La Gazette de Passadoc – N° 168

 

Bon anniversaire  à Passadoc
qui quotidiennement donne rendez-vous à tous les habitants
des villes et villages de France et d’outre-mer !

 

L'hebdo 168

Il y a 8 ans…

 
Il y a 8 ans, jour pour jour, naissait Passadoc !
Quelque 2650 jours de vie et des milliers de publications, des centaines de quiz, des dizaines, des dizaines et encore des dizaines de messages et de commentaires… des albums entiers de photos et des monceaux de souvenirs. Écoutez ! 
 
Pour chasser les miasmes des journées de confinement de triste mémoire, François avait eu l’idée d’un apéro virtuel. Nous sommes le 14 mars 2020 : L’apéro N° 1 ! 
  • Les échos de la semaine
    La fontaine nouvelle
    La socca
    Mais quel est donc cet objet bizarre ?
    Au coin du feu
    Les bergers

La fontaine nouvelle

On en parlait depuis si longtemps qu’on n’y croyait plus guère… Pourtant un jour les travaux ont commencé et quand tout fut terminé, M. le Curé, M. le Maire et tous les musiciens de la fanfare se retrouvèrent au pied de la statue de Marianne pour l’inauguration de « La Fontaine Nouvelle » !

On édita une série de cartes postales que les Roquebrunois avaient plaisir à envoyer aux cousins de Paris, à ceux de Nîmes. Quelle fierté !

L’arbre qui l’ombrage depuis des ans est toujours là. En ce matin d’hiver, la place est vide et « la fontaine de la place parle toute seule« .

[Citation : La Gloire de mon père – Marcel Pagnol] – Photo André Abbe.

Mais l’arbre que l’on croyait éternel s’avéra infesté par un champignon lignivore qui ne laissait aucune chance de survie au platane. Le 3 février 2017, élagueurs et bûcherons ont commencé à le « dépecer » …

Jean-Pierre Serra se souvient :
Quand on abat un arbre, c’est une partie de nous qui s’en va !

Pour ce qui me concerne, celui-ci comme tous les autres, fait partie intégrante de ma vie dans ce village où je suis né et où je vis encore aujourd’hui…
 
Il m’a donné son ombre dans mon enfance, abrité nos parties de billes comme nos premiers baisers sur ce banc de béton qu’il couvrait de son feuillage, vu entrer et sortir tant de fois dans cette mairie où j’ai passé 31 ans de ma vie…
 
Il a offert son ombre généreuse à des générations de familles de mariées et de mariés qui attendaient patiemment le début des cérémonies …
 
Que de souvenirs se sont envolés à jamais !

La socca

 
Quelle superbe carte postale ancienne ! Tout y est : la vendeuse avec son plat à socca, le jeune garçon en béret, la Promenade des Anglais et ses palmiers…
 
On en profite pour vous glisser la recette* de la socca :
Dans un saladier, mettre l’eau (500 ml) et délayer la farine de pois chiches (200 g) ; saler, poivrer et ajouter deux cuillères à soupe d’huile d’olive et mélanger vivement pour obtenir la bonne consistance.
Faire chauffer de l’huile d’olive dans une grande poêle (type crêpière ou poêle à paella)
Mettre la pâte à cuire. Retirer quand l’aspect est bien doré.
 
À Nice, on se régale avec la socca… À Pont-Aven, on se délecte avec le kouing-amann… À chacun son étouffe-chrétien !
 
*Merci à Josyane Boselli pour sa recette.
 
[« Étouffe-chrétien » n’était là que pour sourire ; un sourire qui ne fut pas du goût de tous.]
 
 
Claude Boyer
Et à Toulon c’est la « cade »….On pense souvent à tort que la cade toulonnaise n’est qu’une variante de la socca niçoise. Pourtant, son origine, aussi ancienne que sa cousine niçoise, serait née à Marseille avant de migrer vers Toulon. 
 
Frédéric Mistral raconte qu’à la fin du XIXe siècle, dans les rues de Marseille, des vendeurs ambulants génois qui criaient dans la rue “Tourta tota cada” (Tourte toute chaude) ; ils auraient donné le nom “cade” à cette crêpe marseillaise. 
 
La différence entre les deux cousines c’est que la cade offre un dessus croustillant et un dessous plus moelleux, similaire à la texture d’un flan… Mais nous n’allons pas nous lancer dans un débat « pain au chocolat – chocolatine » ! Il est clair que les deux recettes nous viennent de nos amis transalpins.
Quant à dire que la socca ou la cade sont des étouffe-chrétiens, là je m’insurge en faux !
 
Denis Harvier
La socca étouffe-chrétien ? La personne qui décrète ça n’a pas dû en déguster souvent et pas des meilleures. Pendant mes études, c’était mon repas de midi trois fois par semaine et moins cher qu’un ticket au resto universitaire vers les années 60/65.

Mais quel est donc cet objet bizarre ?

Il y eut quelques réponses volontairement farfelues !

Jeanne Monin
– Tapette à mouches (1200 avant J.-C.)
– Gong datant de l’invasion des Barbares.

Alain Cathala
– Billig (pour crêpes bretonnes).

Momo dela Etdici
– Adaptateur pour plaque à induction.

Et bien sûr plusieurs bonnes réponses !

Claude Boyer
– Je ne sais plus le nom de cet outil mais ça servait dans les moulins à huile d’olive pour récupérer l’huile qui flotte sur l’eau.

Monique Gastinel
N’est-ce pas le feuillet, pour prendre le dessus de la première huile de première pression ?

Giselle Penat-Laborde
J’ai déjà vu de tels objets dans des moulins à huile – et aussi au musée ATP de Draguignan. Il y a une casserole qu’on appelle « la casse » et je crois que cette assiette plate est « la feuille » ? Ustensiles utilisés pour récupérer le restant de l’huile sur l’eau.

C’est effectivement une feuille pour cueillir l’huile après le passage des olives sous la presse.
À l’époque il n’y avait pas de centrifugeuse, on utilisait les propriétés des éléments,
à savoir que l’huile flotte sur l’eau. – (Photo du moulin du Coudoux)

Au coin du feu

André Abbe :
 
Il était autrefois des gens qui se chauffaient en faisant brûler du bois dans leur cheminée et j’en faisais partie. Je me croyais même écologiste car le bois est un énergie renouvelable.
Il paraît que c’est devenu nocif, à cause des microparticules.
 
J’étais heureux au coin du feu… et j’emportais partout en hiver l’odeur du feu de bois avec moi.
 
Il n’y a pas si longtemps, je visitais le musée Cognacq-Jay, installé dans un hôtel particulier du quartier du Marais à Paris (3e), un haut lieu de la peinture, du mobilier et des objets d’art du XVIIIe siècle français, on ne fait pas plus chic dans Paris.
 
Une gardienne en tenue qui devait être antillaise ou guyanaise s’est adressée à moi en me disant :
Vous portez l’odeur du feu de bois, vous me rappelez ma jeunesse, ça me fait plaisir.
 
Elle avait eu du nez. Elle n’était pas moqueuse mais plutôt nostalgique, émue en tout cas. Je lui ai dit qu’effectivement je me chauffais au bois dans ma vieille maison et que mes vêtements prenaient l’odeur de la fumée.
 
Ce décalage entre les propos échangés cordialement et le lieu m’ont beaucoup plu. Nous étions elle et moi entre un fauteuil Louis XV et une peinture de Fragonard, le génial grassois qui était monté à Paris. Du temps de Fragonard, tous les habitants du Marais se chauffaient au bois et l’insert n’existait pas !
 
Certains penseront “Abbe galège”, mais non c’est du vécu !
 
 
 
Giselle Penat-Laborde
Le feu de cheminée cette « magie qui transforme l’ordinaire »…
 
Et cette magie me manque énormément depuis quelques années, tout comme l’odeur d’ailleurs.
 
Ce sont mille souvenirs d’enfance, les devoirs au coin du feu, les lectures sans oublier les grillades sur le feu…
 
Les cageots de bois préparés à l’avance : les bûches choisies avec soin, le petit bois, les pommes de pin, des feuilles de Var Matin parfois, tout un rituel…
 
Réussir à faire démarrer le feu, alors qu’au début, on s’énerve. Savoir alimenter, manier le soufflet. Comprendre les mécanismes, la circulation de l’air, tout un art.
 
Les petits craquements, la chaleur naturelle, un chat sur les genoux ronronnant… Et on se sent transporté dans un autre temps, une autre époque, un autre lieu…
 
Il y a cette lumière tremblotante, si belle. Et l’odeur de campagne, qu’on emporte sur nos vêtements avec bonheur. À l’heure du coucher, lumières éteintes, le feu se mourant doucement, rappelle quelque part la luminosité orangée du coucher de soleil.
 
Beaucoup de nostalgie à l’évocation du feu de cheminée …
 
Et cette phrase, hors saison hivernale : Il ne fait pas bien chaud, si on faisait une petite flambée ?
 
Et c’était, oui, comme savourer un petit bonheur du quotidien aux vertus apaisantes, une parenthèse d’oisiveté après une journée de dur labeur. La chaleur dégagée par un feu de cheminée a ce pouvoir de nous détendre, de nous envelopper, de nous anesthésier, de nous rassurer. 
 
C’est une énorme bulle de bien être… C’est rêvasser pendant des heures, un livre ouvert pour se donner bonne conscience mais l’esprit ailleurs transporté par l’imaginaire. C’est goûter le temps qui passe … On regarde le feu comme on regarde la mer, il y a ce même mouvement perpétuel déstressant.
 
Que de moments conviviaux, intimistes et rassurants passés autour de notre grande cheminée à refaire le monde !
 
Le matin, il fallait certes nettoyer, enlever les cendres, recyclées au jardin et dans les champs, mais c’était toujours avec joie en pensant au soir, jamais vraiment une corvée…

Les bergers

Quelle belle vie ! 

Parce qu’on a en tête les textes de Daudet, de Giono, de Mistral… l’image du berger qui – ses moutons parqués – s’endort le nez dans les étoiles, on les envie un peu ces hommes qui avancent au soleil, rythmant leurs pas sur ceux des bêtes.
Ils ne connaissent pas les horaires de bureau, ni les rapports à rendre, ni les courses haletantes pour attraper le bus avant qu’il ne quitte l’arrêt…

C’est ça qu’on aurait dû choisir !

André Abbe dit la réalité :
Ils s’occupent de leurs bêtes 365 jours par an… Julien Raynaud est – parmi eux – celui dont je vous ai le plus souvent parlé. Sa vie professionnelle a duré soixante-dix ans. Il n’a jamais pris de « vraies » vacances. Il m’a raconté plusieurs fois sa visite du Salon de l’Agriculture, porte de Versailles, mais ses escapades ont été rares.

Jean-Philippe Tinois
Je pense qu’on se posait moins de questions à son époque, quand M. Brun (Francis) me racontait son parcours de vie il y avait beaucoup plus de place à l’action, l’opportunité du moment l’événement qui arrivait et qu’il fallait gérer plutôt qu’a la réflexion . Mais bon…  il y a matière à discuter longuement sur la toxicité ou la providence du loisir.

  • Cités dans La Gazette :
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Boyer
    Alain Cathala
    Momo dela Etdici
    Monique Gastinel
    Denis Harvier
    Jeanne Monin
    Giselle Penat-Laborde
    Jean-Pierre Serra
    Jean-Philippe Tinois

  • Rédactrice en chef
    Jeanne Monin

Passadoc