La Gazette de Passadoc – N° 144

L'hebdo 144

Bonjour Lapin !

Ah ! les lapins… Qu’on soit citadin ou villageois, on a tous un lapin dans nos souvenirs… 

  • Celui de la ferme de l’oncle Martin… ou celui du jardin de l’oncle Gaston…

  • Celui d’Alice et de Lewis Carroll… étrange lapin blanc, vêtu d’une redingote. Toujours pressé, il consulte constamment sa montre à gousset et entraîne la fillette dans un long voyage au pays des merveilles !

  • Les lapins – ou les lièvres – de Monsieur de La Fontaine… celui que défie la tortue… celui qui est délogé par la rusée Dame Belette… celui que croque Raminagrobis…

  • Ceux de Monsieur Daudet : Ce sont les lapins qui ont été étonnés !… Depuis si longtemps qu’ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate-forme envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d’opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins…

  • Ceux de Monsieur Pagnol… occis par l’oncle Jules, ratés par Joseph, le papa du petit Marcel, mais qui aura ses heures de gloire en abattant les bartavelles ! Et tous ceux qui donnèrent tant de mal à ce pauvre Jean de Florette.
  • La patte de lapin, ça porte bonheur, mais pas au lapin, ironise Louis Aragon. Et l’animal tout entier porte malheur sur un bateau car il peut grignoter les étoupes créant ainsi des entrées d’eau.

  • Et puis tous les lapins-peluches, les lapins-doudous dont les enfants adorent suçoter les oreilles.

Les oreilles de vrais lapins leur sauvent bien souvent la vie ! Ils sont en effet doués d’une ouïe exceptionnelle :  au moindre danger pressenti, ils déguerpissent et bondissent vers un abri.

L’animal est sur la Terre depuis des milliers d’années, d’abord sauvage bien sûr ; il ne sera “de compagnie” que bien des siècles plus tard. Les Égyptiens l’adorent : ils ont créé Bastet, déesse lapine protectrice des chats et des lapins.

Au Moyen Âge, il est élevé pour sa viande et pour sa fourrure. Quelques nobles le gardent en cage pour distraire leurs invités. Au cours des siècles suivants, le lapin est partout présent. Au XXe siècle, il est nanifié et devient dès lors animal de compagnie.

– Et nos lapins à nous, ils arrivent quand ?

Patience…  Les voici ! François a ouvert le clapier !

Jeanne Monin

Recherches effectuées sur de nombreux sites.

*Lewis Caroll (1832-1898) – Les Aventures d’Alice au pays des merveilles – 1865
*Alphonse Daudet (1840-1897) – Lettres de mon moulin, publié en 1869
*Jean de La Fontaine (1621-1695) – Fables.
*Marcel Pagnol (1895-1974) – La Gloire de mon père, publié en 1957 –  Jean de Florette, publié en 1963.
*Louis Aragon (1897-1982).

Photo A. Abbe

André Abbe
En Europe je suis lion, en Chine je suis singe !

Jusqu’en janvier prochain, la Chine est sous le signe zodiacal du Lapin. Il existe des parents qui s’organisent pour donner naissance à leur enfant pendant l’année du Dragon ou celle du Tigre, mais personne ne fait d’effort particulier pour devenir parent pendant l’année du Lapin.
Il faudra que j’attende 2028 pour retrouver une année du singe dont le mérite est de pouvoir se tenir sur le dos du tigre sans être inquiété..

Je tiens à rendre hommage à ce modeste rongeur qui tient une grande place dans la gastronomie provençale, lapin chasseur, lapin à la moutarde…

Il y a près de 40 ans, François et moi avions découvert chez les Michel à Mézel, d’extraordinaires lapins aux oreilles démesurées, nourris avec les plantes qu’offre la nature.

Claude Boyer
Voilà qui me rappelle mon enfance à moi aussi… ainsi que mes plus grandes peurs quand il fallait aller “donner”
aux poules.

Le grain était dans un fut en tôle fermé par un aléatoire couvercle plus symbolique qu’efficace. Si la casserole munie d’un long manche permettait facilement à un adulte de puiser au fond du tonneau pour moi c’était une autre histoire. Il me fallait quasiment plonger la tête la première pour atteindre les grains où de nombreuses souris avaient élu domicile ; et encore ça ce n’était rien comparé au gros rat qui courrait sur les poutres de la charpente du poulailler ! Il me fallait affronter le regard de ses petits yeux noirs quand j’allais porter l’herbe aux lapins dans leur clapier. Inutile de préciser que je ne m’éternisais pas dans les lieux. 

Ce que j’aimais bien par contre c’était la récolte matinale des œufs. Je m’amusais des “cot-cot-cot” désapprobateurs et outragés des poules que je poussais pour récupérer leur ponte sous elles. 

À un moment, désirant renouveler leur cheptel de gallinacées, mes grands-parents avaient acheté un coq, une vraie teigne qui me faisait plus peur que le rat. Heureusement qu’une fois qu’il eût rempli son office en honorant ces dames, mémé l’a prestement transformé en coq au vin dans lequel j’ai mordu à pleines dents pour me venger des attaques sournoises de mes mollets.

Il y avait des pigeons aussi, mais eux on ne s’en occupait pas, ils faisaient leur vie. 

Quand je songe maintenant au bricolage du pépé pour éclairer le poulailler, je me dis que les choses ont bien changé. En ce temps-là, je vous parle du début des années 60, l’électricité arrivait par une ligne aérienne sur deux isolateurs de verre fixés sur la façade de la maison. Mon grand-père avait tiré deux fils depuis ces isolateurs jusqu’au poulailler où il avait fixé deux autres isolateurs. Pour allumer il fallait se saisir de deux cannes munies chacune d’un crochet destiné à accrocher les fils de l’ampoule et tout ceci bien évidement sans aucun fusible ou autre protection de l’installation. La seule recommandation était de ne pas se servir des perches en cas de pluie, et moi j’avais interdiction de me servir de ce bricolage ; ce qui m’arrangeait bien en hiver quand les jours sont courts car je n’allais pas donner à manger aux bêtes le soir.

Jeanne Monin
Ah ! les lapins…
Souvenir d’enfance chez une de mes tantes qui habitait au grand sud de Paris. Pour la petite citadine que j’étais, c’était la vraie campagne. Au bout de son immense jardin – il rapetissera au fur et à mesure que je grandirai ! – c’était les champs.
 
Ce fut pour moi un long été de bonheur. Petite de taille, un peu ronde, elle racontait des histoires folles qu’elle inventait et qui me faisaient rire aux éclats. Chez elle, c’était un petit coin de paradis : quelques carrés de légumes, deux arbres fruitiers qui croissaient en liberté et non comme les platanes urbains aux pieds emprisonnés par des grilles de fer… deux chiennes, une chatte, une dizaine de poules, trois ou quatre canards … et des lapins !
 
De temps en temps, ma tante en attrapait un par les oreilles et par les pattes arrières ; elle tirait d’un coup sec, crac ! la vie quittait la bête qui – rapidement dépecée, étripée – finirait en civet.
Je n’y voyais nulle cruauté… peut-être parce que je savais ma chère petite tante incapable de la moindre méchanceté.
Jean-Jacques Murat
Pèus de lèbra, pèus de lapin
qu n’en a ges espelha son chin !
(lo patiaire)
 
L’estrassier/le chiffonnier claironnait en occitan de provence (cousin latin du catalan comme du corse) :
Peaux de lièvre, peaux de lapin
qui n’en a pas dépouille son chien !
Photo A. Abbe
  • Les échos de la semaine
    Les truffes
    Les souvenirs de Géraldine
    Vous aimez les oursins ?
    Michel Constantin


  • Passadoc

Les truffes

Photo A. Abbe - 1990

François Abbe
Truffe, ingrédient de luxe !
Nous sommes de retour à la bastide. Mon père, André, a eu de la chance : il a trouvé des truffes !

En Provence, elles sont proposées dans les restaurants haut de gamme, les magasins d’alimentation gourmets et sur les marchés locaux.
Il existe des marchés et des festivals de truffes spécialisés, comme celui de Carpentras (Vaucluse), où vous pouvez acheter ces champignons directement auprès des chasseurs et cultivateurs de truffes. Elles sont saisonnières : on les trouve de la fin de l’automne au début de l’hiver pour les truffes noires.
Quand vous visitez la Provence, vous devez absolument y goûter !

André Abbe
Je dois préciser que j’ai “cavé” ces truffes chez des amis, pas n’importe où. Sur la photo, ce sont des truffes blanches qui ont beaucoup moins de valeur que les noires.

Jeanne Monin
Les prix fluctuent en fonction de la période de l’année, de l’offre globale du marché et de leur provenance :
– Les truffes noires (Tuber melanosporum) sont parmi les plus recherchées en raison de leur arôme ; elles se vendent à un prix élevé : entre 1 200 €/kg et 1350 €/kg, soit 60 € les 50 grammes.
– Les truffes blanches (Tuber magnatum) sont annoncées encore plus chères : de 2 000 à 6 000 € le kilo, voire 7 000 €/kg pour la truffe blanche d’Alba (Italie).

Photo C. Boyer

Claude Boyer

Si vous passez dans le Gard vers la mi-janvier,  vous pourrez faire le marché de la truffe sur la place aux Herbes à Uzès.

Les souvenirs de Géraldine...
Vendanges à Puget-sur-Argens

1962… C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai retrouvé des photos de ma famille paternelle, du temps des vendanges. Mon grand-père, Denis Lombard (1901-1995) était viticulteur à Puget-sur-Argens (Var) et mon père Maurice Lombard (1931-2011) travailla dans le domaine familial, de l’âge de 17 ans jusqu’à ses 41 ans. Puis, après son mariage avec ma mère en 1964 et surtout ma naissance en 1968, les produits de l’exploitation ne permettaient plus de s’octroyer un salaire décent pour faire vivre sa petite famille et il a laissé son vieux père terminer seul la culture des quelques hectares qu’il possédaient dans les Plaines de l’Argens.

Aujourd’hui, je poste trois photos de mon père prises durant les vendanges de 1962 et qu’il avait envoyées à ma mère, sa fiancée chérie, habitant encore à Paris 4e. Ils correspondaient presque tous les jours et se racontaient leurs vies respectives. C’était encore le temps… où l’on prenait le temps de la correspondance amoureuse ! Il fallait éblouir la belle parisienne pour qu’elle accepte de venir s’échouer dans ce petit village varois de 900 âmes environ en 1964… Quel courage ! Chaque photo était accompagnée de mots doux écrits au verso (mais ceux-là je me les garde !).

Géraldine Lombard-Violino

Photo G. Lombard-Violino
Photo G. Lombard-Violino
Photo G. Lombard-Violino

Vous aimez les oursins ?

Vous aimez les oursins ? Alors dépêchez-vous car ils disparaissent de Méditerranée. Il y a même un plan de sauvegarde (Référence : Arrêté de la région PACA du 29/9/2023 sur la réglementation de la pêche des oursins).

Dans les années 70, on pêchait les oursins même en été. Aujourd’hui en Provence : autorisation du 15 décembre au 28 février seulement (en 2024, vous aurez un jour de plus, le 29 février !).

Sur cette photo, on voit le matériel de pêche très… sophistiqué ! Un crochet et un panier flottant (vous remarquerez le liège récolté dans la forêt des Maures sur le côté !).
On découvre aussi une bouée. Pourquoi ? Parce que les algorithmes des réseaux sociaux n’aiment pas les jeunes enfants nus, surtout quand on voit leur parties génitales. Alors voilà !
Ai-je faim ? ai-je sommeil ?
On dirait qu’il me manquait les deux sur la photo !
Photo A. Abbe (retouchée !)

L'acteur Michel Constantin

J’ai retrouvé des photos qui avaient été prises pour illustrer des articles que j’écrivais pour la presse agricole. La plupart me rappellent de bons souvenirs. En voici un exemple :
Dans les années 80, (pas très précis), j’avais été envoyé par un journal (je ne sais plus lequel) pour un reportage sur une opération de dégustation dont j’ai oublié le nom ; peut-être “certification”. Ceux qui savent, aidez-moi.
Il s’agissait de décider si tel vin avait le droit de recevoir ou non l’appellation “Côtes de Provence”. Dégustation à l’aveugle bien sûr, faite par des connaisseurs triés sur le volet qui crachaient le vin après chaque dégustation. Classique.
Parmi eux se trouvait Michel Constantin, un “dur” du cinéma français que j’avais beaucoup apprécié dans “Le Trou”.
Je crois me souvenir que j’avais tasté à la fin des rouges de Ramatuelle et de Gassin.
André Abbe
Varois d’adoption, l’acteur habitait à Sainte-Maxime où il possédait une villa dans le quartier de Beauvallon. Grand joueur de bridge, il a été vice-président du Bridge-Club de Sainte-Maxime.
 
Michel Constantin meurt d’un malaise cardiaque dû à la canicule de 2003 ; ses cendres sont dispersées sur la plage de la presqu’île de Giens où il avait rencontré sa femme.
François Abbe

Les récentes photos d’André Abbe

Course cycliste Roc d'Azur 2023
 
  • Sont cités dans “La Gazette” :
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Boyer
    Géraldine Lombard-Violino
    Jeanne Monin
    Jean-Jacques Murat

  • Rédactrice en chef :
    Jeanne Monin

Passadoc