La Gazette de Passadoc – N° 142

L'hebdo 142

Le miel…

Le miel… il est connu depuis la nuit des temps… depuis que les abeilles sont apparues sur Terre, soit depuis quelque 80 millions d’années et peut-être avant puisque des chercheurs voient l’abeille née au Crétacé, donc il y a plus de cent millions d’années.

Quand ils le découvrent, les humains le consomment en léchant les troncs ; trop souvent, par ignorance bien sûr, ils détruisent la colonie.

Il faudra attendre Maurice Maeterlinck* – apiculteur éclairé et poète – pour tout savoir ou presque sur “cette étrange petite république, si logique et si grave, si positive, si minutieuse, si économe, et cependant victime d’un rêve si vaste et si précaire”

N’allons pas si vite car, répétons-le, le miel est partout présent depuis fort longtemps.

  • Les Égyptiens l’utilisent pour embaumer leurs morts. Des hiéroglyphes en attestent l’usage et la connaissance. Selon eux, le miel n’est rien d’autre que les larmes du dieu Soleil.
  • Dans la tradition musulmane, des fleuves de miel coulent au paradis. Chez les chrétiens, la terre promise “est un pays où ruissellent le lait et le miel”.
  • Et l’on sait que nos ancêtres les Gaulois, s’enivrent à l’hydromel, boisson fermentée d’eau et de miel qui peut titrer jusqu’à 18°.

Bien avant le Moyen Âge, le miel est connu pour ses vertus médicinales : cicatrisant, antifongique, antitussif, antiinflammatoire. De nos jours, il est largement utilisé dans la pharmacopée.

– Bon… tout ça, c’est bien joli… mais notre miel à nous, il est où ?

Patience… Les ruches sont là !

Jeanne Monin

Recherches sur plusieurs sites.
* Maurice Maeterlinck. Né à Gand (Belgique) en 1862, il meurt à Nice en 1949.

 

Photo André Abbe
1986… il y a plus de trente ans déjà ! André consacra une semaine de programmation à l’apiculture de l’Est de la Provence, sur France 3 et pour l’émission “Midi Méditerranée”.
Parmi les 50 semaines de programme dont il fut responsable entre 1991 et 2000, ce fut l’une de ses semaines préférées.
 
Lors du tournage, il avait rencontré l’apiculteur Jean-Louis Lautard, président de l’association des Apiculteurs Provençaux ; il l’accompagna lors du transport des ruches sur le plateau de Riez (Alpes-de-Haute-Provence).

Le miel s‘est glissé dans quelques expressions :

  • Faire son miel de quelque chose → en tirer profit
  • Être tout miel → être aimable, charmeur… avec parfois un brin d’hypocrisie
  • La lune de miel → la douceur des premiers mois du mariage… comme si elle ne devait pas exister plus tard !
et dans quelques chansons : L’Auvergnat – Brassens.

Elle est à toi cette chansonToi, l’étranger qui sans façonD’un air malheureux m’as souriLorsque les gendarmes m’ont pris
…….
Ce n’était rien qu’un peu de mielMais il m’avait chauffé le corpsEt dans mon âme il brûle encoreÀ la manière d’un grand soleil

  • Les échos de la semaine
    Le drapeau de Provence
    Le marchand ambulant
    Rougiers
    L’eau du puits

  • Passadoc
    Avis de recherche !

Le drapeau de Provence

Photos A. Abbe
Le drapeau de Provence est coloré “sang” (rouge) et “or” (jaune), avec quatre bandes rouges et non cinq comme sur la photo de gauche ! L’indispensable rectification fut apportée… Au fil du temps, le drapeau s’est effacé, perdant ses couleurs vibrantes.
 
Mais pourquoi quatre bandes sang ? On raconte qu’à l’issue d’une rude bataille, Charlemagne* serait entré dans la tente de Wilfried – dit “le Velu” – comte de Barcelone. Découvrant son vassal agonisant, l’empereur aurait plongé sa main dans la blessure de Wilfrid et tracé quatre lignes de sang sur l’écu d’or posé au chevet du mourant en déclarant : “Devise obtenue par le sang doit s’écrire par le sang !”
 
*à moins lit-on que ce ne soit Charles II, un de ses petits-fils, surnommé “le Chauve”. L’un chauve, l’autre velu… sourire de l’Histoire !
Jeanne Monin – Recherches sur “Espaci Occitan dels Aups”.

 

Ce drapeau aux “quatre pals de gueule sur fond or”, bien que non officiel, est aujourd’hui utilisé sur de nombreux édifices publics et dans de nombreuses manifestations culturelles dans l’espace provençal depuis sa reprise symbolique par le mouvement félibréen. 

C’est le drapeau occitan qui est le drapeau historique de la Provence, la croix de Venasque ayant été le symbole du marquisat de Provence avant et pendant la domination des comtes de Toulouse ainsi que celui des vicomtes de Marseille.
Claude Boyer

Le marchand ambulant

Photo A. Abbe

1984 … Quelque part dans le Var…

C’est peut-être un dimanche, jour de marché ; le poissonnier arrive au village.

Jean-Jacques Murat
Dau meme qu’an aqueu de la Font Ronda d’Òrpeire se pòu veire, a l’entourn dau barquiu de pèiras de la font, un ceuclatge de ferre

De même qu’à celui de la Font Ronde d’Orpierre (05097), on peut voir, autour du bassin en pierres de la fontaire, un cerclage en fer …

Jeanne Monin
Ah ! les marchands ambulants…
Ils s’annonçaient en klaxonnant bruyamment.
Je me souviens de celui qui faisait sortir sur le trottoir les ménagères de plus – ou de moins ! – de 50 ans : le boucher-charcutier.
Et cet autre qui passait après la sieste et faisait briller les yeux des petits-enfants : le marchand de glaces !

Rougiers...

1984. Rougiers – Var (Photo A. Abbe).

Le village (1 700 habitants) a une histoire qui remonte à plus de mille ans. Ses rues étroites et pavées sont bordées de bâtiments vieux de plusieurs siècles, dont le château médiéval qui servait autrefois de forteresse ; aujourd’hui, symbole du riche patrimoine du lieu.

C’est à Rougiers que mon père a fait l’un de ses premiers reportages sur France TV.
C’était tellement drôle de voir les coulisses du tournage ! (j’avais 10 ans ! ).

François Abbe

L'eau du puits

Photo André Abbe

François Abbe
La bastide de mon grand-père François n’avait pas d’eau courante, pas de WC… mais il y avait deux puits !

Chacun de nous allait chercher des seaux d’eau pour la cuisine, etc. Sur la photo, mon grand-père est de service (il avait 70 ans à cette époque).
Puis, il y a 35 ans, nous avons décidé d’introduire la ferme dans le 20e siècle. Nous l’avons transformé en une vraie maison avec de l’eau courante. Plus besoin de se cacher entre deux rangées de vignes pour utiliser la salle de bain. Le luxe !

 

Claude Boyer
Chez mes grands-parents il y avait l’eau courante mais c’est tout. Pas de salle de bains, on se lavait à la pile où – luxe suprême – un petit chauffe-eau à gaz fournissait de l’eau chaude mais en été seulement. En hiver la cuisinière à bois qui ronflait chauffait l’eau de la bouilloire, on n’allait pas user du gaz alors que le bois le faisait aussi bien. 
Ce n’est pas que mes grands-parents n’avaient pas les moyens ou étaient radins loin de là, mais c’était comme ça ; on ne dépensait les sous que quand c’était indispensable.
 
Le cagadou c’était la cabane au fond du jardin et pour la nuit sous le lit il y avait le pissadou. Mon grand-père est décédé en 1982, ma grand-mère en 1992 à l’orée du XXI° siècle, mais jamais, au grand jamais ils n’ont voulu faire installer au moins un cabinet de toilette et cet inconfort durait depuis plus d’un demi-siècle.
 
Il m’arrivait de dormir chez eux, si l’hiver j’avais droit au pissadou, à la belle saison si j’étais pris d’une envie pressante nocturne sous prétexte “que j’étais jeune” je devais aller au cagadou nuitamment en suivant le halo blafard de ma lampe de poche ; aussi j’évitais de boire pour ne pas avoir à affronter les monstres de la nuit que mon imagination enfantine voyait tapis derrière chaque vigne.
 
Le pire c’était les nuits de Mistral quand les branches du vieux mûrier s’agitaient comme autant de bras tentant de m’enserrer. Heureusement qu’il y avait Stop (c’était un chien d’arrêt, voilà pourquoi on l’avait appelé Stop – Pépé avait beaucoup d’humour !) qui m’entendait et venait tout joyeux m’accompagner dans mon épopée nocturne, ce qui me rassurait quelque peu.
 
Cependant mon calvaire n’était pas terminé pour autant, le cagadou abritait toute une faune bien réelle celle-là, araignées, lézards et tarentes peuplaient le lieu. Si d’ordinaire ces bestioles ne m’impressionnaient pas la nuit c’était différent et de plus j’étais en position vulnérable ; il est difficile de fuir le danger avec le pantalon sur les chevilles. Le retour était tout aussi périlleux et c’est avec délectation que je me glissais sous mon drap.

Jeanne Monin
Ah ! la cabane au fond du jardin…
Je l’ai connue aussi chez mes tantes de province quand, petite fille, j’allais passer chez elles quelques semaines d’été.

L’une – un peu revêche de caractère – habitait dans le Nord (Hauts-de-France aujourd’hui)… Je ne vais pas dire que le lieu d’aisance était accueillant mais il était propre : murs régulièrement blanchis, siège brossé à la Javel chaque semaine, couvercle de bois pour freiner les remontées odorantes.
 
L’autre – tellement aimante, tellement amusante – vivait dans le grand sud parisien. Chez elle, la cabane était plus… folklorique ! Les mouches y bourdonnaient joyeusement et les araignées y tissaient paisiblement, sûres de n’être jamais dérangées par un balai agressif.
Quant aux murs, ils étaient de couleur… indéterminée !
 
Claude, ton pissadou  est aussi appelé pot de chambre, ou vase de nuit ! Longtemps, on le nommera “thomas” qu’on remplacera par “jules”.
 
Pour désigner le lieu, les mots ne manquent pas ; en langage plus ou moins châtié on a : water, toilettes, cabinet, WC, petit coin, pissotières, feuillées, commodités, latrines, chiottes, urinoirs, gogues, goguenots, pissoir… et dans les métros, les restos, ce sont les Toilettes ou les Lavatory.
 
Traduction d’un graffiti figurant sur un mur de Pompéi : “Nous avons pissé au lit, nous avons eu tort, cher aubergiste, je le reconnais. Si tu veux savoir la raison, c’est qu’il n’y avait pas de pot de chambre !
 
On a aussi le boudalou, qui n’est pas vraiment un vase de nuit mais un pisse-debout, souvent de forme ovale, réservé aux femmes qui, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ne portent pas de culotte. Origine : Louis Bourdaloue, un prêtre aux sermons interminables mais de grand intérêt que les dames ne voulaient pas manquer ! Aussi glissaient-elles discrètement cet urinoir sous leurs vêtements. C’est tout du moins ce qu’Alexandre Dumas raconte dans “Mes mémoires” (1851).

Philippe Ferréol Rebuffel
J’ai connu ça, très jeune, dans le Lot et Garonne et à peine plus vieux, à Fauchier.
Merci, ça nous remet en place !

Claude Boyer
On pourrait rajouter les vespasiennes appelées ainsi en référence à l’empereur romain Vespasien qui se vit reprocher la taxation des urines que les tanneurs récupéraient pour travailler leurs peaux. À ses détracteurs il tendit une poignée de sesterces en leur disant “Non olet !” (ça ne sent pas) qui nous a donné l’expression “l’argent n’a pas d’odeur”…

Avis de recherche !

Photo A. Abbe


Connaissez-vous cet oratoire dans les gorges du Cians (Alpes Maritimes) ?

Qui est cette dame avec ses Converse ?
Nous cherchons à en savoir plus. Elle a été photographiée par André Abbe en 1995.

Merci d’avance !

Dimanche 14 octobre

Connaissez-vous Robert Lafont ?

C’est l’auteur de nombreux ouvrages et textes en provençal. On vient de fêter les 100 ans de sa naissance à Nîmes (Gard).

C’est à Nîmes, en 1996, qu’André Abbe a réalisé ce portrait qui, en 2023, connaît une deuxième vie dans les mains d’un graphiste !

Pour les amateurs, rendez-vous à Aix-en-Provence (Bouches du Rhône).

PASSADOC
a été créé pour sauvegarder et faire connaître les photos anciennes de Provence et plus largement des 5 régions du sud. On attend vos photos, vos textes, etc.

 
  • Sont cités dans la Gazette
    André Abbe
    François Abbe
    Claude Boyer
    Philippe Ferréol Rebuffel
    Jeanne Monin
    Jean-Jacques Murat

  • Rédactrice en chef
    Jeanne Monin

Passadoc