Comme quoi une simple photo peut nous faire partir à la recherche du temps perdu… Merci M. Proust
La librairie de Passadoc
Cités dans La Gazette : André Abbe – Claude Boyer – Jeanne Monin – Jean-Philippe Tinois.
Rédactrice en chef : Jeanne Monin