La Gazette de Passadoc – N° 171

L'hebdo 171

Tu tires ou tu pointes ?

Alors tu tires ou tu pointes ? s’impatiente l’adversaire.

L’adversaire ? S’agirait-il d’un combat ? Oui… en quelque sorte… Et celui qui sort vainqueur de ce dernier assaut a gagné la bataille… Aussi l’instant est-il d’importance ; la foule qui assiste au duel retient son souffle ; comme s’ils percevaient une calamité, les moineaux cachés dans les branches des platanes de la place cessent de pépier ; le silence est total, pesant, presque angoissant…

Enfin l’homme a choisi : il pointe*… et la boule roule vivement d’abord, puis de plus en plus lentement pour terminer sa course près, tout près du cochonnet, jusqu’à le presque frôler ! La partie de pétanque est terminée !

Jeanne Monin

[Photos André Abbe]

*Tirer    → Frapper la boule de l’adversaire pour la déplacer.
*Pointer → Lancer sa boule pour la placer le plus près du cochon.

Si on pose la question :
En France, quel est le jeu national ?
Google répondra : 
Le football !

Grave erreur ! Car du Var à Paris, de Strasbourg à Lorient, de Lille à Perpignan, chaque village, chaque ville possède une terrain de pétanque ! La pétanque est mondiale !

Claude Boyer
J’ai assisté à des parties de pétanque endiablées au Mali !

  • Les échos de la semaine
    Premier Mai
    La Camargue
    Saint Tropez

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Premier Mai !

Claude Boyer raconte :
Offrir des fleurs en mai remonte à l’antiquité.

C’est le printemps, dans la Rome antique on offre des fleurs. Chez les Celtes aussi, leur fête s’appelle Beltaine.

Mais offrir du muguet remonte à la Renaissance.
Le roi Charles IX (1550-1574) offre du muguet dès 1561, il n’a que 11 ans mais est monté sur le trône un an plus tôt ! Il en fait profiter les dames de la cour. On est loin du symbole de la Journée Internationale du Travail !
La Révolution Française passe par là, la fête du travail apparaît le… 26 avril ! C’est en fait un “jour républicain”.

Exit la référence à Catherine de Médicis et son fils Charles IX !

L’églantine rouge remplace le muguet.
La Fête du Travail date de 1889.
Paradoxalement, la fête des travailleurs vient du pays du capitalisme triomphant.

Le premier “1er Mai” vient des États-Unis, lorsque les syndicats ouvriers américains se sont mobilisés en 1884 pour obtenir la journée de huit heures. Outre-Atlantique, cette date correspondait au premier jour de l’année comptable des entreprises et à la clôture des contrats de travail des ouvriers. Plus de 300 000 travailleurs ont alors manifesté dans tout le pays.

Lors d’une autre manifestation le 3 mai, trois ouvriers sont tués à Chicago. Une marche de protestation est organisée le lendemain, et l’explosion d’une bombe lancée sur la police fait plusieurs morts. Cinq syndicalistes sont ensuite condamnés à mort.
 
À Paris, le Congrès de la IIe Internationale socialiste en 1889 reprend la date du 1er Mai, sous l’impulsion de Jules Guesde. Comme quelques années plus tôt aux États-Unis, la situation vire au drame le 1er mai 1891.
La foule de la “Journée internationale du travail” porte un triangle rouge, ses trois côtés symbolisant la revendication de la journée de 8 h : 8 h de travail, 8 h de loisirs, 8 h de repos et on reviendra à l’églantine rouge.
 
Les symboles de l’églantine rouge ne manquent pas :
• Référence à Fabre d’Églantine (le révolutionnaire qui est à l’origine de la fête du travail).
• Manifestations ouvrières dans le nord de la France où on cultive l’églantine.

• Le sang versé lors des heurts dans le Nord

Fourmies cultive le symbole du 1er mai
Dans le Nord et le Pas de Calais, les usines tournent à plein régime. Imaginez : la région de Fourmies (Nord) produit à elle seule plus de 10 000 tonnes de laine à la fin du XIXe siècle.
Les grèves du 1er mai sont pacifiques. Mais à Fourmies les forces de l’ordre tirent. Bilan : neuf morts dont huit de moins de 21 ans.

Cette fusillade du 1er mai 1891 laissera des traces. C’est d’ailleurs le berceau du mouvement ouvrier. L’églantine mène à tout !

Pétain fait renaître le muguet
C’est le maréchal Pétain qui remet le muguet à l’honneur.
La Fête des Travailleurs est remplacée par la Fête du Travail, et le muguet remplace l’églantine rouge qui par sa couleur rappelle un peu trop le Parti Communiste aux yeux de Vichy et des Allemands ;  au passage, on efface les symboles de la lutte ouvrière et plus largement de la Gauche !
 
Mayol et la Provence
La seule vraie référence au muguet en Provence, c’est Félix Mayol (1872-1941).
Félix n’était pas rugbyman. Mais il aimait sa ville, Toulon. Il était devenu célèbre grâce au café concert à Paris où il portait une houppe et un brin de muguet à la boutonnière.
Félix Maillot a déboursé 60 000 francs or pour acheter le terrain et faire construire le Stade Mayol. En 1931, Le Rugby Club Toulonnais (RCT) gagne le Championnat de France et Mayol offre un festin aux joueurs.
Depuis, l’emblème du Rugby Club Toulonnais comporte un brin de muguet.

Jeanne Monin
Conversation“, petit poème de Jacques Prévert

Le porte-monnaie : je suis d’une incontestable utilité, c’est un fait.
Le porte-parapluie : d’accord mais tout de même, il faut bien reconnaître que si je n’existais pas, il faudrait m’inventer.
Le porte-drapeau : moi je me passe de commentaires, je suis modeste et je me tais, d’ailleurs, je n’ai pas le droit de parler.
Le porte-bonheur : moi je porte bonheur parce que c’est mon métier.
 
Les trois autres, hochant la tête : Jolie mentalité !

Le muguet…  Et si on le chantait ?

La Camargue

Est-ce que vous aimez la Camargue ?
À cette question, Giono répond :
Eh bien, je la connais mal, je l’ai vue simplement une fois. Je m’y suis baladé avec des amies, […]. Nous avons visité la Camargue qui m’a beaucoup touché. Ça devait se passer en 1930, ou 31…
 
Avec des souvenirs vieux de plus de trente ans, Giono raconte la Camargue :
Sur ces îlots sont construites ces petites maisons blanches à toits de paille ou de tuiles qu’on trouve dans tous les deltas et tous les estuaires,
[…]
Il y a les marais, les boues, les sables, les enchevêtrements d’épaves végétales, cette atroce chaleur, cette aveuglante lumière, ces dieux invisibles…”
 
Et ce portrait d’un Camarguais :
…C’était un homme sans pittoresque extérieur. Il n’avait pas de grand chapeau ni de foulard soigneusement noué ; il n’avait pas de bottes de shérif ; …”
Camargue – Jean Giono – 1958.
 
Photos André Abbe.

Claude Boyer
J’aime bien la Camargue, elle fait partie des incontournables balades estivales à moto… en évitant toutefois les jours de mistral parce que là-bas il ne fait pas semblant, et en fermant bien la visière du casque quel que soit le type de temps : pour le coup l’image d’Épinal du motard qui sourit avec les moustiques collés sur les dents prend tout son sens !

Une anecdote toute récente me vient à l’esprit, mais elle se situe en hiver et en voiture cette fois-ci. 

C’était au mois de janvier dernier alors que les agriculteurs manifestaient. Je devais me rendre impérativement chez mon fils dans le Gers, oui mais voilà, l’itinéraire incontournable passant par Arles et Nîmes était complètement bloqué par les manifestants. 

J’ai alors élaboré un parcours passant par la Camargue dès potron-minet en suivant ensuite la Méditerranée jusqu’à Agde avant de remonter sur Toulouse. 

C’est ainsi que nous avons vu le soleil se lever sur l’étang du Vaccarès et pris le bac du Barcarin qui relie Port-Saint-Louis-du-Rhône aux Salins-de-Giraud.

Notre voyage a duré 12 h au lieu de 6 par l’autoroute mais le coup d’œil valait le sacrifice… et nous n’avons pas vu un tracteur ni une botte de paille !

Si vous passez en Camargue, n’hésitez pas à aller visiter “La maison du riz” c’est très intéressant et l’accueil est sympathique (publicité gratuite bien évidemment !).

https://www.maisonduriz.com/a-propos

La Camargue… Et si on la chantait ?

Saint Tropez

Chaque année, quatre semaines après Pâques, c’est la fête à Saint-Tropez : les citadins honorent le patron de la ville… c’est-à-dire saint Tropez !

Les femmes et les enfants, vêtus de costumes traditionnels provençaux, suivent les hommes en tenue militaire. En 2024, du 16 au 18 mai, la tradition demeure.

L’histoire dit que pour soustraire les reliques du saint à la profanation des infidèles – fin du VIIIe siècle – le prieur Avit les aurait transférées en lieu sûr, aujourd’hui toujours inconnu.

Photos André Abbe – Saint-Tropez en 1981.
 

 


Pour relire les gazettes des mois précédents :

https://abbe.photo/gazette-passadoc/ 

Facile !

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  • Rédactrice en chef
    Jeanne Monin

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