La Gazette de Passadoc – N° 145

L'hebdo 145

Le bout du tunnel…

Quand on entrevoit le bout du tunnel* (au sens figuré), c’est que les heures grises sont quasi terminées, qu’on a trouvé une solution pour résoudre les situations difficiles dans lesquelles on s’épuisait… un peu comme les premiers perceurs de tunnel qui, après avoir charrié des tonnes de terre et de roches, voyaient la lumière du jour apparaître et  la fin d’un travail pénible.

Tunnel... le mot est emprunté à l’anglais (XVe s.) qui a d’abord désigné un filet tubulaire (pour capturer les perdrix et les alouettes), puis un tuyau, un tube avant de prendre son sens moderne… Mais ! le mot anglais est emprunté au français tonel, forme ancienne de tonneau ou tonnelle, ce dernier n’ayant le sens de tuyau qu’en 1551**.
Bref, un bel aller-retour comme souvent !

Étonnamment, on trouve des tunnels depuis l’antiquité !

  • Le tunnel de Babylone, construit selon le vœu de la reine Sémiramis, il y a près de 4 000 ans.
  • Eupalinos – architecte de la Grèce antique – construit un long tunnel de 1 036 m qui apportera en ville l’eau d’une source située au nord de l’acropole. Un exploit réalisé entre 550 et 530 av. J.-C : le tunnel est creusé simultanément, méthodiquement, à partir de ses deux extrémités sans que la jonction ne soit due au hasard… pas comme celui qu’emprunta Marcel Pagnol*** :
Le  tunnel, vaguement éclairé par des lumignons dans des niches, n’était composé que de courbes et de virages : après un quart d’heure de grincements et de cahots, nous sortîmes des entrailles de la terre, juste au début du boulevard Chave, à trois cents mètres à peine de notre point de départ… Mon père nous expliqua que cet ouvrage singulier avait été commencé par les deux bouts, mais que les équipes terrassières, après une longue et sinueuse flânerie souterraine, ne s’étaient rencontrées que par hasard.
 

Sautons dans le XIXe siècle où le développement des réseaux routiers et ferroviaires exige des liaisons rapides entre deux villes ou pays. Ainsi vont naître – et se réaliser ! – des projets fous tels :

  • Le tunnel du Mont Blanc, inauguré en 1965. “C’était alors le plus long tunnel routier du monde”.
  •  Le tunnel sous la Manche, ouvert en 1994 : 50 km de long.
– Bon… tout ça c’est bien joli, mais notre tunnel à nous, il est où ?
 
Patience… il arrive  ! 
 
Jeanne Monin
 

Recherches sur plusieurs sites.
* L’expression date du début du XXe siècle ; auparavant, on disait “sortir du tunnel” (1897).
** Dictionnaire Historique de la Langue Française – Alain Rey.
***Le Château de ma mère, publié en 1957.

André Abbe
J’attends encore la réouverture du tunnel du col de Tende.

J’avais mes habitudes sur la route de ce col, la plus courte pour me rendre de chez moi à la vallée Varaita, province de Cuneo.

À l’aller, en fin de matinée, j’allais pique-niquer sous le portique de cette jolie chapelle, au-delà de Tende, avant d’attaquer les lacets du col.

L’été dernier, je suis passé par le col de Larche à l’aller, encombré par une multitude de camions. Au retour, je me suis fait peur sur l’étroite – et trop fréquentée en août – route du col de la Lombarde.

L’an d’avant, j’avais fait un long détour par Pieve di Teco (jumelé avec le village de Bagnols en forêt… je sors du sujet !).

L’an prochain, je passerai par le col Agnel, un des plus hauts des Alpes, à moins bien sûr que le tunnel du col de Tende soit à nouveau ouvert.
[Photo A. Abbe]

 
Claude Boyer
Voilà des noms qui me rappellent bien ses souvenirs !
 
C’était vers 1965, à l’époque Schengen était dans les cartons, il y avait encore les douaniers et leur fameuse question :
– Vous n’avez rien à déclarer ?”.
 
Côté français, la douane était à Tende et côté italien, juste à la sortie du fameux tunnel avant la descente sur Limone. Cette route était l’unique moyen, dirons-nous “pratique”, pour rejoindre le Piémont sans passer par Vintimille.
 
Oublions la Lombarde ou la Bonnette puis le col de Larche, c’est compliqué aujourd’hui alors à l’époque n’en parlons pas !
 
Ce col de Tende était donc très fréquenté, notamment par une myriade de camions qui n’avaient pas les performances de ceux d’aujourd’hui, qui crachaient dru leurs gaz noirâtres de particules emmazoutées ;  quand on avait le malheur de tomber derrière l’un d’eux, on se le coltinait jusqu’au somment à moins d’avoir une auto puissante qui permette de le doubler dans l’un des rares endroits possibles, ce qui n’était pas le cas de notre petite Renault 8 !
 
Un jour nous tombons pile derrière un camion particulièrement lent qui devait de surcroît manœuvrer pour négocier certains des 46 lacets du col. Il faisait chaud, ça puait les gaz d’échappement, mon père pestait tout ce qu’il savait quand enfin nous pénétrons dans le tunnel dont on voyait la sortie.
 
Heureux d’être libéré du camion, mon père lui d’ordinaire si respectueux des règles en tout genre de notre république, fait fi de l’interdiction de doubler dans l’ouvrage et dépasse le camion. Il avait oublié qu’à la sortie était le poste de douane italien et le douanier a vu les phares de notre voiture doubler le poids lourd dans le tunnel qui est droit comme un i.
 
C’est ainsi que mon père – récoltant là l’un des très rares PV de sa vie d’automobiliste –  jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
  • Les échos de la semaine
    Tyrolien ou Tropézien ?
    Le train “Nice-Cuneo”
    Echinocactus grusonii
    Entre Rians et la montagne de Vauplane

  • Passadoc

Tyrolien ou Tropézien ?

Êtes-vous plutôt costume tyrolien ou tropézien ?
 
Je n’ai jamais porté de costume traditionnel provençal. Je n’en ai jamais possédé mais j’aurais pu en louer ou en emprunter un. Pendant tout mon service militaire j’avais eu l’impression d’être déguisé et je ne voulais pas renouveler l’expérience. 
 
Les Arlésiennes et les Niçoises en tenue sont magnifiques. Il est plus difficile pour les hommes de se mettre à leur avantage avec la taïole et les brailles en velours.
En Europe, les Tyroliens sont les champions de la tenue traditionnelle. On en voit tous les jours dans leur culotte de peau.
 
Lors d’ une fête de la bière, en été 1973, j’avais constaté qu’ils portaient à la fois une ceinture et des bretelles. On est prudent en Autriche !
 
Photos : Tyrol (Autriche, 1973) et Saint-Tropez (Var, 1981) et texte : André Abbe.
 
 
 
Giselle Penat-Laborde
Même chose en Bavière, land allemand voisin du Tyrol autrichien, où les costumes traditionnels n’ont pas pris une ride et sont plus qu’à la mode. Il suffit de faire une descente entre autre à l’Oktoberfest/Fête de la bière à Munich pour en avoir tout un panel. Et on en croise tous les jours encore en ville…
 
J’avais des collègues (hommes et femmes) à Munich, des Bavarois de souche, qui venaient d’ailleurs au travail en Dirndl et costumes traditionnels, pas forcément des Lederhosen. Pantalons longs, vestes, etc., naturellement les fameux Loden, manteaux, vestes fort pratiques en hiver ! 
 
J’ai gardé pendant des années un manteau, un loden gris inusable ! Impossible de m’en séparer même à mon retour dans la mère patrie. Il m’est arrivé de le porter encore à Lyon sans pour autant être déguisée. Je l’ai vraiment usé jusqu’à la corde … il a servi par la suite de couverture pour notre berger allemand qui l’appréciait aussi beaucoup !
 
Tous ces costumes ne se résument d’ailleurs pas aux classiques, c’est-à-dire : le Dirndl pour les femmes et le Lederhosen pour les hommes. C’est beaucoup plus différencié.
Chaque costume est déjà unique et il n’y a pas vraiment un costume traditionnel bavarois et je pense que c’est la même chose en Autriche, donc le Tyrol bien entendu.
 
Il existe différents types de costumes traditionnels en Bavière. Chaque région a sa propre histoire et, de ce fait, son propre costume traditionnel. Rien que pour la Haute-Bavière il en existe environ six, si mes souvenirs “bavarois” sont bons :
 
• le costume traditionnel de Berchtesgaden ;
• le costume traditionnel de la région du Chiemgau ;
• le costume traditionnel de l’Inntal ;
• le costume traditionnel de l’Isarwinkel ;
• le costume traditionnel de Miesbach ;
• le costume traditionnel du Werdenfelser Land.
 
Il est sûr que tous ces costumes sont réputés pour la qualité de leur matière, la modernité de leurs motifs et de leurs coupes. C’est déjà une véritable industrie de la mode et de la couture à Munich.
 
Vieux souvenir également : nous avions de bonnes connaissances à Saint-Raphaël, heureux parents de 7 enfants dont 4 garçons, qui lors de congés en Bavière et en Autriche dans les années fin 50/début 60, avaient investi dans l’achat de Lederhosen pour les gamins, après avoir vu courir les enfants là-bas en Lederhosen, les mettant à dure épreuve … facilité d’entretien, durée, increvables et en cas d’accroc, chez le cordonnier pour une rustine en cuir ou daim !
 
Je ne sais pas si les enfants ont vraiment apprécié en se retrouvant “petits bavarois ou tyroliens” dans leur cour d’école…
 
 

Claude Boyer
Dans les années 60, j’en ai connu à l’école à Puget qui venaient hiver comme été avec ces Lederhosen… C’est aujourd’hui que j’apprends le nom de ce qui pour moi étaient des “shorts en cuir”.

Giselle Penat-Laborde
J’emploie le plus souvent le mot allemand en germaniste indécrottable que je fus et reste…

Nos rejetons raphaélois auraient-ils pu déménager au Puget-sur Argens ? Ou ont-ils fait des émules des culottes de cuir ?
 
Ce qui était pratique dans ces shorts increvables et adaptables durant des années avec un système de boucles, ceintures, bretelles, c’est qu’ils passaient d’un frérot à l’autre … et ils ont certainement gardé ces qualités … retour assuré sur l’investissement !
 
Je me souviens du petit garçon dans la famille allemande à Trèves/Trier qui m’a accueillie durant des années pendant l’été et que je retrouvais chaque année en Lederhosen … Il en avait plusieurs en cuir et daim. Il était assez fluet et semblait flotter dans ces shorts, les jambes comme des quilles ; il n’était vraiment pas avantagé par ce vêtement. Le père en avait un qu’il mettait seulement pour faire les travaux de jardinage.
Je pense que le gamin devenu un ado rebelle a dû rapidement jeter les Lederhosen aux orties et porter des jeans …
Ce qui était pour la région de la Moselle moins fréquent qu’en Bavière, mais pas mal d’enfants en portaient quand même, dans les villages des vignerons mosellans.
Pour ma part, il m’est arrivé dans ma prime enfance, d’avoir de jolies petites robes et/ou chemisiers en tissu provençal que maman cousaient avec amour, mais pas de costume typique de Comtadine ni d’Arlésienne !
 
Claude Boyer
Qui sait ? Peut-être parlons-nous des mêmes. Il ne devait pas y en avoir beaucoup dans notre région à se vêtir ainsi…
Culturellement, je me vois plus en bravadeur chez les “mange-daube” qu’en culotte de cuir chantant le yodel  et brandissant une choppe de bière !

Le train "Nice-Cuneo"

À l’occasion du Cinquantenaire du rattachement des communes de Tende et de la Brigue, en 1997, j’avais eu le plaisir d’organiser une semaine d’émissions “Midi Méditerranée” sur France TV.
 
Le train Nice-Coni (Cuneo si vous préférez) avait occupé une large place dans le programme, tant il était et demeure important pour ces pays. 
 
Pendant la période fasciste, les Italiens avaient construit une gare démesurée à Saint-Dalmas pour montrer leur richesse et leur puissance.
Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet. S’agit- il d’un rattachement ou d’une annexion ? Tende et la Brigue n’avaient jamais été français auparavant sauf pendant la courte période napoléonienne.
En 1947, après le référendum, la commune de la Brigue a été partagée en trois. Une part pour la France, une autre pour la province de Cuneo en Piémont et une troisième pour la province d’Imperia en Ligurie.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
 
[Texte et photo : André AbbeSur la photo, prise à proximité de la frontière actuelle, on aperçoit le train qui vient d’Italie – Petite flèche rouge].
 
 
Claude Boyer
Pour flatter son égo, Mussolini fait construire cette gare démesurée à Saint-Dalmas. Il possédait une villa de campagne à Tende et désirait arriver dans un bâtiment digne de sa mégalomanie dictatoriale.
Éric Dehorter
15 ans plus tard [2012], je faisais le portrait du responsable de ligne TER dont le père a choisi de rester italien quand la mère a opté pour la nationalité française !

Echinocactus grusonii

Echinocactus grusonii… ou coussin de belle-mère, vous connaissiez ?
 
Nous sommes à Fréjus, situé entre Cannes et Aix-en-Provence (pour celles et ceux qui connaissent peu la Provence…)
 
Capitou Cactus (dirigée par Monsieur Maccario) était l’un des plus grands producteurs de cactus d’Europe. André y était pour un journal agricole spécialisé. 
 
Tout au long de sa carrière, il rédigea des milliers d’articles qui devaient être accompagnés de photos. Il avait deux appareils : l’un chargé de pellicules couleur, l’autre de pellicules noir et blanc. En fonction des exigences spécifiques des articles, André soumettait les photos en couleur ou en noir et blanc avec le texte.
François Abbe
 
PS : Il y a d’autres photos, mais on se dit toujours que ça peut faire plaisir à des lecteurs de revoir des personnes qu’elles connaissaient…
 
Jean-philippe Tinois
Le Jardin de Monaco : une super visite à faire avec les vieilles plantes, arbres et les anciennes serres jouxtant la maison d’époque.
Photos : Jardin exotique de Monaco.

Entre Rians et la montagne de Vauplane

Mon ami Julien Raynaud ne voulait pas de caprins dans son troupeau. En revanche, ils étaient appréciés chez les Michel, du Touyet. 
 
Cette année-là, j’avais accompagné André et Henri Michel en transhumance entre Rians (Var) et la montagne de Vauplane, commune de Soleilhas.
 
Nous avions longé les gorges du Verdon, sur la route de la rive droite. Les boucs du Rove n’avaient pas le vertige…
 
[Texte et photo André Abbe – transhumance de juin 1979]

Maltraitance animale

Maltraitance animale ? Polémique en vue !
Les commentaires sont les bienvenus à condition qu’ils soient écrits avec bienveillance, sourire, respect.

André Abbe
Je viens de lire que 400 philosophes ont signé une pétition pour qu’on cesse de maltraiter les animaux et de manger de la viande animale. Le mammifère omnivore que je suis se révolte à l’idée de devoir devenir un jour végétarien ou végétalien.
 
Les dits philosophes devraient d’abord demander aux animaux carnivores de cesser de manger les herbivores.
 
Si on cessait d’élever des animaux domestiques, nos paysages changeraient irrémédiablement. Nos philosophes ne reconnaîtraient plus rien en se promenant dans le Mercantour après la disparition des alpages…”
 
Ci-desous : la photo d’André Abbe est un souvenir de son ami berger Julien Raynaud. La cabane se trouve sur le Mont Mounier, dans le Mercantour (Alpes Maritimes).
  • Sont cités dans “La Gazette”
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Boyer
    Éric Dehorter
    Jeanne Monin
    Giselle Penat-Laborde
    Jean-Philippe Tinois

  • Mise en page
    Jeanne Monin

Passadoc